« Les jeunes de 14 ans nous ont sauvés »

Par Charlotte Paquet 6:51 AM - 29 juillet 2021
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La copropriétaires des Tim Horton de Baie-Comeau et Forestville Julie Tremblay, entourée de deux employés.

« Nos 14 ans nous ont sauvés cette année pour permettre les vacances des employés », lance Julie Tremblay, copropriétaire, avec son conjoint Pascal Simard, des trois restaurants Tim Horton de Baie-Comeau et de celui de Forestville, où travaillent 105 personnes. L’an passé, elle avait dû annuler des vacances.

Au cours des derniers mois, l’entreprise s’est tournée vers les adolescents plus jeunes, même de 13 ans, car les curriculums vitae des 16 à 18-19 ans sont très rares.


« Ce qui est disponible présentement comme main-d’œuvre, c’est ceux qui n’ont pas travaillé (en 2020) et qui n’ont pas le droit à l’aide financière », précise la femme d’affaires. Même si elle refuse de généraliser cette pratique, il n’en demeure pas moins que bien des jeunes préfèrent profiter de la Prestation canadienne de relance économique (PCRE) du gouvernement fédéral plutôt que d’aller travailler, à son avis.


L’an dernier, l’embauche de très jeunes adolescents était exceptionnelle. « On avait des CV, on avait le choix. Aujourd’hui, on a beau passer des annonces, des CV, y’en rentrent plus », poursuit celle qui n’a reçu absolument aucune candidature pour un poste de pâtissier annoncé depuis un mois pour le restaurant de Forestville.
La pénurie est telle que les employeurs sont forcés de retenir leurs interventions plus souvent qu’à leur tour pour garder leurs employés. « On tolère presque n’importe quoi. Il y a des choses inacceptables, mais en 2021, on ne peut plus chialer. On n’ose plus rien dire », laisse tomber Julie Tremblay, d’un ton découragé.


Quart des employés
Le rajeunissement du personnel se remarque facilement pour la clientèle. Dans le seul restaurant du boulevard Laflèche (à côté du Pétro-Canada), les jeunes de 13 et 14 ans représentent près du quart des employés réguliers avec 9 sur 40.
Jusqu’à il y a deux ans environ, il était quasi impossible d’obtenir un emploi chez Tim Horton en bas de 16 ans. Pour faire face au manque d’employés, les 15 ans ont ensuite fait leur entrée. Cette année, on passe aux 13 et 14 ans.
« On est agréablement surpris. C’est une belle génération qui s’en vient. Ils sont dynamiques et intéressés, mais il reste que c’est un jeune de 13-14 ans avec le bagage de vie qu’il a », ajoute Julie Tremblay.


Risque de fermeture
L’approche de la rentrée scolaire à la fin août fait craindre le pire. Julie Tremblay et Pascal Simard, les deux copropriétaires, se demandent comment ils vont réussir à garder leur salle à manger ouverte, comme elle l’est présentement, c’est-à-dire de 6 h à 22 h. « J’ai des employés qui ont encore accès à la PCRE et qui ne veulent pas faire plus que deux shifts pour ne pas couper leur prestation », fait remarquer la patronne.
La pénurie d’employés est davantage ressentie pour le quart de travail de soir, c’est-à-dire de 14 h à 22 h. « À 14 h, mes jeunes n’ont pas fini l’école. J’ai comme un trou jusqu’à 16 h, 16 h 30. »


S’il ne peut faire autrement, le couple Tremblay-Simard envisage la fermeture de salles à manger pour cette partie de la journée afin de ne conserver que le service à l’auto. Il y pense, mais espère de tout cœur ne pas devoir se rendre là.

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