Personne n’est à l’abri de la pauvreté

Par Charlotte Paquet 29 octobre 2016
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Le comité régional de lutte à la pauvreté a fait parvenir cette tablette au ministre responsable de la Solidarité sociale, François Blais, afin de lui prouver que sa consultation en vue du troisième plan de lutte contre la pauvreté est une démarche bidon puisqu’aucun mémoire soumis par la région n’a été retenu. On reconnait Michel Savard, entouré de Renée Chiasson, Nathalie Simard, Frédéric Boudreau et Marianne Laforce.

Le comité régional de lutte à la pauvreté a fait parvenir cette tablette au ministre responsable de la Solidarité sociale, François Blais, afin de lui prouver que sa consultation en vue du troisième plan de lutte contre la pauvreté est une démarche bidon puisqu’aucun mémoire soumis par la région n’a été retenu. On reconnait Michel Savard, entouré de Renée Chiasson, Nathalie Simard, Frédéric Boudreau et Marianne Laforce.

Baie-Comeau – Personne n’est à l’abri de la pauvreté. La perte d’un emploi ou la maladie peuvent notamment conduire quelqu’un dans ce triste labyrinthe. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté du 17 octobre, le comité régional de lutte à la pauvreté a sensibilisé la population à ce phénomène.

Réunissant une dizaine d’organismes et de partenaires de la Côte-Nord, le comité a rencontré la presse, vendredi, pour dénoncer le manque de volonté et d’écoute du gouvernement du Québec en matière de lutte à la pauvreté. Il en a profité pour donner la parole à une femme qui, après avoir bien gagné sa vie pendant plusieurs années, a vécu la pauvreté avant de réussir à s’en sortir la tête haute.

Julie (nom d’emprunt) a témoigné sous le couvert de l’anonymat pour éviter d’être pointée du doigt. Déjà que le simple fait d’habiter un logement subventionné la catalogue, elle ne veut pas en ajouter, a-t-elle expliqué.

Bon emploi

Il y a quelques années, cette mère monoparentale avait un bon emploi duquel elle tirait un revenu annuel se situant entre 35 000 et 40 000 $. Tout allait bien. Il aura fallu qu’elle se blesse au dos pour ne plus pouvoir pratiquer son métier. Les risques étaient trop grands qu’elle se retrouve en fauteuil roulant quelques années plus tard, l’avait avertie son médecin.

Pendant un an et demi, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail a versé des prestations à Julie, bien consciente de devoir réorienter sa carrière. Quand les versements ont pris fin, elle n’a pas eu le choix de se tourner vers l’aide sociale pour la première fois de sa vie. La dépression la guettait et elle est tombée dedans. Mais grâce à sa volonté, elle s’en est sortie.

La femme a frappé à la porte d’Emploi Québec pour obtenir de l’aide afin de faciliter son retour à l’école. Tout allait bien jusqu’à ce qu’Emploi-Québec ferme le robinet à trois mois de l’obtention de son diplôme. « J’ai emprunté des sous », raconte celle qui était toujours bénéficiaire de l’aide sociale.

Pour arriver à joindre les deux bouts et à passer à travers cette période très difficile de sa vie, elle a notamment eu recours à des dépannages du Comptoir alimentaire l’Escale et au soutien du Centre de femmes l’Étincelle et de la Maison des femmes.

« J’ai finalement trouvé un emploi dans mon domaine et j’espère n’avoir jamais à retourner au niveau où je suis allée le plus bas dans ma vie », conclut-elle, en recommandant aux personnes qui pourraient se retrouver dans une situation comme la sienne de piler sur leur orgueil et de demander de l’aide.

Comme le précisera Michel Savard, porte-parole de la Table des groupes populaires et du comité régional de lutte à la pauvreté, le gouvernement a abandonné Julie à quelques reprises, mais jamais le milieu communautaire ne l’a laissé tomber.

Pauvreté à la hausse

En pleins travaux de réflexion en vue de la mouture du troisième plan de lutte à la pauvreté, le comité régional déplore le peu de cas fait par le gouvernement du Québec de la loi 112 adoptée en 2002 afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. « Même si le législateur a fait son travail, le politique n’a pas suivi. On n’a jamais vu autant de pauvreté, autant de demandes aux comptoirs alimentaires », fait remarquer Michel Savard. Il dénonce le manque d’écoute de Québec à l’égard de ceux qui, sur le terrain, essaient de faire reculer la pauvreté.

Du côté du Centre de femmes L’Étincelle, Nathalie Simard abonde dans le même sens. Elle rappelle aussi que les femmes font davantage les frais des coupes de toutes sortes des dernières années. « Il est inconcevable que quelqu’un qui travaille au salaire minimum 40 heures par semaine ne puisse sortir de la pauvreté », martèle-t-elle.

Pour sa part, Renée Chiasson, du groupe de ressources techniques Cité des bâtisseurs, lance un vibrant appel à un meilleur financement des projets de développement de logements sociaux au Québec puisque, dit-elle, il est reconnu que c’est l’un des meilleurs moyens pour aider les gens à sortir de la pauvreté.

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