Agrandissement du centre des loisirs de Tadoussac : l’augmentation des coûts effraie des citoyens

Par Johannie Gaudreault 10:00 AM - 14 Décembre 2021
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Les coûts de l’agrandissement du centre des loisirs s’élèvent à 1,7 M$. Le projet prévoit l’aménagement de la bibliothèque municipale à l’étage et d’une salle communautaire au rez-de-chaussée. Photo : Courtoisie

Si le maire de Tadoussac, Richard Therrien, a qualifié l’éventuel agrandissement du centre des loisirs du « plus beau projet de société que Tadoussac a eu jusqu’ici », certains citoyens ont critiqué ses coûts très élevés lors de la réunion citoyenne du 7 décembre.

La Municipalité de Tadoussac a présenté à nouveau son projet Carrefour de vie, qui prévoit l’aménagement d’une bibliothèque municipale et d’une salle communautaire au centre des loisirs afin d’obtenir les commentaires de la population et de répondre aux questions.

Comme l’infrastructure projetée nécessite des investissements financiers importants, soit 1 725 664 $, selon les plus récentes estimations, la consultation de la communauté était un enjeu d’une importance capitale pour les élus municipaux.

Notons toutefois que ce montant ne sera pas déboursé en totalité par la Municipalité, mais des aides financières ont été confirmées et d’autres seront demandées.

Le projet est en discussion depuis plus de 10 ans. Le premier objectif est de déménager la bibliothèque qui se trouve actuellement au sous-sol du bureau municipal. Les lieux sont très humides et désuets, ce qui n’est pas avantageux pour le service et le soin des livres.

Un premier bâtiment avait été ciblé, celui de la Caisse Desjardins, qui a été récemment acquis par la Municipalité. Toutefois, une autre avenue s’est imposée et permettrait la réalisation d’un projet de plus grande portée.

« Les objectifs sont de créer un milieu de vie intergénérationnel en regroupant plusieurs organismes (CPE, Maison des jeunes, Cercle des fermières, etc.), de rendre le bâtiment accessible à toute la population dans un ensemble cohérent. On en profiterait aussi pour remplacer le chauffage à l’huile pour un système écoresponsable à l’électricité et moderniser nos installations, qui servent en cas de mesures d’urgence », a expliqué la directrice générale, Marie-Claude Guérin.

L’agrandissement est prévu sur le côté gauche du centre des loisirs existant. Au rez-de-chaussée, les plans regroupent le bureau du directeur des loisirs, une salle communautaire pour l’organisation de différentes activités et un espace pour le camp de jour estival.

La superficie de 23 par 45 pieds permet l’ajout d’un monte-charge pour donner l’accès aux personnes à mobilité réduite et pour monter les livres à la bibliothèque.

À l’étage, on retrouvera la bibliothèque municipale, une aire de repos pour s’asseoir avec la vue sur la patinoire, une salle de bain adaptée et un escalier intérieur.

Coûts du projet

En juin 2021, les professionnels avaient estimé les coûts du projet à 1,3 M$, mais les soumissions reçues après la procédure d’appels d’offres ont démontré une hausse du budget prévu.

Selon les élus, la pandémie joue un rôle dans cette augmentation en raison de la flambée du prix des matériaux et du manque de main-d’œuvre dans le domaine de la construction.

Le montage financier du projet a donc été modifié par l’équipe municipale afin de ne pas revoir à la hausse la contribution de la Municipalité.

Cette dernière s’élève à 491 898 $ et sera remboursée sur 20 ans à raison de 31 596 $ annuellement via la taxation des citoyens selon l’évaluation foncière à 0,03 $ du 100 $ d’évaluation. Une résidence évaluée à 150 000 $ déboursera donc une somme de 45 $ par année.

Le montant restant sera partagé entre différents bailleurs de fonds. Le ministère de la Culture a déjà confirmé une aide de 268 332 $ et la Caisse Desjardins du Saguenay-Saint-Laurent accepte de fournir une somme de 25 000 $. Le programme de la Taxe sur l’essence contribuera à une hauteur de 112 072 $.

D’autres financements devront être attachés au projet pour qu’il voie le jour. Le RÉCIM entre donc en jeu avec un potentiel de soutien financier de 485 051 $. Le Fonds région ruralité volet 4 sera aussi sollicité pour une somme de 100 000 $ tout comme le Grand Fonds Desjardins (75 000 $) et 10 partenaires du milieu à 5 000 $ chacun pour un total de 50 000 $. Finalement, un montant de 81 619 $ reste à confirmer ou devra être emprunté à nouveau par la Municipalité.

Opinion publique

En ce qui concerne l’opinion publique face à ce projet d’envergure, deux citoyens ont demandé un référendum aux élus tadoussaciens. « Il faut que la population se prononce et ça passe par un référendum », a commenté Benoît Gravel, qui a été appuyé par Pierre Dallaire.

Celui-ci a d’ailleurs questionné le conseil municipal à savoir si Tadoussac avait le moyen de ses ambitions.

« Il y a plusieurs autres projets importants en cours. Il n’y a pas de possibilité de développement domiciliaire à Tadoussac. Ce sont toujours les mêmes qui payent. On a de belles affaires touristiques, mais on est tannés de se promener dans des nids de poule et des bosses », a-t-il critiqué.

De son côté, la résidente Mona Marquis a prôné le fait qu’il s’agissait d’un projet pour les citoyens et non pour la clientèle touristique.

« Tout ce qui est fait habituellement à Tadoussac, c’est pour le tourisme. Enfin, on a un projet pour nous. Je vous fais entièrement confiance. Un référendum n’est pas nécessaire. Ça coûte de l’argent, alors que je sais que vous allez nous tenir informés par d’autres réunions citoyennes. »

D’autres ont fait des recommandations. Une citoyenne, qui fait partie du comité environnemental de Tadoussac, a proposé d’orienter les plans vers un bâtiment écoresponsable. La directrice générale a précisé que les esquisses prévoient une grande fenestration pour profiter le plus du soleil et la pente du toit se veut facilitante pour la neige en période hivernale.

Étapes

Plusieurs étapes sont à venir avant la première pelletée de terre du nouveau bâtiment : orientation et prise de décision du conseil municipal, dépôt des demandes d’aide financière, lancement des appels d’offres ainsi que l’adoption d’un règlement d’emprunt complémentaire si nécessaire. La construction pourrait se faire à l’automne 2022 et le début du paiement de la dette municipale en 2023.

« Tant et aussi longtemps que le financement ne sera pas tout attaché et confirmé, le projet n’ira pas de l’avant», a précisé Marie-Claude Guérin.

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