Lettre ouverte | Le caribou forestier: le cœur et la raison

Par Shirley Kennedy 1:30 PM - 7 Décembre 2021
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Photo : Courtoisie

La protection du caribou forestier occupe une place importante dans l’actualité depuis plusieurs semaines et elle soulève les passions. Chez Groupe Boisaco, nous sommes aussi grandement interpellés par sa préservation.

C’est pourquoi nous souhaitons partager ici certains constats et exprimer humblement et respectueusement notre point de vue en ce qui a trait au déclin des populations de caribous forestiers et quant à l’approche à privilégier pour les protéger, tout en poursuivant la mise en valeur responsable de la ressource ligneuse.

Des recherches réalisées au cours des dernières années ont mis en lumière le fait que l’aménagement forestier peut avoir des impacts indirects sur le caribou forestier. Selon ces recherches, la récolte entraîne un certain enfeuillement, qui attire l’orignal et avec lui ses prédateurs, soit le loup et l’ours, qui ont un impact direct sur le déclin des populations de caribous.

Par ailleurs, des chemins créés par l’humain seraient plus favorables à ces prédateurs, qui les utilisent comme corridors de circulation, qu’ils ne le sont au caribou.

D’autres recherches (G. Labadie 2021) nous apprennent que les épidémies successives de tordeuse des bourgeons de l’épinette favorisent l’effeuillement, l’augmentation des populations d’orignaux et par le fait même celle des populations de loups et d’ours.

Les populations de loups, un des principaux prédateurs du caribou, ne sont malheureusement pas recensées, mais les trappeurs de la région mentionnent souvent qu’elles ont explosé depuis 25 ans. Il n’existe également aucun recensement sur la chasse de subsistance ou le braconnage effectués par l’humain. Certains médias ont rapporté au cours de la dernière année que, sur la Côte-Nord, une centaine de caribous auraient été abattus par des humains en 2021.

La hausse des températures a elle aussi un impact sur le caribou. Des recherches ont démontré que le caribou est en choc thermique à partir de 25oC (source : Ian Thompson SCF-CFL 2017). Selon des données tirées d’Ouranos, le réchauffement climatique engendrera en 2040 des températures maximales moyennes de 25o C dans certaines régions de la forêt boréale, ce qui pourrait engendrer d’importants bouleversements pour certaines espèces, dont le caribou forestier.

D’autres recherches ont démontré que le chevreuil, qui migre progressivement bien au nord de son habitat, peut être porteur de maladies et de parasites, comme le ver des méninges, souvent fatals pour le caribou (source : Fréchette, 1986). Les incendies forestiers sont également des menaces réelles pour nos forêts et pour la faune qui l’habite.

Considérant le réchauffement climatique, une plus grande superficie risque d’être la proie des flammes dans le futur.
Certains affirment que la solution pour protéger le caribou forestier consiste tout simplement à arrêter la récolte et l’aménagement de nos forêts.

Or, de multiples informations nous indiquent que les causes de son déclin sont complexes et nombreuses. Les solutions pour sa protection le sont aussi. Celles-ci doivent donc tenir compte de tous les éléments qui mettent à risque le caribou, et doivent passer par la concertation.

D’ailleurs, nous comptons participer à la commission indépendante qui se penchera sur la survie de l’espèce et espérons que toutes les parties prenantes concernées auront l’occasion d’être entendues. Parce qu’il s’agit de la seule orientation gagnante pour le caribou et pour nos communautés et parce que, qui que nous soyons, nous dépendons tous de la forêt.


Steeve St-Gelais, président
André Gilbert, ing.f., directeur général, Groupe Boisaco


Il s’agit de la version abrégée de la lettre d’opinion de Boisaco. On peut en lire l’intégralité sur le site Internet : https://boisaco.com/wp-content/uploads/2021/11/Le-caribou-forestier-le-coeur-et-la-raison_30-11-2021.pdf

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