Service de transport adapté et collectif Haute-Côte-Nord : des critères « trop sévères », selon Boisaco

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 2 mars 2022
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Jennifer Gauthier est entrée en fonction le 10 janvier à titre d’animatrice à la vie coopérative chez Unisaco (Boisaco) à Sacré-Cœur. Photo : Courtoisie

Dans une lettre adressée au conseil de la MRC de La Haute-Côte-Nord, l’animatrice de vie coopérative chez Unisaco (Boisaco), Jennifer Gauthier, déplore l’inaccessibilité au Service de transport adapté et collectif Haute-Côte-Nord en raison des « critères d’admissibilité trop sévères ».

« Le vaste territoire de la Haute-Côte-Nord fait en sorte de rendre difficile l’accès aux services de santé, qui sont, je crois, essentiels », déclare celle qui doit, parmi ses fonctions, accompagner les personnes immigrantes membres de la coopérative forestière ainsi que tous les employés qui sont de nouveaux arrivants en région.

Elle dit constater que « ces personnes qui arrivent ici n’ont souvent pas encore de permis de conduire, ni de cercle d’amis ou de famille. Elles n’ont aucun contact ».

« Selon vos critères de sélection, les personnes immigrées ou simplement nouveaux arrivants, sont restreintes face aux services de transport qui devraient leur donner accès aux soins de santé », poursuit Mme Gauthier.

Boisaco attend d’ailleurs l’arrivée de 10 travailleurs étrangers en provenance du Nicaragua ce printemps. Cette main-d’œuvre est nécessaire à la poursuite des travaux de la coopérative forestière et les employeurs ont des devoirs envers ces travailleurs qui pallient le manque de ressources.

« On doit les loger, leur montrer les services offerts ici, et leur assurer l’accès aux soins de santé. Quand ils arrivent, ils ont six mois pour passer leur permis de conduire. Mais ils doivent se rendre à Chicoutimi ou Forestville pour le faire. Comment peuvent-ils s’y rendre sans famille, amis et service de transport? C’est moi qui les accompagne puisque nous n’avons pas d’autres options », témoigne Jennifer Gauthier.

Cette dernière doit également assurer le transport vers les soins de santé. À titre d’exemple, elle raconte qu’un travailleur immigrant s’est écrasé un doigt à l’usine de production.

« Après avoir été soigné, il avait besoin de rendez-vous de suivis à Chicoutimi. C’est moi qui suis allée avec lui, alors qu’il aurait pu être accompagné par le service de transport si les critères étaient assouplis. »

Comme le mentionne Mme Gauthier, les travailleurs étrangers arrivent sur notre territoire déjà avec une barrière, soit celle de la langue.

« Ils doivent s’adapter à nos réalités et s’intégrer dans la population. Mais s’ils n’ont pas accès aux besoins de base, aux soins de santé, ils ne reviendront pas. Il faut demeurer attractifs, c’est un réel besoin », commente l’animatrice.

De son avis, « il en est de même pour les familles à faible revenu ou les personnes seules qui n’ont pas toujours les moyens d’avoir un véhicule personnel ».

Une situation qu’elle qualifie d’alarmante en référant à la vision collective et les démarches pour favoriser le retour dans les régions comme la Côte-Nord.

« Je crois sincèrement que ce service de transport, du moins pour donner accès aux soins de santé, serait un atout. En fait, il faut le voir comme une nécessité », ajoute l’animatrice de vie coopérative qui termine sa correspondance par une demande.

« Je vous demande donc, mesdames, messieurs, de bien vouloir réévaluer les critères d’admission au Service de transport adapté et collectif de notre belle région accueillante qu’est la Haute-Côte-Nord. Un assouplissement des conditions serait probablement bénéfique pour la collectivité », conclut Jennifer Gauthier.

Après lecture de la lettre, le conseil des maires a décidé de répondre à Jennifer Gauthier par écrit.

Mais la préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, a tout de même précisé que « nous n’avons pas de transport en commun pour les familles et les critères qui sont en vigueur actuellement pour le service accompagnement ne sont pas définis par la MRC, mais par les programmes de subvention ».

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