Rapport corrosif du Bureau sur la sécurité des Transports – Croisières Essipit est satisfaite mais répond aux recommandations

Par Shirley Kennedy 6 avril 2018
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Essipit – La société Croisières Essipit accueille avec satisfaction le sévère rapport du Bureau de la sécurité des Transports du Canada (BST) concernant la collision, en août 2016, de son embarcation à passagers pneumatique, le Aventure 6, et un objet non identifié, lors d’une excursion d’observation de mammifères marins au large de la municipalité des Bergeronnes. La direction déplore cependant le fouillis administratif qui prévaut dans la règlementation des ministères et agences en cause.

Bien que le Bureau de la sécurité des transports (BST) blâme assez sévèrement Croisières Essipit, l’entreprise considère en effet que ce rapport va permettre d’éclaircir les zones grises et les flous qui existent présentement dans la réglementation issue de la Loi sur la marine marchande en ce qui a trait aux petits bâtiments commerciaux.

Dans son rapport déposé le 27 mars, le BST met l’emphase sur l’absence de sécurité qu’il estime insuffisant à bord de l’embarcation, dont des bouées de sauvetage inutilisables et l’absence d’un système de récupération d’homme à la mer. « Puisque le zodiac n’avait pas d’équipement de récupération d’homme à la mer, il a été très fastidieux pour les passagers demeurés à bord de l’embarcation de rembarquer les victimes » précise l’enquêteur principal pour la BST, François Dumont. Rappelons que les deux moteurs hors-bord ont percuté un objet non identifié que le BST soupçonne être une baleine bleue. Sous la force de l’impact, le capitaine et un passager ont été éjectés de l’embarcation.

Regrets

La direction et le personnel de Croisières Essipit ont exprimé leurs regrets auprès des deux personnes incommodées par l’incident du 29 août 2016, et se réjouissent que ces dernières aient été rapidement conduites à l’hôpital et libérées le jour même. « On rappelle également qu’un tel incident ne s’était jamais produit chez Croisières Essipit et que contrairement à ce qui est mentionné dans le communiqué du BST, il n’est pas démontré qu’un mammifère marin ait été touché et encore moins blessé », précise Marc Chaloult, responsable des Affaires publiques à Essipit. Ce dernier indique de plus que différentes mesures de sécurité supplémentaires ont été prises dès les lendemains de l’incident et que d’autres continueront de l’être dans la foulée de l’éclaircissement et l’évolution de la règlementation.

Paradoxes

Depuis le début de l’enquête du BST, l’entreprise de croisière aux baleines soutient que ses employés respectent les standards de sécurité parmi les plus élevés de l’industrie. Elle affirme que lesdits standards sont cependant régis par un ensemble de règlements imprécis dont les directives issues de diverses agences et ministères fédéraux ou provinciaux sont parfois contradictoires. « Il est virtuellement impossible pour un opérateur d’embarcations à passagers pneumatiques de s’y retrouver dans l’imbroglio de la réglementation, le fouillis administratif et les intérêts souvent contradictoires engendrés par les ministères et agences en cause. On constate par exemple, à la lecture du rapport, que le BST blâme Transports Canada pour le peu d’inspections qu’il effectue auprès des entreprises de croisière aux baleines. Il reproche en même temps auxdites entreprises de s’auto-inspecter tel que le prescrit Transports Canada lui-même. D’autre part, lorsque Croisières Essipit s’adjoint les services de consultants accrédités par Transports Canada pour l’aider à se conformer à l’ensemble de la réglementation, le BST affirme ne pas reconnaître la compétence de ces derniers », déplore M. Chaloult.

Logique discutable

C’est ainsi que se succèdent des contradictions et des non-sens faisant en sorte, selon Marc Chaloult, qu’on exige d’une part le port de vêtements de flottaison et, d’autre part, l’usage de ceintures de sauvetage alors que les deux ne peuvent se porter simultanément. Ce dernier constate par ailleurs que les procédures d’urgence ne sont pas uniformes et que l’interprétation rigoriste des règlements mène à des incongruités : « on blâme par exemple Croisières Essipit de ne pas se conformer au Programme de conformité des petits bâtiments qui exige que l’opérateur détienne un certificat de fonctions d’urgence en mer (FUM) de type A-3 requérant 12 heures de formation, alors que nos opérateurs détiennent tous un FUM de type A-2 requérant 26 heures de formation. C’est à n’y rien comprendre… ».

Marc Chaloult constate quedans ses conclusions, le BST procède à une certaine forme de procès de l’industrie des croisières aux baleines sans égard au fait que plusieurs de ses remarques ne s’appliquent nullement au cas de Croisières Essipit. « Nous estimons cependant que si cela contribue à éclaircir la réglementation découlant de la Loi sur la marine marchande relative aux petits bâtiments commerciaux, alors tant mieux! Quant aux recommandations formulées par le BST, Croisières Essipit est déterminée à les appliquer toutes dans la mesure où elles seront consistantes avec elles-mêmes ».

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