La pénurie de main-d’œuvre, une « menace » pour Tadoussac

Par Journal Haute Côte Nord 5:00 AM - 4 juillet 2019
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Pour la saison 2019, Dany Tremblay propriétaire du Motel Restaurant Chantmartin, a fait appel à une agence pour pallier à la pénurie de personnel. Photo Journal Haute-Côte-Nord

Tadoussac – La pénurie de main-d’œuvre « menace » l’industrie touristique, principal moteur économique de Tadoussac, selon la municipalité. Et les impacts de ce manque d’employés poussent même certains commerçants à se demander s’ils veulent continuer de brasser des affaires.

Par Olivier Roy Martin
collaboration spéciale

« Tadoussac, son industrie première et sa seule industrie, c’est le tourisme », rappelle l’agente de développement économique de Tadoussac, Andréanne Jean, qui ajoute que la pénurie de main-d’œuvre est «généralisée, peu importe les salaires» et qu’elle «menace » la municipalité mono-industrielle.

L’employée municipale base ses affirmations sur un sondage effectué l’an dernier auprès de 23 entreprises locales de tailles variées œuvrant dans les secteurs de la restauration, de l’hébergement, des activités touristiques, des services financiers et des services publics.

Pour 12 des 23 répondants, les difficultés de recrutement ont un impact négatif sur le chiffre d’affaires. Le manque de main-d’œuvre nuit à la qualité de vie de 18 des 23 participants au sondage. Et 13 propriétaires ou gestionnaires sondés n’hésitent pas à dire que cette problématique réduit leur motivation à continuer d’œuvrer au sein de l’industrie.

La pénurie de personnel force les employés administratifs des entreprises à effectuer des tâches supplémentaires tant pour assurer la qualité du service que pour le recrutement.
Des employés étrangers à 25$ de l’heure

L’an dernier, le propriétaire du Motel Restaurant Chantmartin, Dany Tremblay, a travaillé dans les cuisines « pour la première fois en 17 ans, pour essayer d’encourager ses troupes », surmenées en raison du manque d’effectifs.

Pour la première fois cette année, il a donc choisi de faire affaire avec une agence qui lui fournit depuis le début du mois de juin deux travailleurs mexicains.
L’agence dont Dany Tremblay préfère taire le nom, lui facture environ 25 $ pour chaque heure travaillée par ses employés du sud, un tarif qui inclut le salaire horaire et des honoraires pour l’agence.

« Je ne sais pas combien ils paient leurs employés (par heure travaillée). Mais moi ça me donne deux travailleurs supplémentaires et même si j’annonçais un employé à 20 $ de l’heure, je n’en aurais pas », affirme Dany Tremblay.

Les travailleurs mexicains, qui forment un couple, se sont bien intégrés dans leur milieu de travail, même s’ils ne parlent pas le français, selon le propriétaire du Chantmartin. « J’avais peur pour l’intégration, mais ça se passe très bien. Quand ils ont besoin, ils prennent Google Traduction», explique Dany Tremblay en riant.
Du personnel administratif forcé de faire le ménage

« Ça a été l’année passée que vraiment ça nous a atteints», raconte la copropriétaire de l’Hôtel Le Pionnier, Nancy Lessard, qui a alors été incapable de remplacer une employée en congé de maladie.

« On est obligés, nous autres les propriétaires, de faire les chambres. Nos femmes de chambre doivent faire plus d’heures. Elles travaillent 6 jours par semaine, et l’an dernier on a été obligés de couper les congés », raconte-t-elle.

Et la situation pourrait empirer au cours des prochaines années, en raison de l’âge de l’équipe d’employées qui nettoient les 25 chambres de l’hôtel. « La moyenne d’âge des femmes de chambre, c’est 65 ans. C’est sûr que d’ici 2 à 3 ans, je vais vraiment être en manque. Et les jeunes, on a un peu de difficulté à les recruter ».

Pour faire face à la problématique de pénurie de main-d’œuvre, la municipalité et des entreprises locales se sont rassemblées pour créer un plan d’action « ambitieux » incluant des opérations de « marketing » et la participation à des salons de l’emploi, selon l’agente de développement économique Andréanne Jean.

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