Rivière Moisie : vers une cohabitation harmonieuse

Par Alexandre Caputo 12:00 PM - 13 octobre 2022 Initiative de journalisme local
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Les Innus de Uashat mak Mani-utenam sont confiants qu’ils reprendront contrôle de la Rivière Moisie. Photo Tipou Productions

Le conflit entre la communauté innue de Uashat mak Mami-utenam et les différents acteurs allochtones au sujet des droits d’exploitation de la rivière Mishta-Shipu (Moisie) est encore d’actualité, une résolution pourrait cependant être envisageable à moyen terme. 

« La rivière et ses points de portage étaient considérés comme l’autoroute pour les membres de la communauté qui se dirigeaient dans le territoire », lance d’entrée de jeu Me Marie-Claude André-Grégoire, avocate chez O’Reilly et Associés, spécialisée en droit constitutionnel et droit environnemental. 

Malgré le fait que les Innus considèrent posséder des droits ancestraux sur la rivière et sur les terres environnantes, ils ont encore du mal à partir avec les pourvoiries et la ZEC installées dans les environs. 

En 2018, le Gouvernement provincial a octroyé des subventions à la communauté pour l’aider à se réapproprier les pourvoiries se trouvant sur la rivière Moisie. Les Innus sont maintenant propriétaires de deux de ces pourvoiries et ils espèrent pouvoir obtenir le droit de gérance sur les deux restantes, ainsi que sur la ZEC. 

Études en cours

Le conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam se penche présentement sur plusieurs aspects à maîtriser, s’il désire reprendre ce qui lui est dû. 

ITUM est notamment au cœur d’une étude concernant l’état du saumon dans la rivière Moisie. Le but de cette recherche est de chiffrer la population de ce poisson dans le cours d’eau, ainsi que d’en déterminer l’état de santé, les pourvoiries pouvant avoir des effets néfastes sur l’écosystème. 

La communauté travaille également sur la confection d’un code de conduite pour les usagers de la rivière.

« Ce code d’éthique visera à protéger les animaux, la terre et l’eau sur le territoire de la rivière Mishta-Shipu », explique Me André-Grégoire. « Dans la nature, tout est interrelié, il faut donc faire des efforts pour, non seulement la protection de l’eau, mais aussi pour tout ce qui l’entoure », poursuit-elle. 

Les citoyens de Uashat mak Mani-utenam devront également s’attarder à la question des aires à protéger. Ensemble, ils détermineront quels emplacements feront partie de l’aire de protection pour le bassin versant. La définition du mot « protection » dans le présent contexte doit encore être établie par la communauté. 

Selon Me André-Grégoire, le Gouvernement fédéral semble emballé par ce projet, alors qu’il y aurait un peu plus de travail à faire du côté provincial. L’avocate mentionne en revanche que tous les partis font preuve de bon vouloir dans ce dossier. 

« Le but n’est pas de chasser les allochtones de ces terres, mais de les accueillir dans le but de cohabiter de façon harmonieuse. Cette cohabitation harmonieuse devra passer par le respect des traditions et de l’écosystème », conclut l’avocate innue. 

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