Des remboursements pour se rendre à l’hôpital contestés

Par Journal Haute Côte Nord 5:00 AM - 10 juillet 2019
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Julie Petitpas et Serge Dion de Longue-Rive, appréhendent les conséquences chez les personnes plus démunies de leur localité si le Centre de santé ne révise pas les modalités de remboursement. Photo Journal Haute-Côte-Nord

Longue-Rive – Après avoir reçu un premier remboursement du Centre de Santé pour des soins médicaux à Saguenay, une Longue-Rivoise s’est fait refuser le même montant pour un deuxième rendez-vous au même hôpital.
Olivier Roy Martin
Collaboration spéciale
En février dernier, Julie Petitpas s’est rendue à Saguenay pour des traitements médicaux. Pour couvrir ses frais de déplacement, le Centre de Santé de la Côte-Nord lui a remis un montant d’une centaine de dollars.
Après un deuxième rendez-vous à l’hôpital de Chicoutimi en mai, Julie Petitpas dit s’être fait refuser un remboursement. Une employée du Centre de Santé lui aurait indiqué au téléphone que c’est parce que la distance entre le lieu où elle reçoit ses soins habituellement, à l’hôpital des Escoumins, et Chicoutimi, est inférieure à 200 km.
« Si mon médecin est aux Escoumins, je ne serai pas payée. Si mon médecin avait été à Forestville, j’aurais été payée », explique Julie Petitpas, évoquant le fait que plus de 200 km séparent Forestville de Saguenay.
« Vous m’avez payé une première fois. Vous nous donnez quelque chose pour nous l’enlever. Vous êtes cheap pas mal ! », a-t-elle lancé à l’employée au téléphone.
Voyant que ses commentaires ne changeaient rien, elle a publié son histoire sur les réseaux sociaux. Un employé du Centre de Santé l’a rappelée deux jours plus tard en lui mentionnant avoir vu la publication sur Facebook. « On a décidé qu’on va vous payer vos voyages à l’avenir. On va considérer que votre médecin de famille est à Forestville», lui aurait alors dit l’employé. La publication a depuis été retirée.
« Moi ça me dérange pas qu’ils ne me paient pas, mais il faut que ce soit juste pour tout le monde », conclut-elle en soulignant que des résidents du même village pourraient vivre le même problème.
Le Centre de Santé a finalement remis 29,50 $ à Julie Petitpas pour son déplacement.
Une politique de transports « discriminatoire »
Le résident de Longue-Rive, Serge Dion, s’est senti interpellé par l’histoire de Julie Petitpas. « Tout de suite, j’ai trouvé que c’est discriminatoire pour la population », lance l’ancien employé de l’hôpital des Escoumins.
« Ma crainte, c’est qu’avec notre population qui est pas très fortunée, qui est âgée et que des gens refusent de voir un spécialiste [à Saguenay] », déplore le retraité.
Une politique de transport «uniformisée »
Les problèmes vécus par Julie Petitpas s’expliquent par les délais nécessaires aux employés du Centre de Santé pour appliquer la nouvelle politique adoptée en octobre dernier, selon Pascal Paradis.
Il précise que la politique « contribue à « uniformiser » les façons de faire par rapport au remboursement des transports médicaux. Le conseiller en communication ajoute que ces nouvelles façons de faire ne constituent pas « une décision régionale », mais résultent plutôt d’une politique provinciale issue du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Conscient de l’enjeu posé par cette politique, le Centre de Santé de la Côte-Nord applique une « clause grand-père[sic] » qui garantit « que les résidents du secteur de la Haute-Côte-Nord, qui ont déjà été remboursés dans le passé pour des soins reçus à moins de 200 km, soit avant l’adoption de la nouvelle politique régionale, continueront d’être remboursés pour leurs frais de déplacement ».
Julie Petitpas a bénéficié de cette clause, selon Pascal Paradis, qui ajoute que la nouvelle politique de transport sera revue d’ici la fin de l’année.

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