Après 39 ans de service : Denis Blouin quitte la caserne 74 de Forestville

Par Johannie Gaudreault 11:00 AM - 23 novembre 2021
Temps de lecture :

Voici Denis Blouin accompagné de sa conjointe Sylvie Longval à la fin des années 1990. Il portait fièrement son uniforme de pompier depuis plus de 10 ans. Photo : Courtoisie

Le Forestvillois Denis Blouin a mis fin à sa carrière de pompier volontaire après 39 ans et 10 mois de loyaux services au sein de la caserne de Forestville. De pompier à chef de caserne, le capitaine Blouin n’a jamais renoncé à sa vocation même après avoir été témoin d’événements malheureux.

C’est en 1982 que Denis Blouin fait le pas et intègre l’équipe de pompiers volontaires de Forestville, qui était beaucoup plus nombreuse à l’époque. « Mes amis étaient tous des pompiers, alors ils m’ont demandé de les rejoindre. J’ai accepté pour faire partie de la gang », raconte-t-il en entrevue au Journal Haute-Côte-Nord.

L’esprit d’équipe et l’ambiance conviviale ont d’abord attiré le futur chef de caserne, alors âgé de 30 ans. Mais, au fil des ans, il n’a jamais perdu la flamme pour cette vocation qui le plaçait au service de la communauté. « J’ai vraiment aimé ce travail », dévoile-t-il.

En près de 40 ans, le Forestvillois a été témoin de nombreux changements au sein du service incendie que ce soit l’ajout de formations obligatoires et l’amélioration des équipements.

« Au début, quand j’ai commencé, on nous lançait directement dans l’action sans cours, sans formation, sans rien. On apprenait sur le tas », se remémore M. Blouin.

Du côté des équipements, ceux-ci ont beaucoup évolué afin de mieux garantir la sécurité des pompiers.

« Dans les années 1980, les vêtements étaient moins sécuritaires. C’était une grande veste aux genoux et des grandes bottes. L’hiver, c’était très froid et si on recevait de l’eau sur nous, ce sont nos collègues qui devaient nous enlever notre manteau. »

De plus, l’arrivée de l’Entente intermunicipale du service incendie de la Ville de Forestville, unissant les équipes de pompiers de plusieurs municipalités de la Haute-Côte-Nord, a simplifié l’entraide entre les villages, selon M. Blouin.

« Auparavant, on s’entraidait entre caserne quand il y avait de gros incendies. Mais, c’était plus compliqué. Le maire du village qui avait besoin d’aide devait contacter l’autre maire du village voisin afin qu’il déploie ses effectifs et ça entraînait des coûts. Maintenant, vu que les équipes sont moins nombreuses, on a presque toujours besoin du soutien des casernes voisines », témoigne-t-il.

Moments marquants

Une carrière de pompier de 40 ans laisse place à des moments plus marquants à la fois positifs et négatifs. Si Denis Blouin se souvient bien des soirées festives entre pompiers, il n’a pas oublié non plus les scènes d’accident ou les corps incendiés.

« Mes moments les plus marquants concernent surtout la découverte de corps. Ce n’est jamais agréable d’en trouver et ça m’est arrivé à quelques reprises. En terme d’incendie, un des plus gros que j’ai combattu est celui de l’Auberge des 4 chemins en 1992. J’avais travaillé durant 23 heures d’affilée », se souvient-il.

Un peu plus tard dans son parcours de pompier, la caserne de Forestville s’est équipée de mâchoires de vie afin d’extirper des personnes accidentées de leur véhicule.

« On s’est alors mis à se rendre sur les scènes d’accident. C’est toujours inquiétant de tomber sur un membre de notre famille ou un de nos amis. Dans un petit village, ça peut arriver », divulgue Denis Blouin.

Il a d’ailleurs fait face à cette situation lorsqu’il a dû secourir une de ses connaissances.

« Je devais la sortir de son véhicule après un accident, je travaillais près d’elle, mais en raison de ses blessures, je ne l’ai pas reconnue. Ce n’est qu’à la caserne que j’ai su qui elle était. »

Toutefois, l’homme âgé de 69 ans aujourd’hui, n’a jamais eu peur pour sa vie. Il a cumulé de nombreuses blessures, dont un bras cassé et un talon déchiré, mais rien pour l’arrêter de jouer son rôle de pompier.

« J’ai déjà été projeté au sol par une explosion lors d’un incendie, admet M. Blouin. C’est une des fois où j’ai eu le plus peur à ma vie, mais au final, j’ai été chanceux. »

Originaire de Forestville, Denis Blouin est bien connu du public. Il a œuvré à la scierie Haute-Côte-Nord de Forestville de même que chez le concessionnaire General Motors avant de joindre les rangs de la salle de quilles de sa municipalité en 1997. Il en est devenu le gestionnaire par la suite quand l’infrastructure a été acquise par la Ville de Forestville.

Cérémonie de départ

Les pompiers de la caserne 74 et le conseil municipal de Forestville ne pouvaient passer sous silence le départ du chef de caserne Denis Blouin après autant d’années de dévouement, un record pour le service incendie.

Une cérémonie de départ a donc été organisée pour souligner cette retraite en grand. « Ils m’ont fait la surprise. J’étais vraiment touché de cette attention », affirme le capitaine avec émotions.

« C’est la première fois que l’on organise une telle cérémonie parce que c’est la première fois qu’un pompier cumule autant d’années de service », dévoile la technicienne en prévention incendie, Marie-Pier Dufour.

De plus, la mairesse de Forestville, Micheline Anctil, a remercié le chef de caserne pour son dévouement lors de la dernière séance du conseil municipal.

La maladie ayant affligé ses capacités physiques, c’est le cœur gros que Denis Blouin quitte son poste qu’il prenait tant de plaisir à accomplir année après année.

Il laisse place à la jeunesse, mais n’oubliera pas de sitôt tous ses souvenirs de garde-feu ainsi que ses coéquipiers qu’il considère comme sa famille.

Galerie photo

Partager cet article