Les Nord-Côtières se mobilisent

Par Emy-Jane Déry 7:00 AM - 3 septembre 2021
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Photo Orange Pomme Photographie

Ça fait plus d’une vingtaine d’années que des femmes se mobilisent sur la Côte-Nord dans l’espoir d’obtenir les services de sages-femmes et d’une maison de naissance. Malgré les nombreux efforts, aucun projet n’a encore réussi à voir le jour.  

La région est la seule du Québec à ne disposer d’aucun de ces services, mais l’herbe n’est pas nécessairement plus verte ailleurs. Dans la province, on estime que 10% des femmes vivant une grossesse aimerait obtenir ces services, tandis qu’on réussit à répondre à seulement 3% des cas.

Il y a neuf ans, le manque de naissance dans la région a été à l’origine du refus d’un projet par le ministère de la Santé. À travers les années, il y a eu aussi l’époque de la réforme Barette qui aurait semé beaucoup de confusion dans la gestion des CISSS, rendant les approches plus complexes pour les porteuses de projets.

Depuis, d’autres petites régions comme la Gaspésie, l’Abitibi et les îles-de-la-Madeleine ont réussi, ou sont en voie d’obtenir des services, a souligné Julie Rousseau, directrice de l’organisme À La Source.

« Présentement, on sent que les étoiles sont mieux alignées », a-t-elle dit.

Mme Rousseau fait partie d’un nouveau groupe de femmes qui a récemment pris le dossier en main à Sept-Îles.

Un « lieu » plutôt qu’une maison

Cette fois, le projet mis de l’avant ne dépendra pas entièrement du ministère de la Santé.

« Beaucoup de régions similaires à la Côte-Nord se tournent vers l’option d’un « lieu de naissance » plutôt qu’une maison de naissance », a dit Mme Rousseau.

La principale différence est que la gestion est faite par les citoyens plutôt que par le CISSS. Le tout pourrait prendre la forme d’un organisme à but non lucratif.

« À ce moment, il y a quand même des critères de base à respecter, mais moins restrictifs que si c’est directement le ministère qui développe un lieu », a expliqué la directrice d’À La Source.

Le groupe aimerait avoir des locaux pour disposer d’au moins une chambre de naissance toute équipée.

Le projet en est au premier balbutiement. Un premier événement de financement est prévu le 9 avril.

Aucune sage-femme n’applique pour la région

Le CISSS de la Côte-Nord a reçu du financement du ministère de la Santé et des services sociaux pour élaborer un projet de faisabilité d’une offre pour les services de sages-femmes. Toutefois, le projet doit être piloté par une sage-femme, ou encore, supervisé par une sage-femme. Elles sont des denrées rares en province. Une trentaine de postes sont ouverts et ne trouvent pas preneuses.

Au CISSS de la Côte-Nord, deux affichages de l’offre d’emploi n’ont pas permis de combler le besoin.

« Nous avons notamment travaillé avec le Regroupement des sages-femmes du Québec, qui a sollicité ses membres. La pénurie de sages-femmes rend le recrutement difficile », a indiqué le porte-parole du CISSS Côte-Nord, Pascal Paradis.

« Dans un premier temps, c’est Sept-Îles qui était identifié pour ce projet considérant le volume d’accouchements. Des discussions sont à venir avec le MSSS pour relancer le projet », a-t-il affirmé.

Bourses

Par ailleurs, le ministère de la Santé offre des bourses en pratique sage-femme pour certaines régions, dont la Côte-Nord. Il espère ainsi soutenir le déploiement de l’offre de services en améliorant l’attraction, la rétention et la disponibilité de main-d’œuvre sage-femme.

Pour 2021-2022, le MSSS offre six bourses de 30 000 $, soit 15 000$ versé annuellement pour une étudiante qui s’engagerait à venir travailler, à la fin de ses études, au moins trois ans à temps complet, à raison de 28 heures par semaine ou plus, dans l’établissement régionale l’ayant parrainée.

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