Cendrillon au pays des cannibales – Intrusion dans l’adolescence de Jennifer Tremblay

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Jennifer Tremblay a vécu à Forestville jusqu’à 11 ans. Elle y demeure toujours attachée puisqu’une bonne partie de sa famille maternelle y vit toujours. Photo courtoisie

Jennifer Tremblay a vécu à Forestville jusqu’à 11 ans. Elle y demeure toujours attachée puisqu’une bonne partie de sa famille maternelle y vit toujours. Photo courtoisie

Forestville – Pour parler de son tout nouveau recueil de poésie intitulé Cendrillon au pays des cannibales, l’auteure Jennifer Tremblay jette un regard sur le passé. Le Journal s’est entretenu avec cette scénariste, dramaturge et directrice littéraire originaire de Forestville, qui explique les raisons qui l’ont menée à publier, 30 ans plus tard, des poèmes écrits durant son adolescence.

Vous venez de publier le recueil Cendrillon au pays des cannibales. Ce recueil est très spécial, pouvez-vous m’expliquer pourquoi?

J’en ai publié une première version il y a presque 30 ans, alors que j’étais adolescente. C’était une édition confidentielle, si je puis dire. Nous avions imprimé 250 copies, que j’avais vendues à ma famille, mes professeurs, mes amis, etc. C’est une grande joie pour moi qu’un éditeur ait accepté de le rééditer parce qu’il est soudainement disponible partout, pour tous, et en particulier pour les adolescents.

D’où vous est venue l’idée de ressortir ces poèmes de votre adolescence et de republier votre recueil?

Ça faisait très longtemps que j’y pensais, mais je n’osais pas faire les démarches. C’est un peu bizarre comme idée, publier ses poèmes d’adolescence, et franchement je craignais qu’on se moque de moi ou qu’on me trouve pathétique. Finalement, mon éditeur, Robert Soulières, a tout de suite été très enthousiaste. Fiou!

À ce moment de votre adolescence, où vous avez écrit ces poèmes, l’idée de devenir écrivaine et de publier n’était pas du tout à votre esprit?

Disons que ça commençait à prendre forme, à devenir un rêve, parce que j’ai fait la connaissance à la polyvalente d’un professeur qui publiait. C’était le poète et dramaturge Jean Cossette. Il m’a beaucoup encouragée et c’est grâce à lui que j’ai pu publier, en 1990, la première édition de ces poèmes, puisqu’il a fondé, cette année-là, avec des amis artistes, les Éditions Machin Chouette.

Quand avez-vous décidé d’en faire un métier?

Écrire, c’est rarement un métier. Je veux dire, ce n’est pas comme devenir médecin ou mécanicien. Il n’y a pas de diplôme, de stage et d’ordre professionnel. Il faut généralement faire autre chose pour gagner sa vie. Moi, je suis directrice littéraire dans une maison d’édition. J’ai étudié en littérature. J’écris pendant les vacances, ou la fin de semaine. Un jour, quelqu’un, un journaliste par exemple, nous présente comme un écrivain, parce qu’on a beaucoup publié, ou qu’on a gagné des prix, et on se dit : « Tiens… je suis écrivain. »

Que signifiaient les poèmes à votre adolescence? Et quelle en est leur signification aujourd’hui?

La poésie, c’est une prise de parole, et une manière de percevoir le monde. Il y a toutes sortes de manières de traverser l’adolescence. Il y a des jeunes qui sont très sportifs, certains sont près de la nature, d’autres font du théâtre… moi je lisais et j’écrivais de la poésie. C’était un refuge extraordinaire.

Vous avez donc décidé de republier ce recueil que vous avez écrit il y a près de 30 ans, mais avez-vous eu à faire des modifications ou l’avez-vous gardé intact?

J’ai éliminé les points de suspension et les points d’exclamation. Il y en avait partout, c’était insupportable!!! J’ai aussi enlevé les titres, parce que tous les poèmes n’avaient pas de titre, or pour que la mise en page soit jolie, il fallait uniformiser. C’est sûr, j’aurais pu inventer des titres, mais je me suis interdit d’ajouter quoi que ce soit. C’était ça le mot d’ordre, ne rien ajouter. J’ai dû couper un vers ici ou là… mais pas plus. Rien ne sert de faire cette démarche si on se met à tout réécrire. L’idée, c’était de publier mes poèmes de jeunesse, pas mes poèmes de quarantenaire!

Vous avez dernièrement mentionné lors d’une entrevue avoir presque fait des prémonitions dans ce recueil. Que vouliez-vous dire?

Je veux dire qu’il y a des images ou des propos qui me donnent aujourd’hui l’impression que je connaissais l’avenir. Surtout, il y a dans ce recueil les thèmes qui sont devenus récurrents dans mes livres. L’enfance, la nature, la vie des femmes, l’amour…

Pourquoi avoir choisi le titre Cendrillon au pays des cannibales?

C’était le titre perdu d’un des poèmes, et je trouvais qu’il allait bien au recueil. Un titre se doit d’être un peu accrocheur… Cendrillon au pays des cannibales, ça fait image!

J’aimerais vous transporter à Forestville! Vous êtes originaire de Forestville, mais vous êtes partie assez jeune du l’endroit. Pourquoi? Et quels souvenirs gardez-vous?

Je suis partie de Forestville à 11 ans à cause du travail de mes parents. Mon enfance appartient à ce lieu. C’est incroyable, quand j’y pense aujourd’hui, la chance que nous avions de vivre entre la forêt et la plage… Le moins que je puisse dire, c’est que j’ai profité de la nature, dans la plus grande liberté, et qu’il y avait assez de place dans ce paysage pour permettre à mon imaginaire d’exploser! Et ça, ça n’a pas de prix.

Finalement, cela peut sembler difficile comme question, mais lorsque vous regardez votre parcours, de quoi êtes-vous la plus fière?

Ouf… vaut mieux rester humble… surtout dans ce journal, mes tantes vont sûrement lire ça… Elles, elles ne seraient pas fières de me savoir prétentieuse! Ah! Ah!

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