Une leçon de résilience pour les entrepreneurs de la région

Par Johannie Gaudreault 1:00 PM - 1 novembre 2022
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La fondatrice et présidente de Sushi à la maison, Geneviève Everell, a parlé de son parcours aux personnes présentes lors du souper-conférence tenu dans le cadre du Colloque Entreprendre en région.

C’est une véritable leçon de résilience qu’a offerte la conférencière Geneviève Everell, alias Miss Sushi, aux participants du colloque Entreprendre en région le 26 octobre. Celle qui est née d’une nuit bien arrosée ne voulait pas d’une vie de débauche, mais réussir sa vie un rêve à la fois.

Invitée à parler de son parcours pour conclure la journée de formations, la présidente et fondatrice de Sushi à la maison est d’une honnêteté bouleversante. Impossible de rester de glace en écoutant le récit de son enfance qui ne laissait aucunement présager l’avenir de femme d’affaires prospère qui lui était réservé.

« Je viens de Limoilou, mes parents étaient des amis de brosse alors je suis née d’une nuit bien arrosée », lance-t-elle d’entrée de jeu aux 80 personnes pendues à ses lèvres à l’EconoLodge de Forestville. Habitant un quartier défavorisé, des parents sur l’aide sociale dépendants à l’alcool, « je pensais que c’était ça la vie ».

Elle n’a jamais trouvé étrange sa façon de vivre jusqu’à ce que sa mère rencontre son beau-père alors qu’elle était âgée de six ans.

« Quand la violence a commencé, les attaques physiques, je ne trouvais plus ça normal », se rappelle-t-elle. Geneviève a déménagé souvent, elle a fréquenté 13 écoles primaires ainsi que des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

« Tout ça pendant les six années que ma mère a fréquenté cet homme », révèle-t-elle alors qu’on pouvait lire l’émotion sur tous les visages dans la salle. À 12 ans, elle demeure donc dans un petit appartement avec sa mère, qui s’est fait un nouvel amoureux.

Elle est donc seule la majorité du temps se « cuisinant de bons petits soupers en écoutant les nouvelles », dit-elle en rigolant de sa maturité précoce.

Sa figure maternelle ne réussissant visiblement pas à payer le loyer, l’adolescente se fait mettre à la rue par le propriétaire.

« C’était en février. Ma mère ne pouvait me prendre avec elle. Elle m’a donc envoyée chez une chum de fille jusqu’au 1er juillet, le temps qu’elle se ramasse des sous. J’y ai demeuré trois ans et croyez-moi ce n’était pas mieux », raconte la chef cuisinière.

À l’aube de ses 16 ans, elle finit par quitter ce logis où le réfrigérateur et les fonds de tiroir se faisaient vides plus souvent qu’autrement. Elle se rend chez sa mère, qu’elle n’a presque pas vue en trois ans, pour se rendre compte qu’elle habite dans une piquerie.

« J’ai dormi sur une coquille de mousse à travers la consommation et la vente de drogues pendant un mois avant de me déclarer moi-même à la DPJ », témoigne la conférencière.

Elle a été placée 30 jours en famille d’accueil pour être ensuite renvoyée avec sa mère. « On disait que j’étais assez résiliente pour m’en sortir. Je leur ai donné raison. »

Geneviève Everell a pris son destin en main. Elle s’est loué un appartement et a commencé à travailler chez McDonald’s pour payer son loyer.

« Je ne voulais pas de cette vie. Je me suis dit que je pouvais m’en créer une. À chaque petite réussite, je savais que je pouvais me rendre plus loin », affirme-t-elle, fière d’avoir su se relever les manches, malgré son jeune âge.

Une passion

C’est en 2005, âgée de 19 ans, qu’elle découvre sa passion : les sushis. Elle a été embauchée par un restaurant qui l’a formée pour cuisiner cette spécialité qui l’a vite inspirée.

« Ç’a changé ma vie. À partir de ce moment, c’est devenu ma passion et mon rêve. J’inventais de nouvelles sortes de sushis et les clients en redemandaient. J’y ai travaillé deux ans », dévoile Geneviève Everell.

Redoublant d’efforts, la femme d’affaires a terminé son cinquième secondaire pour étudier en radio et télévision, une formation dans laquelle elle a excellé. Elle a par la suite travaillé à la radio tout en répondant à la demande de ses amis pour des soirées sushis à la maison.

De fil en aiguille, avec l’aide des réseaux sociaux, son travail autonome a fini par prendre toute la place. Les abonnés ne cessaient d’augmenter et la demande se faisait de plus en plus grande.

« J’ai lâché la radio et j’ai tout fait d’instinct sans plan d’affaires. J’ai sillonné toutes les routes du Québec pour Sushi à la maison », s’exclame-t-elle.

Aujourd’hui, Geneviève Everell gère 250 employés, neuf franchisés, deux restaurants et 25 miss sushi. Elle possède une gamme de 30 produits en épicerie, 100 000 abonnés sur Instagram et a publié 12 livres, rien de moins, tout ça « sans avoir produit le moindre document financier et contracté le moindre prêt ».

La trentenaire est désormais proche de son père, qui a suivi une thérapie pour sa dépendance à l’alcool. Elle a perdu sa mère d’un cancer il y a quelques années, mais elle demeure « sa bonne étoile ».

Son conseil pour les entrepreneurs : « écoutez vos clients et partagez votre passion ».

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