Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord : plus de travail pour les intervenants pendant la pandémie

Par Johannie Gaudreault 3:00 PM - 18 janvier 2022
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Kim Bouchard est responsable des communications au Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord. Photo : Courtoisie

Même si le nombre d’appels au Centre de prévention du suicide (CPS) de la Côte-Nord demeure stable depuis la pandémie, les appels de suivi ou de relance, quant à eux, sont en hausse de 17 %, selon les données de mars 2020 à mars 2021.

Ce que ces données signifient selon la responsable des communications au CPS de la Côte-Nord, Kim Bouchard, c’est que « les personnes qui sont déjà en suivi auprès de nos intervenantes ont besoin de plus de soutien durant cette période où la santé mentale peut être affectée par le confinement, par exemple. »

Les intervenantes doivent donc faire plus de démarches et offrir davantage de soutien aux personnes suicidaires le temps que ces dernières soient prises en charge par une ressource professionnelle ou un proche.

Au total, entre mars 2020 et mars 2021, le CPS de la Côte-Nord a effectué 4 201 interventions, ce qui est comparable aux années précédentes.

« Toutefois, les clients suicidaires ou endeuillés sont en hausse de 7 % si l’on compare aux chiffres de 2019-2020 », commente Mme Bouchard.

Ces données ne concernent qu’une année de pandémie, mais celles qui seront produites en mars prochain couvriront toutes les vagues de la crise sanitaire et seront donc plus représentatives d’après la responsable des communications.

Au téléphone ou en personne

Depuis décembre 2020, le CPS régional offre la possibilité d’intervenir en face à face avec les personnes qui en ressentent le besoin. Ce service, qui est mis sur pause présentement en raison des mesures pandémiques, s’additionne au centre d’appels téléphoniques.

« On s’est rendu compte que c’était un besoin pour certains clients de pouvoir parler en personne aux intervenantes. Notre local actuel à Baie-Comeau nous permet de le faire une personne à la fois, donc sur rendez-vous. On a aussi ouvert des points de service à Forestville et Sept-Îles qui fonctionnent de la même manière », dévoile Kim Bouchard, précisant que le téléphone n’est pas un moyen de communication adapté à tous, que ce soit pour des raisons de surdité ou de lien de confiance.

Dans les prochains mois, le bureau baie-comois déménagera ses pénates sur la rue De Puyjalon, près d’autres services en santé mentale tels qu’Homme aide Manicouagan.

« Nous serons identifiables et nos portes seront ouvertes à tous », assure Mme Bouchard. À ce déménagement s’ajoute le projet de service d’hébergement pour les personnes en crise, sur lequel l’équipe du CPS travaille fort.

Mission

Le rôle du CPS est d’accompagner les appelants « afin de faire diminuer leur crise et qu’ils soient en sécurité », explique la porte-parole.

« Par la suite, on les dirige vers des ressources et on s’assure de leur prise en charge, poursuit-elle. Comme les listes d’attente sont longues pour un service de psychologie ou psychiatrie et que ce n’est pas tous les clients qui souhaitent consulter, nous devons trouver des plans B et C. C’est à ce moment que les proches ou milieux de travail sont mis à profit. »

Le premier pas pour se sortir d’une période plus difficile mentalement est certainement « de contacter le CPS ou tout autre organisme susceptible de nous aider puisque c’est une bonne porte d’entrée pour recevoir des services », comme le conseille Kim Bouchard.

Mais pour ce faire, « on doit commencer par reconnaître que l’on ne va pas bien ».

C’est pourquoi en tant qu’ami ou membre de la famille, on ne doit pas négliger certains signes de détresse chez nos proches.

« Les personnes en dépression ou suicidaires s’isolent, ont une perte d’intérêt pour ce qu’elles aimaient avant, des sautes d’humeur, elles ont des difficultés à dormir et moins de motivation », énumère la responsable des communications.

Si on aperçoit ces signes chez quelqu’un de notre entourage, « ça devrait nous sonner une cloche. Dans ce cas, si on se sent à l’aise, on peut poser directement la question à la personne à savoir si elle pense au suicide, si elle a des idées noires. Si on ne s’en sent pas capable, on peut contacter le CPS qui pourra donner des conseils et/ou joindre la personne en détresse », suggère Mme Bouchard.

Malheureusement, les tabous sont encore présents en ce qui concerne la santé mentale, faisant ainsi en sorte que les gens prennent parfois plus de temps avant de demander de l’aide.

« On pense encore qu’on est faible si on avoue être détresse, souligne l’employée du CPS. Il reste du travail à faire pour abolir les préjugés, mais on a tout de même fait un grand pas en avant grâce à la sensibilisation. »

Pénurie

Le CPS de la Côte-Nord n’est pas grandement touché par la pénurie de main-d’œuvre comme à certains endroits, mais il a tout de même des difficultés de recrutement.

Les quarts de travail de soir et de nuit sont moins attirants pour les intervenants puisque les services sont offerts 24 heures par jour, sept jours par semaine.

Selon Kim Bouchard, l’équipe nord-côtière, composée d’une dizaine de travailleurs, s’en sort quand même bien, même si quelques employés supplémentaires seraient les bienvenus. « On est chanceux de pouvoir compter sur une équipe fiable et impliquée », conclut-elle.

Notons que selon les données provisoires de l’Institut national de santé publique du Québec, en 2018, la Côte-Nord a enregistré 18 suicides, comparativement à 16 en 2017 et 15 en 2016.

La région est au quatrième rang quant au plus grand nombre de suicides comptabilisés en 2018 avec un taux de 17,6 par 100 000 habitants.

Le souper gastronomique reporté

Le souper gastronomique reporté

Le souper gastronomique, comprenant un menu 4 services concocté par le chef du restaurant Chez Mathilde de Tadoussac, Jean-Sébastien Sicard, au profit du Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord, a été reporté au printemps en raison des mesures pandémiques.

Prévu le 4 février au Bistro La Marée haute de Baie-Comeau, cet événement de financement en est à troisième édition. Les deux premiers soupers ont permis d’amasser une somme de 37 000 $ dans les coffres de l’organisme.

« Nous n’avons pas d’activité de financement récurrente à l’exception de ce souper qui revient depuis 2019. Toutefois, nous organisons plusieurs activités ponctuelles dont les profits sont injectés directement dans l’offre de services et nos projets de développement », dévoile la responsable des communications du CPS de la Côte-Nord, Kim Bouchard.

L’organisme annoncera la nouvelle date de l’événement au cours des prochains jours ainsi que les directives pour les détenteurs de billets. Il est toujours possible de se procurer un des 150 billets via la billetterie en ligne.

« Un menu découverte à saveurs locales vous sera servi », promet Mme Bouchard.

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