Médecins dormeurs au CLSC de Forestville

Par Shirley Kennedy 4:17 PM - 28 avril 2021
Temps de lecture :

CLSC de Forestville. Archives

Hamel Perron et une dame âgée de 92 ans ont vécu une mauvaise expérience à l’urgence du CLSC de Forestville. À trois semaines d’intervalle et à la demande de l’infirmière sur place, les médecins de garde (différents pour les deux cas) ont refusé de sortir du lit pour évaluer leur état de santé.

Shirley Kennedy

Atteint de trois cancers, Hamel Perron de Forestville s’est présenté à l’urgence dans la nuit du 3 avril à 2 h du matin affligé par des douleurs importantes dans plusieurs parties de son corps. Il a bien essayé de supporter le mal, mais ses maux de tête devenaient insupportables. « Même après avoir pris un cachet de dilaudid (dérivé de la morphine), à 2 h du matin je n’en pouvais plus », raconte-t-il.

L’infirmière qui le reçoit prend ses signes vitaux et lui confie « qu’elle lui passerait bien un électro mais sans autorisation du médecin de garde, elle risque de se faire chialer ».

Elle parle au médecin qui refuse de se rendre au chevet de M. Perron et lui indique de « prendre deux dilaudid au lieu d’une ». L’infirmière lui conseille de revenir le lendemain si la douleur persiste.

« Je n’ai pas dormi de la nuit, donc à 8 h je me présente encore à l’urgence et c’est le Dr Olivier Roy qui m’accueille. Il me passe un électro et il me transfère par la suite à l’Hôpital de Baie-Comeau pour un Taco. Il redoutait une embolie pulmonaire ou un « caillot », rapporte Hamel Perron.

Après les examens d’usage, M. Perron retourne chez-lui, soulagé des résultats qui ne démontrent aucun signe d’embolie ou de caillot. « On n’a jamais pu savoir ce que j’ai eu », dévoile le Forestvillois en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord.

Couche-tôt

L’épisode survenu à l’urgence du CLSC impliquant une dame âgée de 92 ans de Portneuf-sur-Mer, est dénoncée par son fils qui désire garder l’anonymat pour sa mère dont la santé est fragile. L’événement date de quelques jours, soit le 26 avril dernier, à 22 h. « C’est ma sœur qui appelle les services d’urgence (ambulance) et qui l’accompagne au CLSC, elle est sous antibiotiques et très malade. Elle vomit, elle a la diarrhée et bien entendu elle est très faible vu son grand âge », explique l’homme.

Isolée dès son arrivée à l’établissement en raison de ses symptômes, malheureusement elle ne verra pas le médecin ce soir-là. « Ce dernier refuse de se lever », indique l’infirmière. Une couverture et un suppositoire plus tard, la nonagénaire sera renvoyée chez-elle illico.

« Ce n’est pas mon genre de me plaindre, surtout pas dans les médias, ajoute le fils, mais ils sont très bien payés pour venir faire de la garde ici. Et c’est révoltant qu’une personne âgée de 92 ans ne puisse avoir accès à un médecin de l’urgence à 22 h du soir », conclut-il.

Réactions du CISSS de la Côte-Nord

Par courriel, le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord Pascal Paradis, a mentionné au Journal Haute-Côte-Nord que son organisation ne peut pas commenter les situations particulières vécues par des usagers pour des raisons de confidentialité. « Nous faisons des vérifications à l’interne concernant les situations décrites. De façon générale, c’est une procédure normale pendant la nuit qu’un médecin donne un plan de traitement verbal lorsque la situation le permet », a-t-il répondu.

Il souligne par ailleurs qu’il est important de rappeler aux usagers que s’ils sont insatisfaits des soins reçus, ils peuvent formuler une plainte à la commissaire aux plaintes et à la qualité des services. « S’il s’agit d’une plainte à caractère médical, le dossier sera transmis à un médecin examinateur pour évaluer les interventions médicales effectuées dans nos installations », a-t-il mentionné par courriel.

Partager cet article