Immersion francophone à Tadoussac : briser la barrière de la langue

Par Johannie Gaudreault 11:00 AM - 27 juillet 2022
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Hassan Shahbazilar, Yandan Sun et Edan Matter, les trois participants du projet Je m’intègre en français à Tadoussac, sont entourés de Mireille Tré du CJE HCN et Madeleine Thibeault du CJE NDG. Photo : Courtoisie

La barrière de la langue peut être un frein à l’intégration des nouveaux arrivants au Québec. Le Carrefour jeunesse-emploi Notre-Dame-de-Grâce (CJE NDG) de Montréal veut offrir toutes les chances possibles aux immigrants anglophones en leur proposant une immersion professionnelle et culturelle francophone à Tadoussac.

Trois personnes immigrantes ont levé la main pour participer au projet Je m’intègre en français qui se tient durant trois mois à Tadoussac, pour la première fois. Deux participants ont débuté leurs apprentissages le 20 juin et une autre s’est jointe au groupe le 11 juillet.

« Outre le travail à temps plein, des activités en français (rencontres, promenades ou visites) sont organisées chaque semaine. L’objectif du programme est de favoriser la pratique du français dans un cadre de vie et de travail francophone, tout en découvrant la culture d’une région du Québec », explique la chargée de projet du CJE NDG, Madeleine Thibeault.

L’organisme offre des ateliers hebdomadaires de pratique du français en petits groupes favorisant l’intégration socioprofessionnelle des participants depuis 2010. C’est la première année qu’il est offert à Tadoussac, la destination coïncidant avec l’amour que porte Mme Thibeault pour la Côte-Nord, elle qui a grandi à Chicoutimi et qui a passé plusieurs étés dans le village touristique nord-côtier. 

« J’adore la Côte-Nord et j’aime en partager les beautés. J’ai constaté les besoins de main-d’œuvre, j’en ai discuté avec des intervenants et j’ai proposé le projet au directeur du CJE NDG en 2019. Le projet a commencé à voir le jour, mais la pandémie a mis un frein à l’initiative », de faire savoir la chargée de projet, qui est aussi enseignante en français au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Le CJE NDG a relancé le projet en 2022 et, cette fois, le CJE de la Haute-Côte-Nord a mis l’épaule à la roue par le biais de Mireille Tré, agente d’intégration en immigration, depuis quelques mois. « C’est une collaboration précieuse avec cet organisme régional », témoigne Madeleine Thibeault.

Le projet s’adresse aux nouveaux arrivants ou anglophones capables de s’exprimer en français à un niveau intermédiaire ou avancé. Les trois participants ont suivi des ateliers de pratique du français à Montréal pendant six semaines pour se préparer à vivre en français et à travailler à Tadoussac.

« Ils ont ainsi appris à se connaître pour s’épauler dans l’adaptation à venir, ajoute Mme Thibeault. Puis, on a passé des entrevues avec les promoteurs intéressés. L’enjeu du logement est de taille à Tadoussac et les promoteurs devaient offrir un hébergement aux participants. »

Des résultats prometteurs

Après la francisation, les personnes immigrantes se retrouvent parfois isolées avec peu de possibilités de parler français. Des ateliers hebdomadaires leur permettent de mettre en pratique leurs connaissances et de se présenter en entrevue d’embauche avec confiance, selon la chargée de projet.

À Montréal, le projet a des retombées très positives pour les participants. « La pratique du français en petit groupe donne rapidement confiance aux participants. Peu à peu, ils oublient la peur de parler français et se détendent. Ils se présentent en entrevue avec une confiance nouvelle et les résultats sont probants en termes d’embauche », confirme Madeleine Thibeault.

À Tadoussac, le fait de travailler en français « accélère le développement des compétences langagières et permet de mieux connaître la culture québécoise, en prise directe avec le quotidien d’un village touristique ouvert sur le monde ».

« Les participants savourent la vie en région, ils se sentent libres et bien accueillis dans cet environnement magnifique alors, la langue se délie. Les participants ont fait énormément de progrès en français, c’est impressionnant. Ils ont de quoi être fiers », poursuit l’enseignante.

Le projet pourrait être de retour l’an prochain au vu des succès engendrés lors de cette première édition. Les participants peuvent décider de s’installer définitivement à Tadoussac ou de répéter l’expérience. « Hassan Shahbazilar en a déjà manifesté l’intérêt. Celui-ci bonifie tous les jours sa liste de mots nouveaux. Il apprécie la cordialité des gens d’ici et la coopération qui règne au travail », affirme Mme Thibeault.

De son côté, Edan Matter apprécie la coopération qui règne dans le village, entre les promoteurs.  Il trouve que c’est commode que tout soit accessible à pied ici et il aime respirer le bon air salin. Quant à Yandan Sun, elle admire la vue à tout moment tout en savourant le calme de la nature. Elle est reconnaissante de vivre cette expérience unique.

« Tout dans cette aventure repose sur la confiance. Celle des participants qui ont eu le courage de quitter leur zone familière en ville et de parler français ici, et celle des promoteurs et de la population qui les accueillent si bien. Des liens se tissent avec le temps, c’est ouvert sur l’avenir et c’est une expérience inoubliable, selon Monsieur Hassan », de conclure la responsable du projet.

Un partenariat qui va de soi

Pour l’agente d’intégration en immigration au Carrefour jeunesse-emploi de la Haute-Côte-Nord, Mireille Tré, sa participation au projet Je m’intègre en français à Tadoussac allait de soi.

« Ça fait partie de mon mandat de faciliter l’intégration des personnes immigrantes sur le territoire. J’accompagne les nouveaux arrivants dans leur démarche d’installation, je les dirige vers les services tels que la francisation afin de faire découvrir les différents aspects de la vie ici », déclare-t-elle.

D’ailleurs, l’organisme hautnord-côtier offre déjà de l’accompagnement en francisation. Dans le cadre du Programme d’accompagnement et de soutien à l’intégration (PASI), « la francisation est un enjeu majeur pour les personnes immigrantes dans une communauté comme la nôtre ».

« Ce n’est pas nous qui faisons la francisation, mais un organisme comme ABC Côte-Nord. C’est le cas présentement avec des travailleurs étrangers à Forestville », dévoile Mme Tré.

Cette dernière est ravie du déroulement du projet jusqu’à maintenant. « Tout se passe très bien. Les participants sont contents de leur expérience. Ils se sont beaucoup améliorés depuis leur arrivée. Leur communication en français est beaucoup plus fluide en seulement quelques semaines », conclut-elle.

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