Savoir naviguer dans l’habitat des baleines

Par Johannie Gaudreault 4:00 PM - 13 mai 2020
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Une formation en ligne gratuite a été lancée pour les plaisanciers et kayakistes naviguant dans le fleuve Saint-Laurent et le fjord du Saguenay. Courtoisie GREMM

Les plaisanciers du fleuve Saint-Laurent ont lancé un message clair dans le cadre d’un sondage réalisé en 2018 : ils veulent participer à la protection des mammifères marins. C’est ce qui a motivé le Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM) et du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) à créer une formation en ligne gratuite pour les plaisanciers et kayakistes naviguant dans le fleuve Saint-Laurent et le fjord du Saguenay.

Intitulée « Naviguer dans l’habitat des baleines », cette formation a été lancée le 6 mai et permet d’acquérir des connaissances sur les baleines et sur les règlements en vigueur pour les protéger. Elle est également adaptée selon les types d’embarcations : kayak, voilier ou bateau à moteur.

« Dans le cadre d’un sondage réalisé en 2018 par le ROMM, les plaisanciers naviguant dans l’habitat des baleines ont transmis un message très clair : ils veulent participer à la protection des mammifères marins. La formation répond à ce besoin en leur donnant toute l’information nécessaire pour connaître les règlements et les appliquer correctement », explique Esther Blier, directrice du ROMM.

« Nous recevions beaucoup de demandes d’information des plaisanciers sur les règlements à respecter pour ne pas nuire aux mammifères marins, mais en continuant leurs activités nautiques », renchérit Marie-Ève Muller, responsable des communications et de la philanthropie au GREMM.

Impacts

Est-il possible de naviguer en minimisant les impacts sur les baleines? À cette question, Mme Muller répond franchement : « oui, c’est tout à fait possible ». Toutefois, ce n’est pas tous les plaisanciers qui ont les notions nécessaires pour mettre en pratique les bons comportements.

Premièrement, il est très important de maintenir des distances avec les mammifères marins.

« Pour la majorité des espèces, les navigateurs doivent demeurer à 100 mètres. Pour les espèces en voie de disparition comme les bélugas du Saint-Laurent et les rorquals bleus, on doit s’en éloigner de 400 mètres », précise la responsable des communications.

Dans le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, d’autres règlements sur les distances doivent être pris en considération. « C’est ce que démystifie la formation, les distances et la vitesse devant être adoptées, qui diffèrent selon les endroits », ajoute Marie-Ève Muller.

De plus, les adeptes d’activités nautiques doivent pouvoir reconnaître les différents mammifères marins qu’ils rencontrent. En suivant la formation, « on apprend que les bélugas sont les seules espèces blanches et que les rorquals bleus sont bleu-gris et immenses », d’illustrer Mme Muller.

Nuisances

Deux éléments importants jouent un rôle dans la nuisance aux baleines du fleuve Saint-Laurent et du fjord du Saguenay. Selon Marie-Ève Muller, le bruit des moteurs est le principal dommage causé aux mammifères marins.

« Les baleines ne rencontrent pas seulement qu’un utilisateur de bateau à moteur par jour, alors elles doivent changer leur comportement pour éviter le bruit le plus possible, estime Mme Muller. Certains secteurs sont plus achalandés que d’autres comme Tadoussac et Rivière-du-Loup. »

Ensuite, la présence accrue de plaisanciers et kayakistes cause un autre préjudice aux baleines. Comme l’explique la responsable des communications au GREMM, les navires sont des obstacles qui empêchent les baleines de remonter respirer à la surface de l’eau. « Elles doivent analyser chaque élément qu’elles rencontrent, ce qui est un facteur de dérangement », poursuit-elle.

« La protection des baleines, surtout des populations en péril comme celle du béluga du Saint-Laurent, est l’affaire de tous les usagers du fleuve. Avec cette formation, nous voulons faire découvrir les baleines et sensibiliser les plaisanciers et kayakistes à leur impact potentiel sur elles», souligne Robert Michaud, président du GREMM.

Rapide et accessible

Développée en partenariat avec Parcs Canada et Pêches et Océans Canada, la formation est rapide à compléter, gratuite et bilingue. Elle prend entre 30 et 45 minutes et elle est accessible autant sur mobile que sur ordinateur.

Pour réaliser la formation, rendez-vous sur navigationbaleines.ca. Un certificat symbolique est remis lorsque la formation est suivie avec succès. Ce projet a été financé dans le cadre du Programme de l’intendance de l’habitat pour les espèces en péril de Pêches et Océans Canada et avec le soutien du programme Faune en danger, de la Fondation de la faune du Québec.

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