Prendre le pari d’allonger la basse saison en Haute-Côte-Nord

Par Renaud Cyr 9:00 AM - 6 octobre 2022
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La vue de la terrasse du café L’Abri Côtier Tadoussac, l’un de ces établissements qui ouvrent leurs portes plus longtemps lors de la basse saison. Photo : courtoisie.

La basse saison touristique s’enclenche peu à peu chez les restaurateurs de la région. Autrefois synonyme de réduction de personnel, d’allégement d’inventaire et de fermeture imminente, la basse saison change aujourd’hui progressivement de visage pour laisser place à un nouveau type d’achalandage. Allonger la basse saison, tel est le pari de trois établissements de restauration du coin.

Le soleil inonde la grande salle à manger du restaurant La Bolée de Tadoussac. Son nouveau propriétaire, Denis Oliva, constate l’étendue du grand espace parsemé de tables et de chaises antiques en bois massif, sous fond de papier peint fleuri d’époque.

« Ce que je veux, c’est d’ouvrir le matin pour les déjeuners, et peut-être faire un salon de thé l’après-midi ou quelque chose de semblable », déclare-t-il, rêveur. « Cette année on essaie des trucs », s’exclame-t-il avec optimisme.

La haute saison n’a pas été de tout repos pour la majorité des établissements de restauration et d’hôtellerie. Le retour de la clientèle européenne a fait bondir le taux de location de chambres, et pas seulement à Tadoussac où s’arrête de manière prolongée cette clientèle.

« En septembre nous avions un taux d’occupation de 95 % », lance Félix Petit, co-propriétaire de l’auberge La Rosepierre située aux Bergeronnes.

Même son de cloche du côté restaurant pour Denis Oliva : « Par rapport à ce que je pouvais faire en salle et en cuisine avec 12 employés, j’ai atteint ma limite de capacité presque tous les soirs », explique-t-il.

Nouvelle clientèle

La haute saison touristique se manifeste subitement, avec ses contraintes toutes connues des habitants de la Haute-Côte-Nord : attente prolongée dans les magasins, entraves routières et achalandage dans les lieux publics.

Plusieurs touristes qui ne désirent pas être exposés à ce genre de pression viennent quant à eux visiter la région en marge de la haute saison.

« Il y a des touristes plus âgés comme des retraités qui laissent passer la ruée de la haute saison », souligne Félix Petit, également co-propriétaire du Bistro Henri, adjacent à l’auberge La Rosepierre. « C’est un type de clientèle qui peut se le permettre », enchaîne-t-il.

Les Européens peuvent également profiter des activités liées à l’observation des baleines jusqu’en novembre, mais aussi admirer les couleurs d’automne que revêtent les arbres.

Le café L’Abri Côtier, situé juste en face de l’église de Tadoussac, est orienté vers l’est et possède une terrasse de laquelle les visiteurs peuvent admirer le fleuve en sirotant une boisson chaude.

« J’étais sur la terrasse l’autre jour et je n’en revenais pas à quel point c’était beau », déclare Cindy Bourque, co-propriétaire du café. « Ces jours-ci on peut encore avoir chaud en s’assoyant sur la terrasse », précise-t-elle.

« Nous nous fions beaucoup aux dates de fin des croisières, et nous fermerons le 30 octobre. En termes de chiffres, notre saison a été un succès », souligne Cindy Bourque. « Même si l’été est derrière nous, nos journées sont encore bonnes », explique-t-elle.

Le retour des locaux

Pour les restaurateurs, le constat est le même : de plus en plus de locaux fréquentent avec une assiduité grandissante leur établissement. « J’en vois de plus en plus », confirme Denis Oliva, qui a misé cet été sur une carte de tapas en plus de ses tables d’hôte régulières.

Lorsque la région se couvre d’un voile blanc et que ses gîtes se placardent, il est difficile de croire qu’elle est l’hôte de plusieurs dizaines de milliers de visiteurs durant la haute saison touristique.

« Il faut s’occuper de notre monde, ce n’est pas parce que les touristes s’en vont qu’il faut tout arrêter », préconise Denis Oliva.

De son côté, Félix Petit et sa conjointe ont prévu de fermer environ un mois à partir du 24 octobre, afin de rouvrir à temps pour les fêtes de bureau.

« Nous avons parlé à certains de nos clients habitués et il y a de l’intérêt. Jusqu’à maintenant 5 ou 6 groupes seraient très intéressés à venir festoyer au bistro », explique-t-il. Le Bistro Henri rouvrira ensuite en janvier.

Sans rester ouvert à l’année, l’équipe de l’Abri Côtier prévoit ouvrir sporadiquement pour des événements spéciaux dans le village, comme le carnaval prévu en mars. La co-propriétaire n’exclut pas d’ouvrir durant certaines fins de semaine.

« Ça mijote dans nos têtes », déclare-t-elle. « Il y a des demandes et ça risque d’attirer plus de gens », conclut madame Bourque.

Cette année test sera déterminante pour l’industrie de la restauration et de l’hôtellerie locale. Si le pari fonctionne, il sera possible d’additionner les retombées économiques relatives aux motoneigistes avec celles d’événements hivernaux de plus en plus nombreux, comme les marchés de Noël, le carnaval de Tadoussac et la fin de semaine Entre Nous aux Bergeronnes.

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