Les agences de placement sont « un mal nécessaire », selon le CISSS de la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 12:10 PM - 27 septembre 2022
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Les moyens de recrutement sont nombreux au CISSSde la Côte-Nord. Photo : iStock

Le CISSS de la Côte-Nord ne ménage pas ses efforts quand vient le temps de recruter du personnel, mais il est difficile de supporter la main-d’œuvre en place lorsque les départs sont plus nombreux que les embauches. Le recours aux agences de placement devient donc « un mal nécessaire », selon la responsable du recrutement Sandra Morin.

« On voudrait bien sortir la main-d’œuvre indépendante (MOI) de nos murs, mais si on fait ça, il y aura des bris de service », commente-t-elle précisant que la majorité des infirmières des agences de placement proviennent de l’extérieur de la région. « Seulement 2 % de la MOI est de la Côte-Nord », dévoile Mme Morin.

Depuis cinq ans, le nombre d’heures travaillées par la MOI est en constante augmentation au CISSS de la Côte-Nord. En 2016-2017, ces heures ne dépassaient pas le cap des 100 000 alors qu’en 2021-2022, les données estimées atteignent près de 700 000 heures.

Seulement pour les infirmières, les chiffres passent de 35 068 à 245 255 (estimation) heures travaillées par la MOI entre 2016 et 2022, une variation de 561 %.

Les coûts reliés au recours de cette main-d’œuvre suivent logiquement la même tendance. En 2016-2017, le CISSS devait débourser 6,4 M$ pour l’utilisation de la MOI. En 2021-2022, on parle d’une estimation de 84 M$, une variation qui dépasse les 1 000 % depuis 2015-2016.

Malgré tout, les installations de santé et services sociaux nord-côtières continuent de subir des bris de service.

« On a vécu le pire été en termes de bris de service, mais quand on regarde ailleurs, c’est partout pareil », admet Mme Morin.

Départs à la retraite

L’avenir n’est pas plus réjouissant sur un horizon de cinq ans. Selon les prévisions de la responsable du recrutement au CISSS de la Côte-Nord, on s’attend à 375 départs à la retraite, soit 9 % du total des employés. Sur ces départs, 139 concernent des infirmières.

« Ce n’est pas si pire si on compare aux deux dernières années où on a eu presque le même nombre de départs », illustre Mme Morin. Présentement, au-delà de 600 postes sont vacants au sein du centre de santé et de services sociaux, dont 120 emplois d’infirmières.

« Avant, on manquait surtout d’infirmières et de professionnels comme les psychologues, éducateurs, ergothérapeutes, maintenant c’est dans tous les départements. J’ai des postes à combler en informatique, en administration, la pénurie de main-d’œuvre est partout », ajoute-t-elle.

L’an dernier, le CISSS avait réussi à embaucher 800 nouvelles personnes. Le portrait est tout autre cette année.

« On en a la moitié moins et nous avons autant de départs. Jusqu’à maintenant, en 2022, on a recruté seulement 350 personnes », déplore la gestionnaire qui voit un autre défi dans la rétention et la fidélisation de la main-d’œuvre.

Recrutement international

Une multitude de moyens de recrutement sont mis en branle par le CISSS de la Côte-Nord pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.

Outre les campagnes de recrutement sur les réseaux sociaux, les mesures gouvernementales de prêt de service, les primes d’installation de 24 000 $, les firmes de chasseurs de têtes, les salons d’emploi, le centre de santé se tourne également vers le recrutement international.

Très prochainement, 42 infirmiers et infirmières en provenance de l’Afrique joindront les rangs du CISSS de la Côte-Nord. « C’est un projet pour les CISSS au Québec. Nous avons levé la main vite compte tenu des nos besoins énormes », témoigne Mme Morin.

Les nouveaux venus devront accomplir une formation d’un an à Sept-Îles et Baie-Comeau pour mettre leurs pratiques aux normes du Québec. Ils seront prêts à commencer leur emploi à l’automne 2023.

« Ce sont de belles ressources et nous souhaitons poursuivre dans cette voie », confirme la responsable du recrutement.

Depuis 2018, le CISSS de la Côte-Nord a recruté 17 infirmières, trois travailleurs sociaux et trois préposées aux bénéficiaires en France.

La semaine dernière, Sandra Morin a rencontré une trentaine d’immigrants à Sept-Îles pour « une opération séduction ». « On espère en recruter cinq ou six. Ils habitent à Montréal, mais souhaitent déménager à Sept-Îles. On leur a déroulé le tapis rouge. »

Consciente des défis d’accueil et d’intégration de la main-d’œuvre immigrante, Mme Morin a mis en place dernièrement un programme de parrainage pour ces ressources.

« La rétention est importante. Ils viennent travailler au sein de nos équipes, on veut bien les accueillir et les intégrer pour qu’ils restent avec nous. On travaille donc sur de nouveaux outils pour aider les gestionnaires », conclut-elle.

Source : CISSS de la Côte-Nord

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