Investissement de 1,4 M$ pour la baie de Tadoussac

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 21 juillet 2020
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La municipalité de Tadoussac travaille depuis plusieurs années sur un projet visant la protection du pied de la falaise dans la partie nord de la baie par le rechargement en sable et gravier. Un projet de règlement a finalement été déposé le 6 juillet, en assemblée extraordinaire du conseil municipal, grâce à une subvention de 1 M$ du ministère de l’Environnement.
« Les changements climatiques ont eu des répercussions sévères sur la baie de Tadoussac, d’affirmer le maire Charles Breton. Les coûts des travaux étant estimés à 1 415 639 $, la municipalité ne pouvait assumer seule la réalisation du projet. »
En avril dernier, la municipalité a reçu la confirmation du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) qu’une somme de 1 M$ lui serait versée dans le cadre du programme Climat municipalité – phase 2.
D’autres demandes d’aide financière ont été déposées pour 56 625 $ au ministère de l’Éducation, 50 000 $ à la MRC de La Haute-Côte-Nord et 250 000 $ au Fonds du Grand Mouvement Desjardins.
Si toutes ces demandes sont acceptées, la municipalité n’aurait qu’à débourser un montant d’environ 70 000 $, dont 30 000 $ en biens et services, selon la directrice générale Marie-Claude Guérin.
Comme la municipalité ne dispose pas des ressources financières nécessaires à la réalisation des travaux, un emprunt a été autorisé par les membres du conseil municipal. « L’emprunt total sera de 415 639 $ sur 20 ans vu la confirmation du MELCC », déclare Mme Guérin.
Pour rembourser la contribution municipale sur cet emprunt, soit 40 000 $, une taxe spéciale sera créée. Une portion de 75 % de celle-ci sera déboursée par tous les propriétaires d’immeubles imposables à Tadoussac et le 25 % restant par les résidents du secteur de la baie sur une distance de 600 mètres où l’érosion des berges est observée.
Le remboursement annuel des citoyens se chiffrera donc à 2 400 $, soit une somme de 3.42 $ à 7.60 $ pour l’ensemble des contribuables et à 50 $ pour les propriétaires privés et institutionnels du secteur touché.
Mandat à l’UQAR
Afin de mener à bien le projet, la municipalité doit se doter d’un expert en la matière. Dans ce cas-ci, c’est l’Université du Québec à Rimouski qui s’est vue octroyer le mandat d’expertise pour une somme totale de 135 000 $, conditionnelle à l’obtention des subventions demandées. « L’UQAR nous accompagnera avant, pendant et après les travaux », a ajouté M. Breton.
Le 13 juillet, le règlement a été adopté et entériné par résolution. Seulement le conseiller Guy Therrien était contre l’adoption de ce projet puisqu’il n’est pas satisfait du secteur choisi. Une heure avant, le concepteur de la recharge de plage Yann Ropars, spécialiste en génie côtier, a présenté en détails le déroulement du projet-pilote devant 13 participants.
Au total, 600 mètres de berges auraient besoin d’être protégées. Comme les coûts de rechargement en sable et gravier sont onéreux, il est impossible pour la municipalité de débourser une telle somme. C’est pourquoi un projet pilote de 150 mètres a été mis sur pied pour commencer la protection des berges dans des endroits considérés comme plus critiques par l’ingénieur responsable du dossier.
Le rechargement débutera à la maison Dufferin et se terminera à la fin du terrain de l’école, tel que mentionné par M. Ropars.
« La maison Dufferin commence à être atteinte par l’érosion des berges. Elle tombera à moyen terme. Quant à l’école, elle perd déjà du terrain en raison de l’érosion », explique le consultant.
Depuis les années 1865 que le problème d’érosion est présent dans la baie de Tadoussac et que de nombreuses actions ont été tentées afin de contrer la problématique : murs de béton, encaissements de bois, enrochements et systèmes de drainage.
« Mais, ces infrastructures sont actuellement insuffisantes pour arrêter l’érosion », a précisé M. Ropars.
Le relevé des niveaux d’eau a permis de découvrir que la limite des hautes eaux (LHE) est à la même hauteur que le muret de béton en place.
« La limite extrême actuelle dépasse l’élévation du muret. Ajoutez des vagues et vous venez éroder directement dans le pied de la falaise », a expliqué l’ingénieur.
La meilleure solution dans le cas de cette érosion côtière est la recharge de plage en sable et gravier.
« L’aspect naturel de la baie serait préservé ainsi que les fonctions récréotouristiques », estime Yann Ropars, précisant que le projet nécessitera 13 750 mètres cubes de matériaux granulaires.
Impacts
Si rien n’est fait, à court et moyen terme, le spécialiste prévoit le glissement de la falaise, la disparition du couvert végétal, l’augmentation de la fragilité de la falaise aux glissements ainsi que la mise en péril de résidences, dont la maison Dufferin.
À moyen et long terme, la fragilisation accélérera le recul du haut de la falaise impactant les infrastructures s’y retrouvant telles que l’école (17 m), les résidences (14 m) et la rue (28 m).
« Cela nuira au développement touristique et économique, à la valeur du paysage, à la valeur du patrimoine bâti et culturel et aux infrastructures municipales », de conclure M. Ropars.

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