La Fabrique Sainte-Anne de Portneuf-sur-Mer se maintient à flot

Par Shirley Kennedy 10:00 AM - 6 avril 2022
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La liste des travaux à effectuer est longue mais le conseil de la Fabrique Sainte-Anne de Portneuf-sur-Mer poursuit ses activités de financement et procède aux travaux petit à petit.

Depuis l’annonce coup sur coup de la fermeture définitive de l’école du village et de l’Épicerie Variétés Louise Brisson-Ti-Cor Express, un vent de pessimisme souffle sur le village de Portneuf-sur-Mer. Bien que des citoyens, responsables d’organismes et l’administration municipale tentent à leur manière, de combattre la vague défaitiste qui envahit les côtes de la plus petite localité de la Haute-Côte-Nord, la machine à rumeurs s’emballe et incite le conseil de la Fabrique Sainte-Anne à remettre les pendules à l’heure.

« On tient le fort mais on travaille fort », répliquent en jeu de mots Monique Bélanger et Linda Gagnon, présidente et secrétaire-trésorière de la Fabrique Sainte-Anne de Portneuf-sur-Mer.

C’est que depuis l’annonce de la fermeture du commerce Épicerie Variétés Louise Brisson, véritable institution qui opérait depuis plus de 50 ans, les présomptions affluent quant à l’avenir de l’église du village, d’autant plus que celle de la paroisse voisine, St-Luc de Forestville pour ne pas la nommer, est très éprouvée par des frais d’entretien exorbitants et des coffres vides que peinent à renflouer la poignée de bénévoles toujours au front.

La situation est devenue d’autant plus préoccupante que le conseil de Fabrique a cru bon de réfuter publiquement les rumeurs afin que les gens du village sachent que sans rouler sur l’or, la Fabrique Sainte-Anne n’est pas près de mettre la clé sur la porte.

« Il y en a qui ont évoqué le fait que les jours de l’église étaient comptés. Si un médecin m’annonce que mes jours sont comptés, ça voudra dire qu’il ne m’en restera plus pour longtemps. Donc les gens se sont mis à croire ça », précise Linda Gagnon.

Bien qu’il soit de notoriété publique qu’une vaste réflexion régionale sera amorcée incessamment quant à la vocation de nos bâtiments religieux, les bénévoles de très longue date qui font office d’administrateurs des conseils de Fabrique en Haute-Côte-Nord, font preuve d’une résilience immuable à la hauteur de la foi chrétienne qui les anime.

« Et nous continuons de faire nos réparations selon les priorités ainsi que nos activités de financement qui n’ont presque jamais cessé même pendant la pandémie », précise celle qui assure la présidence de la Fabrique Sainte-Anne depuis 2013, Monique Bélanger.

Ainsi depuis 2019, les roues du clocher ont été refaites grâce au bénévolat d’un artisan local, la statue de la Sainte-Anne a été rafraîchie alors que le perron de l’église a dû être reconstruit complètement. Coût total de ces investissements: environ 9 000 $.

En 2022, le conseil de Fabrique envisage d’effectuer des travaux à la partie arrière de la toiture du bâtiment, où des infiltrations d’eau ont été constatées.

« Selon l’estimation de la compagnie d’assurance, ça va coûter environ 6 500 $ », ajoute Linda Gagnon. Et grâce aux généreux donateurs qui sont sollicités par des envois postaux génériques et sur les réseaux sociaux, mesdames Bélanger et Gagnon sont optimistes pour la suite.

« Pour qu’ils puissent avoir un suivi et les inciter à contribuer, nous avons placé un thermomètre fictif à l’arrière de l’église et ça monte, c’est encourageant », se réjouit la secrétaire-trésorière.

Bien sûr, le conseil de Fabrique sait pertinemment que ce n’est pas grâce aux maigres revenus de la quête et de la dîme, aussi appréciés soient-ils, qu’il réussit à tirer son épingle du jeu. « C’est petit Portneuf-sur-Mer mais les gens qui donnent pour l’église sont très généreux », précise Monique Bélanger.

Les contributions volontaires de donateurs et d’anciens paroissiens, demeurent la pierre angulaire de l’équilibre budgétaire, bien que fragile, de la Fabrique Sainte-Anne. « Seulement en chauffage, il en coûte environ 12 000 $ par an. Il ne faut pas que les gens arrêtent de donner », convient celle qui tient bien serrés les cordons de la bourse de la Fabrique, Linda Gagnon.

Depuis quelques années, le conseil de la Fabrique Sainte-Anne de Portneuf-sur-Mer peut compter sur le soutien de nouveaux bénévoles saisonniers, des futurs paroissiens qui s’établiront dans la localité sous peu et de façon permanente.

André Émond, natif du village et son conjoint Charles Éthier, ont eu la brillante idée en 2019, de confectionner de la gelée de pommettes à partir des fruits des pommiers ornementaux qui fleurissent le cimetière.

Ce fut un véritable succès alors que la Gelée de Marie-Louise, en hommage à Marie-Louise Fortin, première enfant à naître au village qui y fera souche, a permis de renflouer les coffres de la Fabrique avec la vente pour la modique somme de 10 $ chacun, de 52 pots de gelée en 2020 et 120 unités en 2021.

Cette gelée rend aussi hommage à une autre Marie-Louise, soit Marie-Louise Dompierre, épouse du commis du poste de traite de Portneuf. Elle était la « première dame, de souche européenne, à cuisiner de bons petits plats à Portneuf-sur-Mer », comme le mentionne l’étiquette du produit maison.

« Et on continue de faire nos activités », ajoute la présidente, très heureuse que le souper de crabe revienne le 30 avril en présentiel alors qu’il a quand même été possible de tenir la campagne avec des assiettes livrées à domicile au cours des deux dernières éditions, pandémie oblige.

Au mois de mai la cueillette de bouteilles et canettes est toujours à l’horaire et sera suivie de la vente de garage en juin et de la quête des Sous su’l perron prévue au mois d’août.

Toutes ces activités devraient permettre de passer au suivant sur la liste des travaux, soit la réfection de la clôture du cimetière qui sera réalisée grâce à une généreuse entreprise locale, Atelier de soudure et usinage Renaud Émond, le remplacement des portes de l’église et la réparation de la croix du calvaire qui ne paie pas de mine aux côtés des statues de la Sainte-Anne et du Sacré-Cœur qui ont déjà été revampées.

Et pour la suite, le conseil de Fabrique qui est également composé de Réal Duchesne à la vice-présidence, Andrée Émond, Jean-Guy Brisson, France Caron et Francis Ouellet, s’affairera aux préparatifs entourant le 100e anniversaire de l’église Sainte-Anne qui aura lieu en 2025.

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