Une tempête de neige donne un avant-gout d’Optilab

Par Charlotte Paquet 5 février 2017
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Des gens provenant de tout horizon ont formé une chaine humaine autour de l’hôpital de Baie-Comeau, il y a quelques semaines, afin de dire non au projet Optilab. Photo archives Le Manic.

Des gens provenant de tout horizon ont formé une chaine humaine autour de l’hôpital de Baie-Comeau, il y a quelques semaines, afin de dire non au projet Optilab. Photo archives Le Manic.

Baie-Comeau – La Côte-Nord vient d’avoir un avant-gout de ce qui l’attend avec le projet de centralisation des laboratoires biomédicaux. La semaine dernière, une tempête de neige et de mauvaises conditions routières ont entrainé le retour à Baie-Comeau de plusieurs échantillons envoyés à Québec pour des analyses spécialisées.

Parties le 24 janvier de l’hôpital de Baie-Comeau, 13 boites contenant chacune d’un à 30 échantillons de toutes sortes, sont tout simplement revenues à l’expéditeur le lendemain. De plus, 15 boites provenant de Sept-Îles et de Port-Cartier, qui devaient être expédiées à l’extérieur de la région, ont été bloquées à Baie-Comeau en raison des caprices de dame Nature.

Selon l’Alliance des professionnels et techniciens en santé et services sociaux (APTS), des citoyens devront attendre plus longtemps pour obtenir leurs résultats d’analyse tandis que d’autres auront peut-être à retourner au laboratoire pour la reprise des prélèvements.

Cette fois-ci, il s’agissait d’analyses spécialisées, non disponibles en région. Par contre avec Optilab, un vaste projet provincial de centralisation d’une bonne partie des analyses dans quelques mégalaboratoires disséminés au Québec, plusieurs analyses de base d’échantillons provenant de la Côte-Nord seront bientôt effectuées à l’Hôpital de Chicoutimi.

Pourtant, il a déjà été admis par le ministre Gaétan Barrette lui-même qu’il n’y aurait pas d’économies à réaliser avec le transfert des échantillons de la Côte-Nord vers le Saguenay, contrairement au déploiement d’Optilab ailleurs au Québec.

Multiplication prévisible

Selon Sylvain Sirois, répondant politique de l’APTS en région, les retours de boites comme la semaine dernière ou carrément la perte d’autres boites risquent de se multiplier dans l’avenir, que ce soit en raison des conditions routières ou d’erreurs de manipulation.

« En démantelant nos laboratoires régionaux, on perd notre autonomie et on s’expose à de fréquents bris de services comme celui d’aujourd’hui », insiste le porte-parole dans un communiqué émis la journée de la dernière tempête, le 25 janvier..

M. Sirois rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas que les syndicats qui s’opposent au projet Optilab et aux pertes d’emplois et réductions de services qu’il entrainera. Des médecins spécialistes, des députés, des maires, des préfets et des citoyens ont également levé le drapeau rouge ces derniers mois pour crier leur opposition.

Le comité de vigilance

L’événement de la semaine dernière a fait bondir le nouveau comité de vigilance en emploi Haute-Côte-Nord-Manicouagan, formé en décembre. Son porte-parole, Yves Montigny, également conseiller municipal à Baie-Comeau, réclame une rencontre rapide avec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord. « On a l’impression qu’ils veulent appliquer quelque chose de nuisible à la fois pour la population et pour les emplois », dénonce-t-il.

Le comité de vigilance considère que les décideurs font fausse route avec Optilab puisqu’en plus de nuire aux délais pour obtenir les résultats d’analyses, les économies réalisées sont tout simplement nulles. « Comme comité, on ne veut pas attendre que la délocalisation des emplois et des familles se fasse. Le projet, ça n’a pas de sens chez nous. La Côte-Nord, c’est spécifique et le ministre l’a dit », poursuit le porte-parole, qui réclame l’abandon d’Optilab chez nous.

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