L’OBVHCN veut sauver les Garrots d’Islande un nichoir à la fois

Par Johannie Gaudreault 10:00 AM - 25 mars 2022
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Catherine Emond, chargée de projets à l’OBVHCN, était accompagnée de James-Olivier Tremblay et Marc-André Bourdages lors de l’installation des nichoirs en février. Photo courtoisie

L’équipe de l’organisme des bassins versants de la Haute-Côte-Nord (OBVHCN) entreprend un projet d’installation et de suivi de nichoirs afin d’offrir aux Garrots d’Islande des sites de nidification dans un milieu perturbé.

Le Garrot d’Islande est un canard plongeur dont 95 % de la population mondiale niche au Canada. Le statut de la population est de l’Amérique du Nord est jugé préoccupant au niveau fédéral et vulnérable au Québec.

« Cette population compte environ 6 800 individus, soit 2 100 couples. Ces canards se rassemblent à l’automne pour hiverner dans les zones côtières du nord de l’estuaire du Saint-Laurent », précise Catherine Emond, chargée de projets à l’OBVHCN, ajoutant que des rassemblements assez importants ont été recensés en Haute-Côte-Nord, particulièrement dans certaines zones côtières des municipalités des Bergeronnes, des Escoumins et de Longue-Rive.

Les principales menaces qui affectent cette espèce sont : la perte d’habitat de nidification par l’exploitation forestière et l’ensemencement des lacs sans poissons, ainsi que les déversements pétroliers. Ce canard est fragile, car il nécessite un habitat très précis pour se reproduire.

Comme l’explique Mme Emond, « les femelles nichent à plus de 500 mètres d’altitude, dans des cavités d’arbres matures et à proximité de lacs préférablement sans poissons puisqu’ils se nourrissent d’invertébrés aquatiques ». Or, ce type d’habitat est assez rare et est menacé par l’activité humaine.

« Les lacs sont souvent ensemencés pour la pêche sportive et les arbres matures se font de plus en plus rares, en raison de l’exploitation forestière, malgré la règlementation présentement en place. C’est pourquoi l’installation de nichoirs adaptés, dans un habitat favorable, peut significativement aider le Garrot d’Islande à se reproduire », d’affirmer la chargée de projets.

Les sites de nidification de cette population se trouvent exclusivement au nord de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent, dans la forêt boréale. Le territoire de l’OBVHCN se trouve dans la région occupée par l’espèce.

Quatre nichoirs ont déjà été posés en février dernier et six autres nichoirs seront installés au courant de l’année. « Ces nichoirs seront suivis annuellement afin d’assurer l’intégrité des installations et vérifier s’ils sont utilisés par les garrots d’Islande », dévoile Catherine Emond.

Le secteur où se déroule le projet est dans la ZEC Labrieville, autour de lacs sans poissons. Le secteur de Labrieville a été victime d’un violent incendie en 2018, ce qui a détruit près de 13 000 hectares de forêt. « L’ouverture du territoire facilite l’accès pour les prédateurs et augmente la récolte d’arbres par l’industrie forestière », témoigne la porte-parole.

Partenaires

L’organisme s’est adjoint de partenaires afin de mener à bien ce projet important. La Fondation de la faune du Québec dans le cadre du programme Faune en danger par l’entremise du Fonds pour la faune nordique finance la majeure partie du projet et la ZEC Labrieville a offert une aide logistique.

« Un grand merci aussi à nos généreux bénévoles, James-Olivier Tremblay et Marc-André Bourdages, qui ont été d’une aide essentielle à l’installation des nichoirs, gracieusement offerts par l’Organisme des bassins versants Manicouagan. Ils ont été fabriqués par des jeunes de l’école Saint-Joseph à Baie-Trinité, dans la classe de madame Angela Lavoie », conclut Mme Emond, reconnaissante.

Quatre nichoirs ont été installés par l’OBVHCN en février et six autres le seront au cours de l’année. Photo courtoisie

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