Fermeture de l’école de Portneuf-sur-Mer: trop peu trop tard, diront certains

Par Shirley Kennedy 10:00 AM - 22 février 2022
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Caroline D’Auteuil, Jonathan Tremblay et leur fils Louis. Photo : Courtoisie

Depuis quelques années, un retour au village est observé à Portneuf-sur-Mer. Des jeunes dans la trentaine qui ont quitté pour diverses raisons mais pour qui le sentiment d’appartenance est plus fort que tout. Le constat de plusieurs, c’est que malheureusement le décompte a débuté trop tôt pour l’école, bien avant que ces jeunes adultes soient en âge de réfléchir à l’avenir de leur famille. Le Journal leur a permis de s’exprimer sur la fermeture de l’école Mgr-Bouchard.

Jonathan Tremblay fait partie d’une famille souche de son village natal qu’il a quitté pendant quelques années en sachant qu’il y reviendrait pour y élever sa famille.

Il a fait l’acquisition de la maison familiale tandis que sa sœur cadette est devenue copropriétaire de la résidence construite par leurs grands-parents maternels. Dans la famille Tremblay, c’est « Portneuf all the way ».

L’année 2021 fut une année de grands changements pour Jonathan qui est devenu père et conseiller municipal quelques mois plus tard.

Il avait le désir de s’impliquer dans sa communauté et d’être partie prenante des décisions importantes qui devront être prises pour l’avenir de la plus petite municipalité de la Haute-Côte-Nord.

Même s’il est triste que « son école » ferme ses portes et qu’il aurait vraiment aimé que son fils Louis fasse ses premiers pas scolaires à Portneuf, il précise que ce n’est pas à n’importe quel prix.

Comme tous les parents, il veut ce qu’il y a de mieux pour son fils et il fait partie de ceux qui croient qu’une école où il y a une dizaine d’élèves, « ce n’est pas l’idéal pour l’apprentissage d’un jeune ».

Triste pour les jeunes familles

Marie-Christine Fortin est très déçue de la manière que les parents ont appris la nouvelle la semaine dernière.

« C’est une amie qui m’a écrit sur Facebook hier en me disant que mon fils de 5 ans allait perdre son école ».

Madame Fortin comprend que le nombre d’élèves ne cessait de diminuer et que les enjeux concernant l’école étaient grands.

« Mais je suis déçue de la décision. Plusieurs familles du village ont eu des nouveau-nés et je pense à eux. À ces familles qui comme nous espéraient sûrement pouvoir envoyer leurs enfants à l’école du village ».

La maman appréhende déjà l’année scolaire 2022-2023 avec son fils qui sera en âge de débuter sa maternelle 5 ans.

« J’en suis même rendue à me demander si nous allons l’inscrire en maternelle car du haut de ses 5 ans, je trouve ça jeune pour faire plus ou moins 15 minutes d’autobus pour aller à l’école du village d’à côté ».

Madame Fortin déplore aussi le manque d’information sur les démarches à suivre pour inscrire son enfant à Longue-Rive ou à Forestville.

Revitaliser le village

Comme la plupart des jeunes natifs, Frédéric Morneau a effectué un retour au village récemment.

Il a fait l’acquisition d’une résidence située en face de la maison familiale. « Ma fille va à l’école à Forestville. Je trouve ça désolant de voir ça ».

Comme plusieurs Portneuvois, M. Morneau est préoccupé par la vocation qui sera donnée au bâtiment qui a déjà connu des jours plus heureux.

« La population doit se virer de bord et trouver quelque chose à faire avec la bâtisse. Je pense que la commission scolaire devrait penser à faire un centre de formation professionnelle avec les formations qu’on a besoin dans le coin ou un centre multifonctionnel aussi, et ça aiderait le village à se revitaliser, à mettre du vivant. Parce qu’on ne se le cachera pas, y a place à l’amélioration pour attirer du monde à venir rester ici ».

Déception familiale

La famille paternelle de Stéfany Dufour a toujours vécu à Portneuf-sur-Mer ainsi que sa famille. En 2016, elle a quitté Baie-Comeau pour revenir, 28 ans plus tard, dans la maison où elle a vécu une bonne partie de son enfance.

« Je suis extrêmement déçue et triste. J’avais inscrit mon fils pour la prochaine rentrée. Je suis revenue m’installer ici pour y élever ma famille et je dois maintenant les envoyer à l’école ailleurs ».

Madame Dufour et son conjoint ont deux adolescentes de 14 et 16 ans ainsi que deux garçons de 4 et 2 ans.

« Pour la prochaine rentrée, je ne pense pas envoyer mon fils de 4 ans, je vais plutôt attendre qu’ils soient prêts tous les deux, soit en 2023-2024, mais je ne sais pas encore si je vais les inscrire à Forestville ou Longue-Rive ».

Un autre jeune membre de la grande famille Tremblay est installé au village avec sa conjointe elle aussi originaire de Portneuf-sur-Mer. Eddy Tremblay y opère également l’entreprise sise sur la route 138, le dépanneur Halte 138.

« Nous sommes très déçus mais ça fait longtemps qu’on voyait venir », dit-il. Monsieur Tremblay croit qu’il optera pour l’école Notre-Dame-du-Bon-Conseil lorsque sa fille sera en âge de fréquenter l’école.

Plus d’école ni de service de garde

Martin Tremblay est aussi originaire de Portneuf-sur-Mer. Il y vit avec sa conjointe et leurs deux enfants en plus d’y travailler à l’usine des Crabiers du Nord.

Monsieur Tremblay déplore bien sûr la fermeture de l’école du village bien qu’il s’y attendait et que les démarches pour inscrire son fils Jackson à Longue-Rive sont entamées. Mais ce qu’il dénonce davantage, c’est l’absence de service de garde dans la localité.

« En plus de l’école qui ferme, il n’y a plus de garderie non plus ! Alors ma fille Lyvia devra aller à Longue-Rive aussi pour que mes deux enfants soient dans le même village. J’espère juste qu’ils ne laisseront pas la bâtisse à l’abandon. Il y aurait un potentiel à faire plein de choses avec la bâtisse. Des logements, un CPE, des formations, quelque chose qui pourrait faire bouger le village un peu ».

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