« Je ne m’attends pas à des miracles » – Guy Desjardins, un villégiateur

Par Charlotte Paquet 11 juillet 2018
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Baie-Comeau – « Je ne m’attends pas à des miracles, pas avec ce que j’ai vu sur les cartes. Ça regarde ben mal. On espère, mais on espère pas trop quand même. »

Celui qui parle ainsi, c’est Guy Desjardins, un citoyen de Forestville qui, depuis sa retraite en 2011, a rénové tranquillement son chalet situé au lac Bardot sur le territoire de la ZEC (zone d’exploitation contrôlée) de Labrieville. Un chalet qui appartient à sa famille depuis 1964 et qui ne serait plus aujourd’hui qu’un amas de cendres.

À la fin de la semaine dernière, M. Desjardins ne pouvait confirmer hors de tout doute que sa propriété avait été détruite par le feu. Tout comme les autres villégiateurs, il ne pouvait tout simplement pas se rendre sur place en raison de la fermeture de la route 385. Cependant, comme il sait que sa propriété se trouvait dans la zone rouge délimitée par la Société de protection des forêts contre le feu, il s’attend au pire.

« Il y a déjà beaucoup de chalets brûlés », précise le Forestvillois, en rapportant le témoignage de quelqu’un ayant survolé différents coins du territoire.

Le villégiateur confie qu’il s’attendait à ce que la forêt flambe de façon très intense dans son secteur un beau jour. « Ça fait 10 ans que je le dis. C’est une forêt complètement ravagée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette », explique-t-il, en notant aussi la sécheresse apportée par l’infestation. Et qui dit sécheresse, dit également incendie d’une grande intensité, si incendie il y a.

C’est l’évacuation

M. Desjardins se trouvait à son chalet quand le feu de forêt s’est déclaré le 26 juin. Il se doutait qu’il allait être évacué rapidement et a commencé à rassembler des affaires le soir même. « On n’a pas le temps de protéger grand-chose. On ne peut toujours pas partir avec le poêle ou le frigidaire au propane. On ramasse nos biens personnels en premier », souligne-t-il.

Le lendemain, des gens de la sécurité civile sont arrivés en hélicoptère pour le sommer d’évacuer les lieux. Le feu était rendu à trois kilomètres seulement du bâtiment. « Ils viennent et ils prennent nos noms afin de vérifier ensuite si on est bien passé à la barrière », raconte l’homme.

Monter vers le feu

« Le chalet, on ne l’a pas perdu, mais on est passé très proche », souligne Jean-Luc Kanapé, dont la famille possède un lot dans le secteur de la ZEC Labrieville depuis quelques générations.

Le jour où la forêt s’est enflammée parce qu’un chalet venait de se transformer en brasier, Jean-Luc Kanapé roulait justement en direction de son camp dans le secteur du lac Sault-aux-cochons en compagnie d’un ami. « Quand on a monté, tout le monde descendait. On a monté pareil, car j’ai étudié les vents et si ça bloquait, on pouvait passer par Saint-Fulgence (pour sortir du territoire) », précise celui dont la propriété se trouvait au nord de l’incendie.

M. Kanapé se rendait au chalet afin d’y poursuivre des travaux. « J’étais là quand ç’a débuté. La SOPFEU (les équipes terrestres) n’était même pas arrivée. On voyait un avion-citerne », rappelle-t-il.

Le citoyen de Pessamit a passé quelques heures à se promener sur le territoire afin de vérifier l’éventuelle présence de villégiateurs et les avertir au cas où. « Au lac aux Perles, des amis étaient là et ignoraient qu’il y avait un feu derrière la montagne », mentionne-t-il.

Dans le milieu de l’après-midi du mercredi 27 juin, M. Kanapé a cependant décidé de quitter les lieux. Il lui manquait du matériel pour poursuivre ses travaux et, avoue-t-il, il commençait à stresser.

Il évalue aujourd’hui que 90 % du territoire de trappe, de pêche et de chasse de sa famille sont disparus en fumée, une expression qui trouve encore plus de sens avec les événements des dernières semaines.

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