Là où le soleil se lève

Par Emy-Jane Déry 6:00 AM - 8 septembre 2021
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Des chaussures et des fleurs, en hommage aux victimes des pensionnats, installées sur le site de celui de Mani-utenam.

Des équipes spirituelles, cliniques et techniques se préparent à Uashat mak Mani-utenam pour mettre en branle un grand processus visant à amorcer des fouilles sur le site de l’ancien pensionnat Notre-Dame.  

Des membres d’une douzaine de communautés autochtones dont des Innus et des Abénakis ont fréquenté le pensionnat à Maliotenam, entre 1952 et 1970.

ITUM coordonnera un processus qui inclura l’ensemble des communautés concernées, en vue de mener des fouilles sur le site. Une sorte d’enquête s’amorcera suite aux cérémonies du 30 septembre, nouveau jour férié de vérité et de réconciliation. Une vaste consultation auprès des survivants est prévue, afin d’obtenir notamment de l’information permettant d’orienter les recherches.

« On veut aussi demander aux ex-pensionnaires qu’est-ce qu’on va faire des bâtiments restants et comment ils veulent que l’on commémore leur mémoire », a dit Jean-Claude Pinette-Therrien, responsable du cabinet politique chez ITUM.  

Un mémorial pourrait par exemple être créé sur le site. Un rapport de recommandations devrait émaner des consultations.

Pensionnat Notre-Dame, Mani-utenam. Photo BanQ Sept-Îles

« C’est un processus qui est vraiment apolitique et qui vise à faire la paix avec un passé qui est très douloureux et présent au quotidien dans nos communautés », a précisé M. Pinette-Therrien.

Il est rare dans la communauté de ne pas croiser quelqu’un qui n’a pas été impacté de près ou de loin par le fléau du pensionnat. La mère de Jean-Claude Pinette-Therrien a elle-même fréquenté l’institution.

« En 1952, on lui a enlevé son enfance et son innocence. Je fais ça pour ma mère », a-t-il confié. « Et tous ceux qui sont impliqués dans le dossier actuellement, ce sont tous des gens qui veulent le faire pour leurs parents, grands-parents, pour eux-mêmes aussi, parce que nous avons subi les contre coups de tout ça et que ça se perpétue encore de manière intergénérationnelle. »

Recherches élargies

Par la suite, c’est l’organisme spécialisé en archéologie Achéo-Mamu Côte-Nord qui s’occupera du travail terrain. Situé à Baie-Comeau, il est cogéré par des autochtones et des allochtones.

Des radars permettant de prendre des images dans le sol seront utilisés pour repérer de potentielles sépultures.

« Le site de Maliotenam est visé par les recherches, mais éventuellement, il y a des intentions d’élargir le processus de recherche, car il semblerait qu’il y ait des doutes ailleurs, dans l’ensemble des communautés », a révélé Jean-Claude Pinette-Therrien.

L’objectif est d’avoir complété le processus et de pouvoir offrir des réponses aux survivants d’ici le 30 septembre 2022.

Cérémonie

Le nouveau férié du 30 septembre marquera donc le lancement du processus. Un feu sacré sera allumé pour ouvrir la cérémonie.

« La symbolique est très forte, car le premier pensionnat au Québec où le soleil se lève, c’est Maliotenam. Le thème de notre processus c’est là où le soleil se lève », a illustré M. Therrien-Pinette.

L’Institut Tshakapesh se chargera de mettre en place une exposition extérieure qui pourra être visitée par tous, lors de la journée de commémoration. Elle permettra d’informer sur l’histoire vécue par les Autochtones.  Un spectacle avec plusieurs artistes innus est aussi dans les cartons.

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