Une tranquillité inquiétante à la Maison l’Amie d’Elle

Par Johannie Gaudreault 9:30 AM - 6 mai 2020
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La Maison l’Amie d’Elle de Forestville, offrant de l’aide et de l’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, vit une période tranquille depuis le début de la pandémie de la COVID-19, tout comme les autres maisons d’hébergement de la province.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle. « Ce n’est pas normal. Il y a beaucoup de personnes qui ne travaillent pas, alors les femmes n’ont peut-être plus de possibilité de parler ou de bouger », explique Johanne Gagnon, coordonnatrice de la Maison l’Amie d’Elle.

Toutefois, une deuxième vague d’éclosion du coronavirus pourrait faciliter la tâche aux femmes en difficulté.

« Les gens seront écœurés d’être confinés à la maison, alors on pourrait voir plus de femmes bouger et demander nos services physiques », de l’avis de Mme Gagnon.

Des affiches seront exposées dans les pharmacies du territoire afin de solliciter l’aide de la population.

Si des employés ou clients perçoivent des signes ou des comportements étranges chez des personnes, « ils doivent communiquer avec la Sûreté du Québec », déclare la coordonnatrice.

Avant la pandémie, la maison d’hébergement était « presqu’à pleine capacité », selon les données de la coordonnatrice. Alors que depuis la crise, « nous avons de la place pour accueillir plusieurs femmes », assure-t-elle.

Officiellement, la Maison l’Amie d’Elle couvre le territoire de la Haute-Côte-Nord, soit de Tadoussac/Sacré-Cœur à la rivière Bersimis. Mais, il lui arrive souvent d’accueillir des femmes de l’extérieur de la région.

« Ça nous arrive souvent d’accompagner des clientes d’autres régions du Québec. Certaines désirent d’éloigner davantage de leur conjoint violent et viennent se réfugier chez nous. Avec la COVID-19, ces cas ne sont plus possibles », soutient-elle.

Service externe
La Maison l’Amie d’Elle offre un service externe qui est très prisé en ces temps difficiles. Les femmes peuvent contacter les intervenantes par téléphone au 418-587-2533 ou via la page Facebook de l’organisme, ce qui peut être plus facile pour les personnes en difficulté.

« Le service externe est disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24, et il est très utilisé par notre clientèle », de confirmer Mme Gagnon, sans dévoiler de statistiques récentes sur l’achalandage de celui-ci, puisqu’elles ne sont pas encore compilées.

Mesures sanitaires
Afin de respecter les mesures sanitaires gouvernementales, l’organisme à but non lucratif s’est doté d’une chambre au sous-sol.

« Les nouvelles arrivées doivent y séjourner pendant 15 jours afin d’assurer la sécurité des autres clientes et de l’équipe de travail. Ce n’est pas évident pour elles », d’indiquer Johanne Gagnon, ajoutant que cette mesure fait rebrousser chemin à certaines femmes.

À défaut de pouvoir se laver au sous-sol, ni à l’étage, les femmes isolées doivent aller à l’hôtel pour effectuer leur toilette quotidienne.

« C’est pour cette raison que nous demandons d’avoir la priorité pour les tests de dépistage, pour que les femmes passent moins de temps au sous-sol et soient moins découragées d’utiliser nos services », lance la coordonnatrice.

Le port du masque n’était toujours obligatoire en maison d’hébergement, au moment d’écrire ces lignes. Mais l’organisme planifie de s’en doter puisque les employés ne peuvent pas travailler à deux mètres de leur clientèle. Du désinfectant pour les mains est aussi disponible pour tous.

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