Des Ukrainiens intégrés à la vie bergeronnaise

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 17 août 2022
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Marc-Antoine Labine Labonté et Jessica Bouchard accueillent un couple de réfugiés ukrainiens dans leur résidence située aux Bergeronnes.

Un couple d’Ukrainiens a choisi la Haute-Côte-Nord pour fuir la guerre qui sévit dans son pays. Ruslan et Anna ont été accueillis par la communauté des Bergeronnes et, plus particulièrement, par leurs hôtes, Jessica Bouchard et Marc-Antoine Labine Labonté.

C’est dans le but d’aider son prochain que Mme Bouchard souhaitait faire sa part pour soutenir les réfugiés de l’Ukraine. « Quand je voyais les images à la télé, ça me fendait le cœur. Je me sentais impuissante en faisant mon petit don à la Croix-Rouge. Je voulais faire plus », divulgue-t-elle.

Elle a commencé à réfléchir sur le rôle qu’elle pourrait jouer : « je ne suis pas une combattante de l’armée, mais j’ai pensé à offrir de l’hébergement comme j’ai de la place à la maison ». « Je me disais qu’il n’y aurait sûrement pas d’Ukrainiens intéressés à déménager aux Bergeronnes, mais si tel était le cas, je serais prête à les accueillir », ajoute la Bergeronnaise d’origine.

À partir de ce moment, les démarches ont débuté. « J’ai entendu parler d’un avocat qui avait créé un groupe Facebook pour les personnes intéressées à accueillir des réfugiés. Je m’y suis inscrite et c’est de cette manière que j’ai rencontré Ruslan et Anna », raconte Jessica Bouchard.

Les deux couples ont échangé pendant quelques mois avant d’organiser le déménagement officiel surtout « pour s’assurer qu’ils avaient les mêmes intérêts et que la cohabitation fonctionne ». « Je crois que la communication est très importante avant d’embarquer dans une telle aventure, mentionne Mme Bouchard. On leur a décrit notre milieu de vie pour qu’ils comprennent où ils allaient habiter. »

Le plus important pour les deux Ukrainiens était de trouver un endroit « loin de bombardements ». « C’était touchant de savoir que leur seul critère était de ne pas recevoir de bombe sur leur maison », témoigne Marc-Antoine Labine Labonté.

Ruslan s’intéressait toutefois déjà au Canada. Il entretenait le désir d’y immigrer, il n’a donc pas choisi ce pays pour les conditions d’accueil ou par défaut. Son départ de l’Ukraine s’est avéré assez difficile.

« Il nous a confié qu’il avait dû fuir son pays pour se rendre en Pologne et il a manqué y laisser sa vie. Il a vraiment risqué le tout pour le tout », dévoile Marc-Antoine.

C’est donc le 19 juillet que l’expérience a concrètement commencé pour les deux hôtes, Jessica s’étant rendue à l’aéroport de Montréal pour chercher ses colocataires.

« J’étais tellement heureuse de les voir. On a tout de suite créé un beau lien ensemble. »

Intégration

Après leur arrivée aux Bergeronnes, l’étape de l’intégration s’est enclenchée. Mme Bouchard s’était bien préparée en amont pour s’assurer qu’ils reçoivent des services et qu’ils remplissent les exigences gouvernementales.

Ils ont donc rapidement rencontré les intervenantes du Carrefour jeunesse-emploi de la Haute-Côte-Nord qui accompagnent les personnes immigrantes.

Ils se sont inscrits à des cours de francisation « parce que la barrière de la langue est quand même un frein à leur intégration ». Tout était en place pour leur garantir un espace de vie adéquat et sécuritaire.

Les immigrants doivent encore s’adapter à la culture québécoise, mais ils ont de beaux projets en tête pour assurer leur avenir au Québec.

Tous les deux détenteurs d’une formation en ingénierie, en aviation pour Ruslan et dans le domaine aérospatial pour Anna, ils souhaitent travailler et s’accomplir dans leur nouveau milieu de vie.

Une expérience culturelle enrichissante

Au-delà d’apporter de l’aide à des personnes dans le besoin, ce qui est un accomplissement en soi, Jessica Bouchard et Marc-Antoine Labine Labonté vivent une expérience culturelle des plus enrichissantes. Ils apprennent à connaître la culture ukrainienne ainsi que les valeurs de leurs nouveaux amis.

« Ce sont des personnes très gênées et fières. Elles ne veulent pas la charité et ont de la difficulté à recevoir de l’aide sans rien donner en retour. Mais, on leur explique qu’ici, on est comme ça. L’entraide fait partie de nos valeurs », souligne M. Labine Labonté, directeur musical à la radio CHME des Escoumins.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les Ukrainiens n’ont pas voulu témoigner leur vécu au Journal, n’aimant pas attirer l’attention et la compassion.

« On ne parle pas beaucoup de tout ce qu’ils ont vu là-bas. Je sais que ce n’est pas toujours facile pour eux. Ils se sentent coupables d’avoir laissé leur famille. On est là pour les écouter quand ils ont envie d’en parler », exprime Jessica Bouchard, qui est en mesure de les accompagner ayant une formation en psychoéducation.

Le couple hôte invite les personnes intéressées à accueillir des réfugiés ukrainiens à manifester leur intérêt dans les différents groupes Facebook créés à cet effet. La demande commence à se faire sentir pour le mois de septembre alors que d’autres ressortissants de la guerre arriveront au Canada, dépaysé, effrayé et sans ressource.

« Je suis certaine que la Côte-Nord peut devenir une terre d’accueil formidable pour ces personnes qui ont besoin d’aide », conclut Mme Bouchard, qui ne regrette aucunement son expérience jusqu’à maintenant.

Les hôtes ont emmené Ruslan et Anna déguster les bons plats du restaurant du Boisé des Bergeronnes. Photo : Courtoisie

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