Pessamit et Wemotaci font front commun contre Québec et Hydro-Québec

Par Charlotte Paquet 3:50 PM - 5 août 2020
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Les Innus de Pessamit et les Atikamekws de Wemotaci, en Mauricie, réclament des compensations pour les ouvrages de production hydroélectrique, comme ici à Manic-2, aménagés sans leur consentement sur leurs terres ancestrales. Photo courtoisie

Un autre chapitre s’ouvre dans les relations entre des nations autochtones, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec. Les Innus de Pessamit et les Atikamekws de Wemotaci, en Mauricie, font front commun pour exiger des compensations pour les ouvrages érigés sur leurs territoires ancestraux au fil des ans, sinon ils « menacent de faire dérailler le projet de ligne de transport d’électricité passant par l’État du Maine vers le Massachusetts. »

Les deux groupes ont mis cartes sur table mercredi matin lors d’une conférence de presse convoquée à Québec. Ils réclament un retour du balancier de la part du gouvernement du Québec et de la société d’État qui, selon eux, opèrent 33 des 63 ouvrages de production hydroélectrique sur leurs terres alors qu’ils n’ont jamais été consultés ni compensés, selon ce qu’on peut lire dans un communiqué. Cela vaut également pour les réservoirs et les lignes de transport aménagés qui s’y trouvent.

Pessamit affirme que la société d’État exploite de façon illégitime sur son Nitassinan 12 centrales liées à 11 réservoirs et mises en service entre 1932 et 1978, ce qui représente une puissance installée de 10 142 MW.

Les deux nations se rebiffent donc à la pensée que Québec veuille écouler ses surplus énergétiques vers les États-Unis pour engranger des profits.

Un rappel

On se souviendra qu’en 2018, pour acheminer 9,45 TWh d’énergie vers le Massachusetts, il était question de construire une ligne de transport traversant le New Hampshire.

Le chef René Simon assure que les démarches de Pessamit en sol américain auprès de médias, d’instances politiques, d’organismes réglementaires et d’opposants en général ont compté pour beaucoup dans l’échec du projet, qui avait été rejeté par la Cour suprême du New Hampshire en 2019.

Aujourd’hui, Hydro-Québec mise sur le Maine pour faire transiter son électricité. En collaboration avec les Atikamekws de Wemotaci, Pessamit prévient que l’histoire récente pourrait se répéter.

Les deux nations rappellent que le projet de ligne de transport transitant par le Maine représente une « opportunité inespérée de faire respecter leurs droits sur leurs territoires ancestraux ». Elles comptent la saisir pour, disent-elle, « forcer le règlement qui leur a toujours été refusé ».

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