Les pertes d’emplois et la pénurie de main-d’œuvre font mal à l’économie nord-côtière

Par Maxim Villeneuve 9:00 AM - 12 juillet 2022
Temps de lecture :

Le directeur général de l’IRÉC, Robert Laplante croit qu’il faudrait créer de nouvelles entreprises pour relancer l’économie. Photo : Courtoisie

En raison de nombreuses fermetures, il y a eu une perte nette de 5 500 emplois sur la Côte-Nord dans les dernières années. Malgré tous ces postes perdus, la région est frappée de plein fouet par la pénurie de main-d’œuvre. Comment cela s’explique-t-il?

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) a dressé le portrait de la situation économique post-pandémie dans la région, mettant en lumière de nombreux enjeux.

Parmi eux se trouve un indice de vitalité économique qui ne se porte pas bien, selon le directeur général de L’IRÉC, Robert Laplante.

« Les pertes d’emplois dans un contexte où les collectivités perdent de leur capacité à rebondir, ce n’est pas une bonne nouvelle », affirme-t-il.

Les nombreuses pertes d’emploi étaient davantage dues à des fermetures d’entreprises qu’à des suppressions de postes.

Pendant ce temps, le taux de postes vacants a continué d’augmenter. En février 2020, il y avait 2 830 postes vacants dans la région. En février 2022, cela a grimpé à 4 300.

L’indice de remplacement de main-d’œuvre, quant à lui, est à la baisse. Le ratio du nombre d’employés qui sortent du marché du travail versus ceux qui entrent est négatif. Cela accélère la dévitalisation.

M. Laplante explique qu’il faudrait créer de nouvelles entreprises afin de relancer l’économie. Cependant, cela est difficile à faire s’il n’y a personne pour occuper les nouveaux postes.

Ce sont les enjeux démographiques particuliers de la région qui causent ce manque de main-d’œuvre.

« Pour 100 personnes de la tranche d’âge de 55 à 64, il y a 62 personnes de la tranche de 20 à 29 ans. Donc, nous allons manquer de travailleurs », remarque le directeur général de L’IRÉC.

Attirer des travailleurs

Plusieurs entreprises ont effectué des augmentations de salaire pour attirer des employés. Cela n’a pas corrigé le problème, car le taux de postes vacants a augmenté de 2,8 %.

« Cela signifie qu’il y a d’autres facteurs d’attractivité qui sont en cause », déclare M. Laplante. « Et c’est ceux-là sur lesquels la région devra agir. »

Un de ceux-ci, est l’amélioration des infrastructures publiques, notamment dans le transport. L’autre élément à considérer est celui de la qualité des services publics, comme les places en garderie ou le système de santé.

« Pour aller occuper un emploi [en région], ces facteurs-là sont aussi importants, sinon davantage importants que les conditions salariales », indique M. Laplante.

Il affirme que la région aura besoin de l’aide de l’État en raison de son taux de dévitalisation actuel.

Cette recherche de l’IRÉC a été réalisée dans le cadre d’une tournée de formation des leaders et militants de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ).

Un secteur en mouvance

L’IRÉC a révélé que les emplois dans la région se sont détournés des secteurs primaires, de la construction et des services moteurs. Il y a plutôt eu une augmentation de la part des emplois dans les services aux ménages et dans la fabrication.

Des changements ont aussi été remarqués dans l’investissement manufacturier. Dans les sept dernières années, il y a eu une diminution des investissements en matériel et outillage. Au contraire, ceux en construction industrielle ont varié et augmenté.

Partager cet article