Les quotas de crevettes nordiques en déclin dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent

Par Johannie Gaudreault 9:38 AM - 22 avril 2022
Temps de lecture :

Photo : Produits de la mer du Canada

Ce n’est pas sans surprise que Pêches et Océans Canada (MPO) a annoncé le 22 avril des totaux autorisés de captures (TAC) en diminution pour la crevette nordique de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent pour les saisons 2022 et 2023.

Effectivement, trois des quatre zones délimitées pour la pêche de la crevette nordique voient leur quota diminuer, soit Estuaire, Anticosti et Esquiman. En ce qui concerne la zone de Sept-Îles, elle est la seule à bénéficier d’une hausse des totaux autorisés de captures. En effet, elle passe de 5 123 à 5 304 tonnes pour 2022 et 2023.

Dans la zone 12 (Estuaire), qui englobe la Manicouagan et la Haute-Côte-Nord, les quotas étaient fixés à 606 tonnes en 2020 et 2021. Cette année, alors que les crevettiers pouvaient lancer leur saison le 1er avril, les TAC s’élèvent plutôt à 530 tonnes, une baisse de 12 %. Celle-ci se poursuit en 2023 avec un quota de 473 tonnes.

Du côté de la zone 9 (Anticosti), qui réunit les territoires de Havre-Saint-Pierre à La Romaine, les crevettiers avaient l’autorisation de récolter 6 311 tonnes de crevettes nordiques lors des deux dernières années. Ce nombre n’échappe pas à la réduction des taux autorisés de captures et s’établit à 5 153 tonnes cette saison et à 4 525 tonnes l’an prochain ce qui équivaut à une baisse totale de 28 %.

Quant aux pêcheurs de la zone 8 (Esquiman), ils devront diminuer leurs captures de 29 % puisque le MPO a fixé leurs quotas à 4 825 tonnes (2022) et 4 222 tonnes (2023) comparativement à 5 959 tonnes pour les deux années précédentes.

Finalement, le total des quotas des quatre zones s’établira à 14 524 tonnes l’année prochaine alors qu’il atteignait 17 999 tonnes en 2021.

Des stocks en déclin

Pêches et Océans Canada affirme accorder « une importance particulière à la promotion et à la croissance du secteur canadien du poisson et des fruits de mer, en s’appuyant sur les meilleures données scientifiques disponibles ».

C’est pourquoi, dans les régions où les stocks sont en déclin, « il demeure important de laisser la possibilité aux stocks de se rétablir afin qu’ils puissent continuer à soutenir les communautés pour les générations futures », déclare le ministère par voie de communiqué.

Selon l’évaluation du stock de 2021, les abondances estimées de crevettes dans les quatre zones figurent parmi les valeurs les plus faibles observées depuis 1990. « Cela est dû en partie à l’augmentation constante des températures de l’océan dans le golfe. D’ailleurs, les pêcheurs ont vu leurs revenus diminuer au cours des dernières années », explique le MPO.

L’approche graduelle adoptée sur deux ans pour réduire les TAC se voulait une façon d’amoindrir les impacts économiques sur l’industrie ainsi que de contribuer aux besoins de prévisibilité des pêcheurs, selon Pêches et Océans Canada, qui se dit conscient de ces difficultés.

Le MPO poursuivra la revue complète de l’approche de précaution en vigueur depuis 2012 avec la collaboration de l’industrie et des Premières Nations, de façon à compléter les travaux avant la prochaine évaluation de l’état des stocks prévue en janvier 2024.

Voici les taux autorisés de captures établis par Pêches et Océans Canada pour 2022 et 2023.
Source : Pêches et Océans Canada
La carte des quatre zones de pêche à la crevette nordique dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Source : Pêches et Océans Canada

Partager cet article