Fermeture temporaire du secteur coquillier au Cap Colombier : les pluies abondantes sont en cause

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 12 avril 2022
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La pêche aux myes est très populaire en Haute-Côte-Nord, notamment lors de la fin de semaine de Pâques alors que les familles se réunissent. Photo : Courtoisie

La collecte de myes au Cap Colombier est une activité très populaire, surtout à l’approche de la période de Pâques, qui se tient du 15 au 18 avril. Les familles n’auraient pu y avoir accès cette année puisqu’une fermeture du secteur coquillier de l’anse du Colombier a été décrétée jusqu’au 5 avril pour des raisons de mauvaise qualité bactériologique de l’eau.

Environnement et changement climatique Canada (ECCC) a pour responsabilité de fournir des recommandations à Pêches et Océans Canada (MPO) concernant les secteurs coquilliers sur la base des résultats en coliformes fécaux d’échantillons d’eau de mer, ainsi que sur des inventaires des sources de pollution.

« ECCC a recommandé la réouverture du secteur de l’anse du Colombier en date du 4 avril 2022 », confirme la porte-parole Hannah Boonstra au Journal Haute-Côte-Nord en précisant que le secteur avait été fermé en raison de précipitations abondantes à l’automne dernier.

« La qualité bactériologique de l’eau du secteur ne rencontrait pas alors les critères du Programme canadien de contrôle de la salubrité des mollusques (PCCSM). Le secteur est demeuré fermé jusqu’à tout récemment pour fins d’analyse », explique-t-elle. Toutefois, comme il est sensible aux précipitations abondantes, une fermeture est toujours possible en cours d’année si la qualité bactériologique de l’eau se dégrade.

Contamination

Cette mauvaise qualité de l’eau peut avoir de nombreuses causes, dont la contamination fécale par des installations sanitaires non conformes. Selon Mme Boonstra, « lors de pluies abondantes, les habitations, au pourtour de l’anse, qui auraient des installations sanitaires non conformes pourraient contribuer à la dégradation du milieu aquatique environnant ».

« Ces installations sanitaires sont considérées comme étant des sources de pollution diffuses avec un potentiel de pollution significatif. Notons aussi que lors d’événements de pluies abondantes, la rivière Colombier et l’ensemble des sources de pollution localisées dans son bassin versant (ex. : faune sauvage) pourraient aussi jouer un rôle dans la contamination du secteur », poursuit la porte-parole.

Comme ECCC n’a pas la responsabilité de faire l’inspection des installations sanitaires, l’organisation gouvernementale ne peut pas établir un lien direct entre les fosses septiques qui seraient endommagées et les conditions météorologiques extrêmes (pluies abondantes).

Un secteur qui a fait l’objet d’une fermeture en réponse à un déversement d’eaux usées ou à des pluies abondantes pourra être rouvert sur recommandation par ECCC et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

Cette recommandation peut se réaliser après au moins sept jours depuis la fin de l’événement, selon des résultats acceptables pour les échantillons d’eau et de mollusques selon les normes du PCCSM ou après au moins 21 jours depuis la fin de l’événement, sans échantillon d’eau et de mollusques.

Dangerosité

Il n’est pas sans danger de consommer un mollusque contaminé. « Les mollusques bivalves se nourrissent en filtrant le plancton microscopique vivant dans l’eau, les changements dans la qualité de l’eau peuvent se traduire par l’accumulation de biotoxines marines, de bactéries ou de virus dangereux dans leurs tissus », fait savoir la relationniste.

C’est pourquoi leur consommation pourrait être dangereuse pour la santé et même mortelle.

« ECCC et l’ACIA s’assurent, par le suivi des secteurs ouverts à la cueillette, que ces changements soient détectés et que les mollusques accessibles à la cueillette puissent être récoltés pour des fins de consommation sans danger », déclare Hannah Boonstra.

Lors de la fermeture du secteur coquillier de l’anse du Colombier, le MPO s’est assuré d’apposer sur le terrain des pancartes interdisant la cueillette de mollusques dans le secteur, soutient la porte-parole.

« Un site web et un système téléphonique étaient également disponibles à la population pour vérifier si le secteur était ouvert ou non à la cueillette », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, chaque fois qu’un secteur coquillier ferme à la cueillette de mollusques, un avis de fermeture annonçant les raisons, les limites du secteur et le numéro d’ordonnance d’interdiction sont diffusés auprès des médias locaux.

Notons que depuis le 5 avril 2022, pour le secteur de l’anse du Colombier, Pêches et Océans Canada interdit la récolte de clovisse arctique, couteau de l’Atlantique, ainsi que de moule bleue en raison des risques de contamination.

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