Isabelle Lavoie, ex-enseignante : une mère universelle

Par Karianne Nepton-Philippe 16 juillet 2016
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Forestville – Isabelle Lavoie a enseigné pendant 35 ans. Elle a côtoyé plusieurs générations d’élèves et a su, par sa grande ouverture d’esprit et son amour pour les jeunes, s’adapter aux nombreuses cohortes d’étudiants qu’elle a vu défiler dans ses salles de classe. Musicienne accomplie, elle partagé avec eux sa grande passion pour la musique. Entrevue avec une grande dame aimée de tous.

Vous avez été enseignante pendant 35 ans. Pouvez-vous nous décrire votre expérience dans cette carrière?

J’ai adoré chaque heure et chaque minute de cette carrière. J’ai été gâtée par mes étudiants. J’enseignais l’anglais et la musique et je m’occupais aussi beaucoup du théâtre. Je me rappelle d’avoir organisé des voyages avec mes étudiants. Quelle époque merveilleuse! Je vous dis, je la recommencerais demain matin! Je me rappelle que mes élèves m’avaient donné un surnom, parce que je ne suis pas toujours à l’heure et des fois, j’oublie des choses. Alors, ils m’appelaient « Isa-Lune »! J’ai trouvé ça tellement mignon! Mais je ne crois pas que ça passerait aujourd’hui, parce qu’à l’époque, c’était plus convivial. C’est sûr qu’aujourd’hui, les professeurs ont beaucoup plus de contraintes. Par exemple, j’enseignais aux grands de secondaire 5 et la fin de semaine, ils venaient me souhaiter une bonne fin de semaine et me faisaient la bise. En plus, quand on vit à Forestville, on vit dans un aquarium. Ils savaient tout ce que j’avais fait pendant la fin de semaine, comme aller souper au Danube avec mon mari. Et ils savaient que j’avais pris deux verres! Ça a été un beau temps, un temps merveilleux!

Vous aviez une bonne relation avec vos élèves?

Oh oui! J’ai même gardé de très bons contacts avec mes anciens élèves. Je corresponds toujours d’ailleurs avec une journaliste de Saskatoon, Pascale Bouchard, qui est une de mes anciennes élèves. Lorsqu’il y avait des soirées étudiantes, je me rappelle qu’elle demandait à sa mère de coucher chez-nous pour pouvoir aller à sa soirée. Et les parents savaient qu’elle était en sécurité. Je me souviens justement que les élèves organisaient des soirées et ça prenait un surveillant. Et c’est toujours moi qui se tapait la surveillance! Je n’aimais pas tellement leur musique… D’ailleurs, je ne l’aime pas encore! Mais quelle belle époque ça a été!

Vous mentionnez les bons côtés de cette carrière. Mais avez-vous déjà eu des moins bons côtés?

Je ne me rappelle pas de mauvais côtés. J’aimais tellement mon métier et mes étudiants. C’est terrible, mais je n’ai aucun mauvais souvenir. Peut-être que ma mémoire flanche, mais j’ai vraiment aimé chaque minute de cette expérience. Et je rencontre encore mes anciens élèves aujourd’hui, et je les aime encore!

Vous avez enseigné, entre autres, la musique, une de vos passions?

Enseigner la musique, c’était formidable. J’avais l’impression de leur faire découvrir un monde et c’est ce que je leur disais. Et j’essayais toujours d’adapter les choses. Par exemple, si on jouait un morceau classique, je leur jazzais la pièce avec du piano et les élèves aimaient bien ça. Ils adoraient ça et moi aussi. Mais dans une année, vous n’avez pas le temps d’en faire des professionnels, on a un aperçu de ce qu’un instrument de musique peut nous donner. Mais quand même, j’avais des élèves qui jouaient dans des occasions et je les embarquais toujours dans mes nombreux projets! Encore une fois, c’était une époque magnifique.

En 35 ans de carrière en enseignement, avez-vous constaté un changement ou une certaine évolution?

Évidemment, puisqu’en 1972, quand les polyvalentes ont commencé, vous savez que Forestville a été une des premières polyvalentes. On avait presque 2 000 étudiants et ça a baissé, entre autres à cause de la dénatalité. Le nombre d’élèves est maintenant une préoccupation des enseignants. De plus, je suis allée récemment à la polyvalente, et je trouve qu’ils n’ont pas l’air heureux. Mais, c’est probablement parce que c’est plus difficile aujourd’hui. On n’a plus la même atmosphère qu’on avait avant. Il y a aussi plus de contraintes.

Quelle serait votre plus grande fierté?

C’est d’avoir fait la carrière que j’ai faite. Si j’avais l’âge, je recommencerais n’importe quand! De plus, après ma carrière d’enseignante au secondaire, j’ai travaillé à l’école de musique à Forestville. Former des jeunes et leur faire développer le goût pour la musique a toujours été une joie.
Si vous aviez une baguette magique qui vous donne tous les pouvoirs. Quelle est la première chose que vous feriez?
C’est simple : arrêter la guerre dans tous les pays.

En bref

Âge : 79 ans
Lieu de résidence : Forestville
Famille : pas d’enfant, conjoint
Loisir : musique, marche et scrabble
Musique : du classique à longueur de journée!

 

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