Entente sans précédent – Pessamit recevra 30 M$ d’Ottawa pour deux revendications particulières

Par Steeve Paradis 26 mai 2018
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Le chef René Simon et la ministre Carolyn Bennett ont apposé leurs signatures respectives sur les deux ententes particulières conclues entre Pessamit et le gouvernement fédéral. Photo courtoisie

Le chef René Simon et la ministre Carolyn Bennett ont apposé leurs signatures respectives sur les deux ententes particulières conclues entre Pessamit et le gouvernement fédéral. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Des différends datant de plusieurs décennies viennent de trouver leur conclusion avec les deux accords de revendication particulière signés vendredi entre le gouvernement fédéral et le Conseil des Innus de Pessamit. Ces ententes apporteront 30 M$ dans les coffres de la communauté, qui souhaiterait toutefois des excuses publiques.

La ministre des Relations Couronne-autochtones et des Affaires du Nord, Carolyn Bennett, s’est déplacée à Pessamit pour signer ces deux ententes avec le chef de la communauté, René Simon, ententes qui s’avèrent les plus importantes du genre jamais conclues au Québec.

Ainsi, Pessamit recevra 20,8 M$ pour la première revendication, nommée Licence 160 et la gestion du bois marchand. La seconde, Terres, qui porte sur la création de la réserve de Betsiamites, apportera pour sa part 9,5 M$ au profit de la communauté.

« En conciliant les intérêts des parties dans un esprit de réconciliation, d’ouverture et de collaboration, il est possible de conclure des ententes telles que celles conclues avec les Innus de Pessamit », a notamment souligné la ministre Bennett, qui évoque « un pas en avant pour la réconciliation entre la Couronne » et Pessamit.

Le défi du fédéral

« Face à l’impossibilité de refaire le passé, notre Première Nation a accepté ces règlements », a lancé pour sa part le chef Simon. « Le réel défi du Canada est toutefois de mettre en œuvre et d’appliquer pleinement la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones afin d’éviter la répétition de torts semblables dans l’avenir », a-t-il ajouté.

Le chef a aussi fait valoir qu’en plus de l’argent, les Innus apprécieraient bien aussi des excuses publiques de la part du gouvernement et que ce dernier reconnaisse officiellement ses obligations envers les peuples autochtones.

« Ce sont là des mesures qui accentueraient l’impression de réparation et le sentiment d’équité dans nos Premières Nations », d’enchaîner René Simon.

Importance spirituelle

Ce dernier n’a pas manqué l’occasion de faire valoir au passage que de « se limiter strictement aux principes légaux pour compenser les dommages liés aux ambiguïtés territoriales et pour apaiser les frustrations et les contrariétés vécues par les communautés concernées, c’est ignorer l’importance spirituelle et culturelle que nous accordons à nos terres ».

La revendication Licence 160 porte sur la mauvaise gestion des différents baux d’exploitation forestière sur la communauté entre 1918 et 1967. Quant à la revendication Terres, elle remonte à la création de la réserve, en 1861. La superficie totale de la réserve a été réduite de 7 543 acres en raison de l’absence d’arpentage du territoire.

Signalons en terminant que les résidents de Pessamit ont eu l’occasion de se prononcer, en juin 2017, sur les deux ententes de règlement, qu’ils ont entérinées dans les deux cas.

Centre de santé

Tant qu’à se rendre à Pessamit, Carolyn Bennett a fait d’une pierre deux coups en inaugurant le nouveau centre de santé et de services sociaux de l’endroit, un investissement de 15 M$ assumé à près de la moitié par Ottawa.

L’ancien bâtiment qui abritait le précédent centre de santé datait de 1924, avec des annexes rajoutées en 1954 et 1991. Facile de comprendre que l’établissement ne répondait pas aux critères du XXIe siècle.

« C’est un pas décisif vers un mieux-être collectif que nous franchissons ensemble, mais ce n’est pas le dernier. Nous avons encore du chemin à parcourir avant d’atteindre nos objectifs sociaux, économiques et culturels », a affirmé le chef Simon, qui indique que la réconciliation évoquée dans cette journée d’entente « se manifeste sous divers aspects et qu’elle a plusieurs visages ».

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