Dre Johannie Liu porte le masque. Et vous?

Par Emelie Bernier 3:34 PM - 29 juillet 2020
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Sommité dans le monde de l’épidémiologie, Dre Johanne Liu participait le 17 juillet dans Charlevoix, à un événement mariant l’art, la science, le politique et le communautaire afin de promouvoir une pratique essentielle et obligatoire depuis le 18 juillet: le port du masque.

La pédiatre Johanne Liu jette un regard à la fois critique et indulgent sur la gestion de la crise actuelle. « Oui, on aurait pu être meilleur, mais je pense qu’il faut relativiser. On est tous dans des scénarios inédits et tout le monde a une marge d’amélioration, mais il faut avoir une certaine indulgence. On est dans une courbe d’apprentissage difficile et stressante, notamment parce qu’ici, on n’a jamais vraiment fait face à de grandes épidémies», commente la médecin.

Le Québec et le Canada manquent «d’exercice pratique» en matière de pandémie, ne peut-elle que constater. «Il y a quelques années, on a eu un peu de cas de SRAS. On s’était beaucoup préparé, théoriquement, pour la grippe porcine. Les gens étaient fébriles, mais on n’a pas eu l’éclosion attendue. Souvent, quand on n’a pas les cas attendus, tout ça devient un exercice théorique, mais la pratique, c’est ce que ça prend pour ajuster nos scénarios. Et c’est ce que la COVID apporte », dit la femme.
Présidente jusqu’en décembre dernier de Médecins sans frontières, Johanne Liu a été au front dans plusieurs batailles contre des virus dévastateurs.

« Dans les 15 dernières années, on note une accélération et une multiplication des épidémies locales et régionales et des pandémies. On commence avec le SRAS en 2003, la Swine Flu (fièvre porcine), le MERS (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient), Ebola en 2014, la Zika en 2017-18 et maintenant la COVID », énumère-t-elle. L’heure est à la prise de conscience collective, selon la docteure Liu. «On est en train de mettre un lien entre tout ça et ça interpelle beaucoup les gens, dont les activistes écologistes, parce qu’on est en train de démontrer que la pression sur l’environnement est ce qui permet aux virus qui vivent dans un hôte biologique animal de sauter à l’humain et de se propager sur la planète. Il y a toute l’approche «One health», globale, à promouvoir et qui lie la santé animale, humaine et environnementale en un tout à protéger. »

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