Deux visions chez les citoyens

Par Johannie Gaudreault 12:02 PM - 20 juillet 2021
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Le citoyen Daniel Mailloux s’est exprimé lors de la rencontre publique en soutenant l’enrochement limitant l’accès aux dunes de sable.

Après qu’une pétition ait circulé auprès des citoyens de Tadoussac, les élus ont décidé d’organiser une rencontre publique au sujet de l’accès aux dunes. Le 15 juillet à l’église Sainte-Croix, une soixantaine de résidents s’est exprimée et deux visions s’en sont dégagées.

D’entrée de jeu, Mona Dufour a tenu à lire la pétition devant le conseil municipal et l’assemblée, précisant qu’elle n’en était pas l’auteure. Une copie a également été remise aux élus.

« L’enrochement des accès par la Municipalité sans consultation publique est aberrant. Nous nous opposons farouchement à la décision du maire et de ses conseillers et nous leur demandons de se rétracter dans leur lancée de dépenses inutiles et de destruction de notre village jadis vert et accueillant », a-t-elle divulgué.

Une période de questions s’est par la suite déroulée puisque les participants n’étaient pas au courant de tous les détails entourant cette limitation d’accès. Le maire Charles Breton a donc précisé les raisons qui ont poussé le conseil municipal à agir de cette manière ainsi que les gestionnaires du site des dunes, soit le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Première vision

Joëlle Pierre et Daniel Mailloux, deux résidents de Tadoussac, ont approuvé l’initiative des élus municipaux de protéger le secteur grâce à l’enrochement. « Je suis satisfaite de ce qui a été fait. Je retrouve enfin mes dunes. Avant, on ne les voyait plus tellement il y avait de véhicules sur le site », a commencé Mme Pierre.

« On invite les touristes à venir ici en grand nombre et là, ce sont eux qui nous ont envahis. Ce n’est plus la même chose qu’il y a 20 ans, on est rendu en 2021. On a à gérer une masse de monde qui prend la place si on ne s’organise pas pour la protéger. Au moins ça garde la place ouverte. Ceux qui ont de bonnes idées, on veut les entendre », a poursuivi M. Mailloux.

Cette vision est partagée par plusieurs participants, dont Paulin Hovington, homme d’affaires bien connu de la population. « Comment on peut conserver ce joyau? a-t-il questionné. Il faut l’admettre, on est chanceux d’avoir les dunes de sable ici. On a une obligation pour les générations futures de mettre un encadrement qui va nous permettre d’assurer un bon développement de cette partie de Tadoussac. »

M. Hovington a aussi reconnu l’importance des visiteurs. « Il ne faut pas oublier non plus que Tadoussac sans les touristes, ce n’est rien du tout. Je serais en faveur de la création d’un comité pour préparer une recommandation pour le bien-être des dunes. Il me semble qu’on rate le bateau si on abandonne cet espace naturel au moment où le gouvernement se fend en quatre pour créer des réserves naturelles. »

Également en faveur de la protection des dunes, Mona Marquis a soutenu que l’enrochement était une solution facile et rapide, mais qu’il y aurait peut-être un autre moyen, plus esthétique, de limiter l’accès au site comme des boîtes à fleurs, en attendant la prise en charge par la SÉPAQ, le cas échéant. « Quand les gens viennent à Tadoussac, ils pensent que tout est permis », a-t-elle lancé.

Seconde vision

Une deuxième ligne de pensée a été exprimée par quelques citoyens, dont Martin, un septuagénaire qui n’accepte pas de se faire enlever l’accès aux dunes en véhicule. « Ça m’arrache le cœur, a-t-il lancé. Ça fait deux ans que je ne peux plus aller souper aux dunes avec ma femme. Vous nous enlevez un morceau de Tadoussac, j’ai mon voyage. »

Florent Villeneuve, quant à lui, a questionné la capacité financière de la Municipalité qui n’est pas suffisante pour gérer les dunes, selon le conseil municipal. « Vous dépenser 1.5 M$ pour un nouveau stationnement et un autre 1.5 M$ pour une nouvelle bibliothèque et vous n’avez pas assez d’argent pour les dunes. Je ne comprends pas. »

Celui-ci a déclaré ne pas être en faveur de créer un parc national dans un village. « À l’anse à la barque, on doit maintenant payer 9 $ pour y accéder. C’est notre territoire, on paye des taxes. Il faut prendre le pouvoir complet aux dunes en rachetant les terrains. On sera chez nous », a-t-il clamé.

Le propriétaire de l’Auberge de jeunesse de Tadoussac, André Tremblay, a aussi fait valoir son point de vue. « Un parc de conservation, il ne faut plus déranger rien. Pour changer un grain de sable aux Dunes, ça va prendre un conseil des ministres. C’est un frein pour moi. L’avenir des dunes passe par un partenariat entre la Municipalité, la SÉPAQ et les citoyens. »

Après deux heures de discussion, la rencontre a été clôturée. Les personnes intéressées à participer à un comité pour l’avenir des dunes ont été invitées à laisser leur nom et leurs coordonnées.

Les roches seront enlevées après la saison touristique à l’automne et le conseil municipal s’est dit ouvert à trouver d’autres solutions en attendant la création ou non d’un parc national par le MFFP.

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