Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent – Le béluga bénéficie d’une zone de protection pour l’été

Par Steeve Paradis 28 juin 2018
Temps de lecture :
Nadia Ménard est écologiste et chef d’équipe au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Photo courtoisie

Nadia Ménard est écologiste et chef d’équipe au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Photo courtoisie

Baie-Comeau – Parcs Canada vient de rehausser le niveau de protection du béluga dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, plus précisément dans le secteur de la baie Sainte-Marguerite, dans le fjord du Saguenay.

Depuis le 21 juin et ce, jusqu’au 21 septembre, on retrouve donc un secteur d’exclusion à la navigation à l’entrée de la baie Sainte-Marguerite. Cette exclusion reviendra en vigueur à chaque saison estivale.

Une zone de transit est toutefois autorisée pour permettre le passage sans encombre des embarcations à cette hauteur sur la rivière. La navigation doit se faire sans arrêt, à une vitesse recommandée variant entre 5 et 10 nœuds.

Les kayakistes, canotiers et pêcheurs récréatifs auront toutefois le droit de traverser la zone d’exclusion, à condition de passer le long d’un couloir longeant la rive à moins de 10 mètres et de ne pas s’arrêter.

« La population de bélugas est en déclin et un des facteurs pour favoriser son retour, c’est la protection des femelles et des jeunes », a indiqué l’écologiste Nadia Ménard en soulignant que la fonction principale de la baie Sainte-Marguerite est vouée à la naissance des jeunes bélugas et à leurs premières semaines de vie.

« C’est un peu un cadeau qu’on fait au béluga pour le 20e anniversaire du parc marin », a-t-elle ajouté.

Pas de pertes

La fermeture de cette baie ne prive personne de revenus, assure l’écologiste. Depuis 2013 déjà, l’accès au secteur était interdit aux excursionnistes. « Depuis déjà 10 ans qu’on sensibilise les utilisateurs à éviter la baie Sainte-Marguerite », a signalé Mme Ménard en faisant valoir que le meilleur endroit pour observer le béluga demeure encore les infrastructures d’observation des mammifères marins situés dans le parc.

Mais pourquoi interdire l’accès de la baie à un petit kayak ou un canot, si peu de choses face à un mammifère marin? « D’abord, il faut comprendre qu’en tout temps, selon les règlements du parc, toute embarcation doit être à au moins 400 mètres des espèces en péril. Comme la baie est plutôt exiguë, ça faisait en sorte que c’était très difficile de respecter cette distance », a expliqué l’écologiste.

Ne pas déranger

« Le plus important, c’est qu’il est aussi démontré que le fait de déranger un mammifère durant les périodes critiques (comme la mise bas) a un impact négatif, que ce soit une vache, un chat ou un béluga, enchaîne-t-elle. La femelle qui vient de donner naissance remonte plus souvent à la surface de l’eau, le petit aussi. Les kayaks leur nuisent donc. »

Si jamais les autorités du parc identifient d’autres endroits où de pareilles mesures devraient être mises en vigueur, Nadia Ménard a assuré que la population serait de nouveau consultée.

«Quand on prend des mesures comme ça, on s’asseoit avec les gens, on tient compte de leurs commentaires et on propose des mesures réalistes, comme celle-là », a-t-elle conclu.

Selon Parcs Canada, la population de bélugas du Saint-Laurent est estimée à 889 individus. Les causes de son déclin sont multiples « et ne se limitent pas au territoire du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent », précise l’organisme. Plus des trois quarts du parc, soit 77 % de sa superficie, font partie de l’habitat essentiel du béluga.

Partager cet article