Décès d’un travailleur à Romaine-4 – Plusieurs manquements aux règles de contrôle sont en cause

Par Steeve Paradis 6 Décembre 2017
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Le rapport de la CNESST évoque bon nombre de lacunes au niveau des règles de contrôle pour expliquer le décès de Luc Arpin des Escoumins. Photo courtoisie

Le rapport de la CNESST évoque bon nombre de lacunes au niveau des règles de contrôle pour expliquer le décès de Luc Arpin des Escoumins. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Plusieurs moyens de contrôle étaient absents ou insuffisants la journée du décès de Luc Arpin, écrasé par des tonnes de roc le 9 décembre 2016 sur le chantier hydroélectrique de la rivière Romaine. Ainsi l’a établi la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), qui a dévoilé son rapport d’enquête la semaine dernière.

Le soir de l’accident, M. Arpin est aux commandes de sa pelle hydraulique afin de charger dans des camions le roc dynamité dans le canal d’amenée de la dérivation provisoire de la centrale Romaine-4. Une roche se détache alors de la paroi et tombe sur le site de chargement.

La victime, à l’emploi de la firme EBC, s’en est approchée avec son engin, mais une partie de la paroi rocheuse s’est alors effondrée comme une avalanche et l’a enseveli. La CNESST évalue qu’il a été écrasé par 4 300 tonnes métriques de roc, alors que sa pelle hydraulique en pesait 70. « Ce fut une bataille pas vraiment égale », a imagé le chef d’équipe en prévention-inspection de la CNESST Côte-Nord, Alain Otis, pour faire valoir le fait que le travailleur n’a eu aucune chance de s’en sortir.

La dépouille de Luc Arpin ne sera sortie de là que deux semaines plus tard, en raison des risques d’un autre décrochage de roches. Et la section en cause a été fermée aux travaux durant six mois, le temps qu’Hydro-Québec prenne toutes les mesures nécessaires afin qu’un pareil drame ne se reproduise pas.

Stabilité non établie

Dans son enquête sur ce décès, le quatrième à se produire depuis 2009 à ce méga-chantier, la CNESST a relevé sept moyens de contrôle manquants ou insuffisants la journée de l’accident, notamment que depuis le début de l’excavation de ce canal d’amenée, aucun ingénieur n’avait confirmé la stabilité de la paroi avec le soutènement réalisé, sans oublier le fait que les instruments de surveillance de la paroi n’étaient pas encore tous installés.

La CNESST a également soutenu que les études géotechniques du secteur n’avaient pas été révisés, même si un volume de 8 000 mètres cubes de roc de plus que les estimations avait été enlevé. « Il aurait fallu prendre du recul et analyser ce qui se passait », a ajouté M. Otis.

L’organisme déplore aussi que le journal de forage, dans lequel l’équipe de forage d’EBC notait quotidiennement ses observations, n’ait pas été transmis à l’équipe de géologie d’Hydro-Québec.

Constat d’infraction

La Commission a délivré un constat d’infraction à EBC et un autre à Hydro-Québec, dont le montant peut varier entre 16 000 et 65 000 $. Ce sera au tribunal de déterminer la hauteur de l’amende imposée, advenant un aveu de culpabilité des contrevenants ou s’ils sont reconnus coupables au terme d’un éventuel procès. Si la cour estime qu’il s’agit d’une récidive, l’amende peut grimper à plus de 325 000 $.

Finalement, la CNESST a transmis son rapport d’enquête à l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec ainsi qu’au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports.

 

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