L’été, c’est fait pour jouer

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 10 juin 2020
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Courtoisie iStock

L’été, c’est fait pour jouer chante Passe-Partout. Est-ce que c’est ce que connaîtront les enfants durant les vacances estivales en pleine crise sanitaire mondiale? Je suis désolée pour eux, mais non. Entre le télétravail des parents, les camps de jour restrictifs, l’annulation des camps de vacances et les petites gardiennes technologiques au cellulaire collé à la main, la marmaille devra se contenter de peu cet été.

Dr Marc Lebel, pédiatre-infectiologue au CHU Ste-Justine et président de l’Association des pédiatres du Québec (APQ), s’entend pour dire que la distanciation physique de deux mètres est nuisible à la santé mentale des enfants.

« On est en train de créer une génération de peur », m’a-t-il confié.

Nous n’avons qu’à penser aux récréations que vivent désormais nos enfants à l’école. Certains diront que « ce n’est pas si pire ».

Remontez dans vos souvenirs et rappelez-vous ce que vous avez apprécié le plus pendant vos années scolaires.

Dans mon cas, c’était les compétitions sportives et la création de pièces de théâtre avec le talentueux Robert Bouchard.

Êtes-vous surpris que ça ne soit pas quand je dessinais à la craie dans un petit carré à deux mètres de mes amis?

En fait, je me souviens de la fierté qu’on ressentait quand on gagnait contre les équipes de basketball de Sept-Îles et Baie-Comeau, quand on se prenait dans nos bras, trempés de sueur, à la fin des matchs et qu’on allait tous ensemble au vestiaire pour célébrer notre victoire.

Je me souviens des répétitions de théâtre dans la salle de classe de M. Bouchard. On s’appuyait tout un chacun pour voir la réussite et le cheminement de nos amis.
On s’assoyait sur des coussins collés les uns contre les autres pour créer une synergie de troupe.

On se coiffait, maquillait et costumait ensemble dans une petite loge pour le grand soir, sans masques ni désinfectant pour les mains.

Détrompez-vous, je ne suis pas envahie de nostalgie, je ne peux me résigner à concevoir que les enfants et adolescents de la province ne vivront pas ces moments intenses de bonheur pendant des jours, des mois et peut-être même des années.

Et tout ça, parce qu’ils doivent protéger les aînés du virus. Au point où nous sommes rendus dans l’évolution de la pandémie, il est clair que les enfants ne sont pas les grandes victimes de la COVID-19, selon Dr Lebel.

« Les enfants contractent moins souvent le virus, ne sont pas hospitalisés la majorité du temps et aucun décès n’est survenu au Québec. Les cas d’infection sont causés par des adultes qui l’ont transmis aux jeunes, ce ne sont pas les jeunes qui le transmettent » : voici son discours.

Selon le pédiatre-infectiologue, « la distanciation sociale en bas de 12 ans, on oublie ça ».

Il ne faut pas se cacher que six mois peuvent paraître peu pour un adulte. Mais quand on a six ans ou 12 ans, c’est énorme dans une vie.

« Il aurait fallu que ça change hier », témoigne Dr Marc Lebel.

Rappelons également la baisse de 30 % des signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Ne pensez pas que c’est une bonne nouvelle.

Ça veut seulement dire que les écoles et garderies, ne côtoyant plus les enfants, ne peuvent plus faire de dénonciation.

« C’est très inquiétant. Il n’y a plus de filet de sécurité et tout le monde a la mèche plus courte », appuie le président de l’APQ.

Je suis inquiète pour le développement affectif de nos enfants, de celui de ma fille. Mettre le développement des enfants sur pause, c’est impensable selon moi.

En ce moment, tout ce qu’ils apprennent c’est à avoir peur, alors qu’ils devraient s’amuser, partager, apprendre et côtoyer leurs amis.

On ne sait pas combien de temps nous vivrons ainsi, mais voyons chaque classe, chaque groupe de camp de jour comme une famille, chaque équipe sportive, chaque garderie comme des familles à part entière.

Laissons les enfants se prendre par la main, découvrir comment consoler leurs amis et sortons-les de leur petit carré grand comme quatre tuiles.

Comme me l’a confirmé Dr Marc Lebel, les bénéfices seront très supérieurs aux risques.

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