Rien ne va plus entre la Société des Traversiers du Québec et la Davie

Par Charlotte Paquet 15 mars 2016
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Baie-Comeau – Coup de théâtre, vendredi, dans le dossier de la construction des deux navires de la traverse Tadoussac-Baie-Sainte-Catherine.  Chantier Davie Canada a arrêté les travaux à l’un des deux bateaux, au grand dam de la Société des traversiers du Québec (STQ).

Dans un communiqué émis en fin d’après-midi vendredi, la STQ déplore ce qu’elle qualifie de décision unilatérale de chantier maritime. Elle dit trouver regrettable les impacts pour les employés du chantier.

La STQ insiste sur le fait qu’elle ne peut être tenue responsable des décisions prises par les dirigeants de l’entreprise de Lévis depuis la signature du contrat, tout comme elle ne peut accepter que les contribuables québécois paient plus cher en raison justement de ces décisions.

La médiation est l’avenue préconisée par la STQ afin de régler les différends entre les deux parties. Le contrat avec le Chantier Davie le prévoit d’ailleurs. Une réponse de la part de ce dernier est attendue.

« Toute l’équipe de la STQ déplore les conséquences négatives que cette interruption des travaux pourrait engendrer, notamment en terme de délais de livraison déjà très importants. La STQ applique le contrat dans son intégralité », précise son président-directeur général, Jocelyn Fortier.
Dans l’éventualité où la Davie refuserait la médiation, la société n’aura d’autre choix que de se tourner vers les tribunaux, tel que prévu aussi au contrat.

Dépassement de coût

On se souviendra qu’en plus des retards importants dans la livraison des deux navires, les dépassements de coût des travaux ont fait la manchette ces dernières semaines. Après avoir refusé de répondre à des questions concernant le bond dans le montant de la facture liée à la construction des deux navires en raison d’erreurs de planification de sa part, M. Fortier avait cependant réagi le jour même de la publication d’un texte dans le Journal de Québec.

En disant se baser sur l’obtention de documents confidentiels, le quotidien affirmait que le construction des deux traversiers coûtera finalement 145 M$, plutôt que les 125 M$ prévus au contrat paraphé avec le chantier maritime Davie. Selon le texte, ce bond s’explique par une mauvaise planification au chapitre du nombre de points de connexions de lecture et de commande nécessaires.

Le chantier maritime aurait informé la STQ au début de novembre dernier de la situation, en mentionnant une « requête de changement considérable dans le secteur du câblage électrique », écrit le Journal. La Société aurait rejeté la demande en déplorant qu’elle survienne aussi tardivement dans le processus.
Pas plus tard que le 23 février dernier, le chantier devait discuter à nouveau des dépassements de coûts avec STQ, mais cette dernière aurait annulé la rencontre sous prétexte qu’elle n’avait pas eu le temps de prendre connaissance des documents reçus en novembre.

Erreurs de fond

Dans un communiqué émis rapidement après la publication du Journal de Québec, la STQ parle « d’erreurs de fond » qui se sont glissées et dit vouloir émettre des correctifs à l’article « dans le but d’assurer une meilleure information du public ».

La Société avait affirmé n’avoir demandé aucune modification justifiant des extras de plusieurs millions de dollars dans le contrat accordé au chantier Davie. « La seule prétention d’un chantier naval à l’effet de réclamer des extras ne les rend pas nécessairement dus et exigibles », a-t-elle insisté, rappelant le prix ferme de 125 M$ convenu à l’entente pour la construction des deux traversiers.

Les deux parties se sont rencontrées à plusieurs reprises. Selon M. Fortier, la Société a communiqué ses attentes en lien avec les demandes de changement, et ce, conformément au contrat. « Nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse à nos représentations. En tant qu’administrateurs responsables, en toute transparence, il nous faut ajouter que nous sommes préoccupés par les retards à livrer les navires. Nous ne réglerons pas ce différend par médias interposés et les responsables du chantier Davie savent où trouver les outils dont ils ont besoin pour se faire entendre », a martelé M. Fortier, tout en soulignant qu’aucun autre commentaire ne sera formulé publiquement à ce sujet.

Rappelons qu’un premier navire devrait être mis en service à l’été 2016 et le second quelques mois plus tard.

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