Raphaël Picard lance un premier bouquin

Par Steeve Paradis 5:00 AM - 18 octobre 2019
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Raphaël Picard indique aux gens présents au lancement de son premier roman quels sont les gens qui figurent sur la page couverture.

Raphaël Picard indique aux gens présents au lancement de son premier roman quels sont les gens qui figurent sur la page couverture.

Homme politique, enseignant, chercheur, consultant,Raphaël Picard ajoute, à 70 ans, une nouvelle corde à son arc, celle d’auteur. Le fier Innu de Pessamit vient de lancer son premier roman, Nutshimit : vers l’intérieur des terres et des esprits.

Par le biais de ce bouquin, M. Picard veut faire revivre l’esprit des Innus d’antan, d’avant la sédentarisation, d’avant la modernité, ces Innus qui étaient directement en lien avec la nature qui les entourait. L’auteur veut faire découvrir leurs états d’âme, leurs pensées, leur philosophie de vie tout en traduisant l’esprit des grandes migrations.

« Dans mon adolescence, comme beaucoup de gens de ma communauté, ce monde a été ignoré. Pourtant mes parents, mes grands-parents, sont de ce monde. Ce sont de grands chasseurs, de grands pêcheurs », a relaté Raphaël Picard devant une soixantaine de personnes réunies au centre Ka Mamuitenanut pour le lancement du bouquin.

L’auteur fait valoir, au fil des pages, l’utilisation des rites et des légendes comme mode de gouvernance de ses ancêtres. « Il n’y avait pas de constitution, de gouvernement. Les décisions étaient prises selon les règles issues des coutumes », a-t-il lancé dans sa présentation faite à 60 % en innu, qu’il traduisait ensuite en français pour le bénéfice des quelques Blancs présents à l’événement.

M. Picard tient également à défaire un mythe voulant que les Innus de l’époque étaient des païens qui s’adonnaient au spiritisme. « Absolument pas, lance-t-il. Ils étaient monothéistes. En fait, les Innus sont très croyants et pratiquants, encore aujourd’hui. On peut parler ici de syncrétisme », fait-il valoir.

En gros, le syncrétisme est un mélange d’influences, une fusion d’éléments culturels différents. Le terme est surtout utilisé quand on parle de religion.

Objectif double

Dans ce processus de création, Raphaël Picard soutient avoir deux objectifs, le premier étant celui de la transmission du patrimoine. « C’est important de décrire ceux qui nous ont précédé. »

L’autre objectif est de développer la création littéraire dans sa communauté, un phénomène qui n’existe pas chez les Innus selon lui.

« Il faut se donner une littérature innue qui soit viable et non pas fondée sur le folklore. Notre projet de société, ce devrait être notre langue et notre culture. Il faut donc avoir ce type de livre pour amorcer une réflexion. Nos défis sont maintenant d’ordres patrimoniaux, ils ne sont plus financiers ou politiques », d’évoquer celui qui a été chef de Pessamit de 2002 à 2012.

« Avec ce livre, j’essaie de rendre justice à la pensée des Innus. J’espère que ça va pouvoir donner une grande appréciation de ce qu’on était », a-t-il ajouté.

Nutshimit : vers l’intérieur des terres et des esprits se veut le premier tome d’une trilogie. Il se déroule principalement l’été et l’automne, alors que les familles migrent vers leurs territoires d’hiver par les rivières Pletibishtuk (aux Outardes) et Manikuanishtuk (Manicouagan).

Le second tome, qui devrait s’intituler Nutshimit : le blanc des perdrix et des périls, traitera des familles qui sont à leur campement au nord. Le troisième tome sera fondé sur le retour de ces familles en bordure du fleuve, toujours par le truchement des deux mêmes rivières.

Fait à souligner, Raphaël Picard se lance dans la littérature par le biais de l’autoédition. « J’ai déjà perdu mes droits ancestraux, je ne perdrai pas mes droits d’auteur », a conclu celui qui s’est toujours opposé aux mécanismes d’extinction des droits des Premières Nations par traité.

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