Des récoltes de bleuets anéanties par le gel

Par Shirley Kennedy 12:00 PM - 3 août 2021
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Daniel Harvey assure maintenant la présidence de l’Union des producteurs agricoles de la Côte-Nord. Photo archives

Tel qu’appréhendé lorsque le gel s’est manifesté ce printemps, la saison s’annonce difficile pour quelques producteurs de bleuets nord-côtiers alors qu’elle est qualifiée de catastrophique au Saguenay-Lac-St-Jean où on anticipe jusqu’à 70% de pertes des récoltes.

La chaleur précoce et hâtive de la saison du renouveau n’a pas été favorable à tous les agriculteurs. Les plants ayant emmagasiné précipitamment beaucoup d’énergie, ils ont été soumis au gel pendant la floraison, qui survient normalement plus tard.

« Les fleurs étaient sorties lorsque le gel est apparu, précise Daniel Harvey, producteur et président de l’Association des producteurs de bleuets de la Côte-Nord. La floraison est très fragile, ajoute-t-il. À – 2 degrés Celsius, la fleur perd toutes ses capacités de faire un fruit. »

Selon les informations qu’il détenait au moment d’aller sous presse, l’effet du gel sur les bleuetières de la région a été sporadique en raison de la situation géographique de celles-ci.

« Ma bleuetière à Manic-2 a subi un peu de gel aussi et je sais que certaines dans les secteurs de Forestville, Les Escoumins et Sacré-Cœur aussi. »

Protégées par le fleuve

Selon le producteur expérimenté, les bleuetières à proximité de fleuve Saint-Laurent ont été épargnées du gel, cette situation étant imputable à un retard de la floraison.

« Ça joue de quelques jours d’un endroit à l’autre, d’autant plus que la pollinisation a été très longue cette année, ça duré presque un mois », avance-t-il.

Les deux bleuetières situées à Longue-Rive n’ont subi aucun dommage de même que celles à partir de la Manicouagan en direction est.

« La production est super belle. On ne dira pas exceptionnelle mais en haut de la moyenne normale », se réjouit le producteur pour ses confrères et consœurs de l’est de la Côte-Nord.

Le phénomène soulevé cette année est inhabituel pour Daniel Harvey qui évolue dans ce domaine depuis plus de 20 ans.

« C’est la première année que j’ai à subir un gel. En ce qui me concerne, je perds environ 60% de ma production, déplore-t-il. À Sacré-Cœur c’est arrivé quelques fois puisqu’ils sont dans les terres, leur floraison est comparable avec celle du Saguenay-Lac-St-Jean, donc malheureusement ils vont encaisser des pertes estimées entre 60 % et 80 %. »

Les quelque 55 producteurs du petit fruit bleu se partagent environ 6 000 hectares en sol nord-côtier.

Selon M. Harvey, la sécheresse des dernières années a eu un impact considérable sur la récolte des bleuets du Saguenay-Lac-St-Jean, de la Côte-Nord et de l’État du Maine aux États-Unis.

« Les volumes en entrepôt sont complètement à zéro, ce qui fait augmenter le prix du bleuet. »

Le producteur cite les économistes qui prévoient un prix assez élevé pendant quelques années, le temps que les stocks soient renfloués.

« Pour la récolte de 2020 le prix est monté jusqu’à 1,05 $ la livre. Pour 2021 on ne sait pas encore mais ça devrait jouer autour de ça. »

La majeure partie des volumes de bleuets de la région est écoulée au Lac-St-Jean, bien que quelques usines de nettoyage ont émergé au cours des dernières années.

Variable sur la Côte-Nord, la récolte débute en général vers la mi-août.

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