Un projet de 1,6 G$ – Le projet de train de QcRail se rendra-t-il finalement sur la Côte-Nord?

Par Steeve Paradis 19 octobre 2018
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Jack Picard (Innus de Pessamit), Yves Montigny (Ville de Baie-Comeau), Marcel Furlong (MRC de Manicouagan) et Guy Simard (ID Manic) ont présenté l’ambitieux projet QcRail, une voie ferrée de 370 kilomètres entre Baie-Comeau et le Lac-Saint-Jean évaluée à plus de 1,6 G$. Photo Le Manic

Jack Picard (Innus de Pessamit), Yves Montigny (Ville de Baie-Comeau), Marcel Furlong (MRC de Manicouagan) et Guy Simard (ID Manic) ont présenté l’ambitieux projet QcRail, une voie ferrée de 370 kilomètres entre Baie-Comeau et le Lac-Saint-Jean évaluée à plus de 1,6 G$. Photo Le Manic

Baie-Comeau – La Côte-Nord sera-t-elle enfin reliée par rail au reste de l’Amérique du Nord? C’est le pari que tente de relever Innovation et développement Manicouagan (ID Manic), qui vient de déposer QcRail, un projet de voie ferrée de 370 kilomètres entre Baie-Comeau et Dolbeau-Mistassini, évalué à plus de 1,6 G$.

Le projet, évoqué par Marcel Furlong lors de la campagne électorale pour le poste de préfet de la MRC de Manicouagan, est la réponse d’ID Manic « aux besoins exprimés par les grands industriels désirant accroître leurs volumes de marchandises et optimiser leurs opérations en reliant leurs installations directement au réseau national de chemin de fer », de lancer le préfet en conférence de presse la semaine dernière.

Cette voie ferrée pourrait aussi permettre au port de Baie-Comeau, sous-exploité compte tenu de son potentiel, de prendre son envol. Selon l’étude de marché réalisée par la firme Deloitte, la part des exportations de vrac à partir des ports de l’est du pays va augmenter autour de 2024, année prévue de mise en service de ce tronçon ferroviaire.

Baie-Comeau cherche ainsi à accueillir cette capacité excédentaire prévue sur le marché des expéditions, sans concurrencer des ports comme ceux de Québec, Trois-Rivières et Montréal, qui manutentionnent aussi du vrac. « On veut prendre les marchandises supplémentaires (sur le marché) », soutient M. Furlong.

Baie-Comeau-Winnipeg

Avec ce lien avec Dolbeau-Mistassini, Baie-Comeau pourrait devenir la porte maritime d’un corridor ferroviaire nordique se rendant jusqu’à Winnipeg. Ce corridor, qui serait dédiée exclusivement au transport de marchandises en vrac (donc, pas de train de passagers), deviendrait « une vraie voie de contournement des corridors plus urbains », a fait valoir le directeur du développement industriel chez ID Manic, Guy Simard

Si plus de marchandises transitent par le nord du pays, « on va aider le réseau plus au sud à se désengorger et permettre le transport de passagers à grande fréquence », a ajouté M. Simard.

L’étude de marché prévoit que Baie-Comeau pourrait recevoir et expédier des marchandises comme des grains et d’autres produits alimentaires, des fertilisants, des minerais et métaux, des produits forestiers, du charbon et des produits chimiques.

Dans le contexte du nouvel accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, Baie-Comeau a tout intérêt à mettre en valeur sa situation comme port de mer en eau profonde libre de glace à l’année. L’étude de Deloitte soutient d’ailleurs que le temps de transport entre Winnipeg et Hambourg, un important port d’Allemagne, serait réduit de six jours si la marchandise est transbordée à Baie-Comeau plutôt qu’à Montréal.

Plusieurs ponts

Évidemment, ce n’est pas la morne plaine entre Baie-Comeau et Dolbeau. Le paysage peut être assez montagneux et d’importants cours d’eau seront à franchir. On parle entre autres des rivières Péribonka, Shipshaw, Bersimis et Manicouagan.

Dans le projet, le coût des ponts et autres ouvrages d’art est estimé è 414 M$ comparativement à 1,2 G$ pour les 370 kilomètres de voie ferrée, pour un total de 1,62 G$. « C’est ce que ça coûte aujourd’hui pour faire un chemin de fer », de préciser Guy Simard.

À Baie-Comeau, il y aurait bien sûr des ajouts à la ligne existante de chemin de fer entre le port et le parc industriel Jean-Noël-Tessier. Il y aura ainsi des raccordements pour les installations d’Alcoa, de Cargill et de Mason Graphite.

Dans les prochaines semaines, les responsables du dossier entendent consulter la population pour connaître son avis sur le projet et espèrent courtiser d’importants partenaires financiers, outre bien sûr les deux paliers de gouvernement. Le Conseil des Innus de Pessamit est également partie prenante du projet.

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