AU CYNISME, JE RÉPONDS

Par Erika Soucy 11 Décembre 2018
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Les nouvelles de chez nous et les réseaux sociaux m’ont apporté leur lot de nostalgie, de tristesse et de colère, cette semaine.

Peut-être que vous les avez vu comme moi, les images.

Celles du banc de sable de Portneuf-sur-Mer qui s’efface trop rapidement;

Celles, sur Facebook, d’un vieux reportage sur Forestville montrant les citoyens qui bloquaient la route pour qu’on les aide à développer une économie locale;

Celles des travailleuses et travailleurs saisonniers qui ont tenu une conférence de presse la semaine dernière pour qu’on règle, une fois pour toute, le cauchemar du Trou noir.

Pourtant, c’est de fierté que je souhaite vous parler.

De fierté?!

De quoi peut-on être fier quand notre décor s’efface? De quoi peut-on se vanter quand la mémoire d’une ville se résume à dire qu’il fut un temps où les gens se tenaient debout et qu’aujourd’hui les acteurs de ce qui reste d’économie locale doivent alerter la presse pour qu’ils soient considérés. Ben du monde se cacherait pour moins que ça.

Pourtant, c’est de fierté qu’il faudra vite parler. Pour apprendre à s’aimer, pour se serrer les coudes, pour cesser de s’asseoir, résignés, devant le fleuve qui emporte tout, jusqu’à notre volonté de dire que nous valons mieux que ça.

Parce que nous valons mieux que ça.

Soyons fiers de ces femmes et des ces hommes qui travaillent 900 heures en saison pour pêcher nos fruits de mer, reboiser nos forêts, accueillir les touristes. Ils n’ont pas cédé au désir de partir vivre en ville, là où la job est facile; ils font un métier honorable, risqué. Ce ne sont pas des lâches.

Soyons fiers de vivre loin, à l’abri du divertissement de masse, là où le silence est roi et où les jeunes se plaignent parfois que c’est plate. Soyons fiers de ce qu’on apprend du bois, du frette pis des idées niaiseuses qui peuvent naître quand on se tourne les pouces un peu trop longtemps. C’est ce qui fait ce que nous sommes. Soyons fiers de ce qu’on sait et de ce qu’on maîtrise même s’il n’existe aucun diplôme pour ça. Et créons.

Soyons fiers de nous, de notre maladresse. Trouvons-nous beaux un peu; et pensons-nous bons. C’est en croyant en nous que notre région vivra et évitera la vague qui balaie les bancs de sable en même temps que nos souvenirs, nos rêves et notre volonté de vivre.

Parce qu’à force de cynisme, on s’efface.

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