Confinement : la Côte-Nord ne lance pas la serviette

Par Charlotte Paquet 12:17 PM - 7 janvier 2021
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À l’instar des autres élus de la Côte-Nord, le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, a l’intention de poursuivre les démarches pour faire comprendre au gouvernement du Québec la réalité atypique de la région en matière de pandémie de COVID-19.

Le gouvernement du Québec a beau avoir fait la sourde oreille à leurs demandes d’exclure la Côte-Nord du confinement, les élus ne lancent pas la serviette pour autant. Ils continuent de réclamer un traitement particulier pour leur région atypique en matière de pandémie.

Une rencontre virtuelle avec le ministre Jonatan Julien est sollicitée. Le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, et le député de René-Lévesque, Martin Ouellet, ont bon espoir qu’elle pourra se tenir d’ici vendredi. Faut-il rappeler que les nouvelles mesures draconiennes annoncées par Québec pour contrer la vague de COVID-19, notamment un couvre-feu, doivent entrer en vigueur samedi et se poursuivre jusqu’au 8 février.

« Ce qu’on dit, c’est tenez compte de la réalité spécifique de la Côte-Nord, qui est très différente du reste du Québec », souligne le maire, qui implore les citoyens à continuer de respecter les consignes sanitaires, même s’ils sont déçus de la décision du gouvernement.

Avec 15 cas actifs sur une population de près de 100 000 habitants, Yves Montigny mentionne que la situation pandémique sur la Côte-Nord n’a rien de comparable au reste du Québec. Il rappelle qu’à Québec et Montréal, le nombre de cas par 100 000 habitants frise respectivement le cap des 300 et des 600. Les chiffres du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont tout autant inquiétants.

« Le gouvernement, il ne faut pas qu’il oublie qu’il y a des réalités régionales », lance-t-il, en ajoutant que le fait que le ministre responsable de la région n’habite pas la Côte-Nord ne l’aide pas à comprendre ses particularités.

Un échange de textos avec un représentant du cabinet du premier ministre qui cherchait à savoir, mercredi, pourquoi l’idée du confinement ne passait pas sur la Côte-Nord a confirmé au maire une chose : qu’il soit d’allégeance caquiste ou libérale, le gouvernement en place n’écoute pas la région. « C’est comme s’il savait plus que nous ce qui est bon pour nous », retient-il.

La santé publique

De son côté, le député péquiste de René-Lévesque, Martin Ouellet, affirme que des tentatives seront faites auprès de la direction nationale de la santé publique afin de comprendre ce qui se passe. « On va essayer d’avoir une rencontre pour qu’ils nous expliquent en quoi le fait qu’on nous met en confinement changera quelque chose à la situation pandémique sur la Côte-Nord. »

Quant à la rencontre avec Jonatan Julien, ce dernier s’est montré ouvert, mais en avant-midi jeudi, encore aucune confirmation n’avait été reçue.

Martin Ouellet se demande si une entente particulière ne pourrait pas être faite avec la Côte-Nord, ce qui lui permettrait d’éviter le confinement et tous les impacts qui en découleront. « On peut-tu mettre un objectif à ne pas atteindre. Si on l’atteint, le confinement s’appliquerait », explique-t-il, en rappelant qu’un couvre-feu avec le peu de cas actifs est incompréhensible.

Le député rappelle que la Côte-Nord est souvent derrière les autres régions sur le plan économique, ce qui est loin d’être le cas en matière de pandémie. « Pour une fois que la Côte-Nord est première de classe, ce n’est pas pris en considération », déplore-t-il.

Chambres de commerce

La Chambre de commerce et d’industrie de Manicouagan (CCIM) et la Chambre de commerce de Sept-Îles-Uashat-mak-Mani-utenam (CCSIUM) réclament aussi un traitement différent pour la Côte-Nord.

Dans un communiqué émis mercredi soir, elles affirment : « Conscientes de la fragilité du système de santé, nous comprenons que des mesures additionnelles doivent être mise en place, mais les Chambres de commerce demandent tout de même que les entreprises de la région puissent recommencer leurs activités tout en maintenant les mesures de préventions mises en place avant et durant la période des fêtes. »

Tout en ne remettant pas en cause le couvre-feu, les deux organisations saluent les ajustements faits par le gouvernement pour permettre la cueillette des achats à la porte des commerces de détail.

Vice-président de la CCIM, Jean-François Gauthier dit trouver « absurde que les entreprises de la région doivent se plier aux mêmes restrictions que l’ensemble du Québec. Déjà aux prises avec plusieurs problèmes financiers, ce confinement sera fatal pour plusieurs entreprises alors que le gouvernement peut éviter cette situation ».

De son côté, la coprésidente de la CCSIUM, Kateri C. Jourdain, rappelle que « même si les secteurs manufacturiers et miniers demeurent ouverts, il n’en demeure pas moins que la Côte-Nord compte d’autres secteurs d’activités qui seront pénalisés ».

Avec la collaboration de Laurence Dupin

 

 

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