Faire avancer la recherche en parrainant une petite nyctale

Par Renaud Cyr 12:00 PM - 19 octobre 2022
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La petite nyctale est la plus petite des chouettes du Québec. Elle pèse environ 100 grammes et mesure environ 20 cm de longueur. Photo: Alexandre Terrigeol

L’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac lance son programme de parrainage virtuel de petites nyctales. Il est encore temps de profiter de leur présence aux dunes de Tadoussac où elles se retrouvent par dizaine chaque soir, et de contribuer à la recherche sur leur comportement et leurs pratiques.

Les nyctales sont des rapaces qui font partie de la famille des strigidés, qui regroupe plus de 200 espèces de chouettes et de hiboux, dont une dizaine dans la belle province. Bien qu’elles soient assez communes, elles passent souvent inaperçues en raison de leurs habitudes nocturnes.

« L’habitat de la petite nyctale dans la province est très vaste. Ça peut aller du Centre-du-Québec jusqu’à Sept-Îles, et même plus au nord encore », explique d’entrée de jeu Alexandre Terrigeol, directeur de l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac (OOT).

Les dunes de Tadoussac est un important couloir de migration pour les rapaces, qui se nourrissent de campagnols à dos roux (rongeurs parfois appelés mulots) et occasionnellement d’oiseaux comme le bruant à gorge blanche.

Captures abondantes

Le parrainage implique la pose d’une bague avec un numéro, pour la somme modique de 50 $. Il est également possible de s’informer sur ses allées et venues si elle est recapturée par un autre observatoire.

« On met des photos des petites nyctales que l’on capture sur notre site Internet, et quand les gens décident de parrainer, on leur envoie un certificat avec leur photo, leur poids et leur âge », précise Alexandre Terrigeol.

L’OOT a dépassé le cap des 200 petites nyctales capturées et, selon le directeur, ce nombre pourrait s’élever jusqu’à 250. « 95 % de nos prises sont des femelles. Il est possible que les mâles restent sur leur site de nidification quand elles reviennent », ajoute-t-il.

« Ce ne sont pas toutes les petites nyctales qui peuvent être parrainées », renchérit Alexandre Terrigeol. « Parfois quand on les capture, elles s’envolent immédiatement. Nous en avons une cinquantaine d’identifiées, et 20 d’entre elles sont déjà parrainées », résume-t-il.

La capture est effectuée à l’aide de filets, dont les mailles de 60 millimètres retiennent les oiseaux de proie en sécurité. À l’intérieur des filets, une enceinte audio joue en alternance le chant du mâle.

Projet de recherche

Les nyctales restent énigmatiques, malgré leur nombre relativement important dans la région. Selon le directeur de l’observatoire, davantage de recherche serait nécessaire pour bien comprendre leur cycle migratoire.

« Quand ça a commencé en 1996, c’était une façon de financer les recherches à court terme sur le mouvement des populations sur le territoire, mais également d’acquérir de l’information sur des espèces dont on ne connaissait quasiment rien », indique-t-il.

« Le baguage nous permet également de détecter des espèces rares et d’en apprendre plus sur la biodiversité de nos forêts », fait-il savoir.

« Il y a déjà eu des projets qui ont été faits et des données qui ont été analysées par le passé, mais il y a encore énormément de choses à faire. Par exemple, nous ignorons encore beaucoup de choses sur la nyctale de Tengmalm, une espèce davantage boréale », déclare le directeur.

Derrière les migrations

La présence dans la région des nyctales de Tengmalm, légèrement plus grosses que leurs petites consœurs, demeure intrigante.

« L’OOT a été en mesure de montrer des cycles d’abondance de 4-5 ans, directement liés à l’abondance de campagnol à dos roux, mais le dernier pic était attendu l’année passée et n’a pas été observé », observe Alexandre Terrigeol.

« Est-ce que l’environnement des dunes de Tadoussac a changé? Est-ce qu’il y a des changements dans la forêt boréale qui font en sorte qu’elles n’utilisent plus les dunes lors de leur migration? Ce sont des questions auxquelles on pourrait répondre avec un tel projet », espère-t-il.

Le directeur de l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac espère pouvoir approfondir la connaissance sur les deux espèces.

« En Europe il y a un réseau de nichoirs qui permettent de comprendre leur migration, ça serait possible de le faire ici également. Ça a été fait dans le passé aux alentours de Sept-Îles, mais ça serait intéressant à mettre en place sur la Haute-Côte-Nord », conclut-il.

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