Employé avec limitations – Une histoire de réussite à l’Épicerie Côté

Tadoussac – À l’Épicerie Côté de Tadoussac, Tommy Gravel est chargé de remplir les tablettes, emballer les provisions des clients tout en assurant le service à l’auto. Des tâches qui semblent anodines pour certains, mais qui le sont moins pour Tommy, aux prises avec une limitation physique depuis sa naissance. Son patron Serge Hovington est très satisfait de son travail, bien que cela nécessite une certaine ouverture de la part des employés.

Tommy a souffert d’une encéphalite adenovirus 5 à l’âge de 8 mois, occasionnant une paralysie du côté droit et des troubles épileptiques. Jusqu’à l’âge de 5 ans, Tommy a vécu au Centre hospitalier de Chicoutimi. Il a ensuite séjourné au Centre Cardinal-Villeneuve de Québec pour sa réadaptation. Aujourd’hui, à l’âge de 37 ans, sa condition n’est pas un frein à ses ambitions, au contraire. Outre son emploi à l’Épicerie Côté où il travaille depuis près de 7 ans, entre 12 et 40 heures par semaine selon les saisons, il pratique le VTT, fait du vélo, il joue au soccer, au baseball et hockey mais son activité préférée demeure la chasse, qu’il pratique assidûment avec son père qui lui a adapté une plate-forme pour accéder à la cache sur le territoire qu’il possède à Sacré-Cœur.

« Il est autonome à 90 % et Tommy il n’y a rien qui l’arrête. Il va essayer et si ça marche pas, c’est pas plus grave que ça » raconte sa mère Colombe Gravel.

Madame Gravel lève son chapeau au patron de son fils, Serge Hovington, copropriétaire de l’Épicerie Côté, qui malgré la fin du programme d’aide à l’intégration à l’emploi d’une durée de trois ans offert par le SEMO Côte-Nord, continue de faire appel à Tommy. « Je trouve que c’est un beau geste de l’équipe de l’Épicerie et des propriétaires, je trouve ça généreux et je veux le souligner ».

Savoir s’adapter

« C’est certain qu’il faut que chacun y mette du sien. Il faut l’aider car Tommy a besoin d’être dirigé, explique Serge Hovington. J’ai regardé ça avec les employés pour distribuer les tâches, ça prend de l’ouverture ».

Monsieur Hovington salue l’ardeur au travail de Tommy, qui malgré qu’il n’ait qu’un bras valide, fait de gros efforts pour accomplir ses tâches. « Tu lui demande quelque chose et il le fait. Aussi, il est très disponible et il a beaucoup d’entregent. Les clients apprécient son travail et ils aiment ça le voir au magasin », ajoute M. Hovington.

Une communauté tissée serrée

« Tommy ne sera jamais mal pris ici à Tadoussac, ajoute sa mère. Il est toujours à l’Auberge, c’est sa deuxième maison. Et tout le monde s’en occupe, il est connu comme Barabas. Nous sommes allés à Walt Disney et des gens le saluaient ».

Abondant dans le même sens que madame Gravel, Serge Hovington estime que c’est une question de principe et d’engagement envers sa communauté. « Il ne faut pas penser juste aux profits. Nous voulons aider notre communauté à garder du monde chez nous et encourager les initiatives de l’école, de l’église et des organismes ».

Tommy adore son emploi à l’Épicerie Côté et il espère y travailler encore longtemps. Son autre rêve, à part qu’il aimerait pratiquer la chasse à l’année longue, c’est de retourner à Walt Disney un jour. « Il n’a jamais parlé contre l’Épicerie Côté une seule fois en sept ans », ajoute madame Gravel, très fière de son cadet.

Résultats probants

À titre d’organisme spécialisé d’aide à l’emploi, le SEMO Côte-Nord supervise Tommy dans son intégration à l’emploi depuis plusieurs années. La directrice générale du SEMO Côte-Nord, Danielle Sirois, constate une ouverture de plus en plus significative de la part des employeurs. « Depuis plus de 30 ans, nous nous efforcons de faire une place sur le marché de l’emploi à clientèle qui ne cesse de croître. L’ouverture des employeurs face à nos participants est directement proportionnelle à la hausse d’admissions que nous connaissons depuis plusieurs années, permettant de nombreux placements en emploi ».

En terme de statistiques, le rapport annuel du SEMO Côte-Nord déposé en juin dernier, fait état de 23 participants inscrits au SEMO pour le secteur Les Escoumins-Forestville, soit deux de plus que l’objectif fixé par l’organisme. Au chapitre des placements, le secteur Forestville obtient un taux d’atteinte de l’objectif de 200 % alors que 14 participants ont intégré un emploi sur une prévision de 7. Dans le secteur des Escoumins (qui comprend les localités de Tadoussac-Sacré-Coeur), 4 participants occupent un emploi sur un objectif de 5. Les domaines d’emplois concernés sont les Municipalités, les secteurs de la restauration, de l’alimentation, du tourisme et de l’entreprise privée.