Un grand vide à l’Auberge de jeunesse de Tadoussac

Par Renaud Cyr 11:45 AM - 9 novembre 2022
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André Tremblay avec ses proches lors de son 80e anniversaire. Photo : Renaud Pintiaux.

André Tremblay fut l’initiateur d’une multitude de projets plus fous les uns que les autres qui ont marqué le paysage culturel et historique de Tadoussac. Également propriétaire de l’Auberge de jeunesse de Tadoussac, ses initiatives abracadabrantes auront permis une chose impensable il y a 50 ans : mettre Tadoussac sur la map.

« Je passais par Tadoussac en allant à l’auberge jeunesse de Sault-aux-Moutons. Dans ce temps-là c’était l’endroit par excellence pour faire la fête, et j’ai rencontré André par hasard en m’arrêtant à l’auberge de jeunesse », raconte Charles Breton, anciennement maire de la municipalité de Tadoussac.

Celui qui a également été directeur général du Festival de la chanson de Tadoussac se souvient des débuts du festival. « Il y avait plein de gens, et quand je suis entré en poste au début des années 1990, c’était la fête en continu avec des groupes comme Les Colocs. C’était la belle époque », raconte Charles Breton.

« J’étais sur le conseil d’administration du Festival dans ses débuts », se rappelle Joëlle Pierre, ex-conjointe d’André Tremblay. « André et Charles voyaient ça en grand et avec le temps c’est devenu ce qu’André imaginait, un festival avec plusieurs salles qui contaminait tout le village », ajoute-t-elle.

Des idées aux projets

« André organisait des buffets de crabe aux dunes et au café du Fjord. Il arrivait avec des barils et tout ça se transformait en grande fête », explique Joëlle Pierre. « À l’époque, personne ne parlait de crabe. L’année suivante les restaurants du coin ont commencé à en servir », soutient Joëlle Pierre.

Les croisières aux baleines sont aussi nées d’une idée d’André et de ses collaborateurs. « C’est un des premiers qui y a cru », précise Charles Breton. « Il a ensuite fondé la compagnie de la Baie de Tadoussac qui proposait des croisières aux touristes de manière plus structurée qu’auparavant », conclut-il.

« Les gens de Tadoussac voyaient les baleines, mais ignoraient complètement leur condition. On les appelait les gibards, et ça a pris du temps avant que l’on se rende compte de toutes les espèces qui fréquentaient le fleuve et leur nom », explique l’ancien marie de Tadoussac.

«Tout d’un coup, il avait une idée. Il voyait quelque chose qui pourrait fonctionner et le mettait en pratique », décrit Joëlle Pierre. « Le marché de Noël, les croisières aux baleines, le Happening de peinture, ce sont toutes des idées d’André », souligne-t-elle.

« Si le village est ce qu’il est aujourd’hui, c’est à cause d’André Tremblay. Je pense qu’il a donné aux gens le goût du travail bien fait, dans une apparence de désordre total », conclut la Tadoussacienne.

L’âge d’or des auberges de jeunesse

Marie-Claude Trottier, directrice générale de l’auberge le Nord-du-Nord à Sault-aux-Moutons de 1985 à 1988, a côtoyé à plusieurs reprises le fondateur de l’auberge de jeunesse de Tadoussac.

« On se voyait dans des événements et on se parlait parfois au téléphone. On s’empruntait mutuellement du matériel comme des chaises et des tables », raconte-t-elle.

« Les artistes qui venaient jouer au Nord-du-Nord passaient tous par Tadoussac. C’était la fête presque tout le temps, et les deux auberges se complémentaient », se rappelle Marie-Claude Trottier.

« Nous étions les deux seuls endroits dans la région à demeurer ouverts durant l’hiver. À l’époque nous misions sur le ski de fond, tandis qu’André tenait des excursions de traineaux à chiens. C’était une nouveauté à l’époque », explique-t-elle.

« Il n’a jamais changé. Il était imprégné d’une bonhommie toute naturelle, et il était un visionnaire », se remémore Marie-Claude Trottier. « C’était quelqu’un de courageux, de solide et il était très avenant », dit-elle.

Développement touristique

L’ancêtre de Tourisme Côte-Nord, l’Association Touristique Régionale Manicouagan (ATRM), était responsable de la promotion touristique de la région. Pour Marie-Claude Trottier, l’ATRM avait peu d’intérêt pour développer le tourisme en Haute-Côte-Nord.

« Nous sommes toujours battus pour faire reconnaître le potentiel touristique de la région, et André aussi », raconte l’ancienne directrice.

« Ils ont arrêté de mettre uniquement des photos de Manic-5 sur les brochures et les guides touristiques », souligne-t-elle avec humour.

Questionné à savoir quel fut le legs le plus important d’André Tremblay pour Tadoussac, Charles Breton tranche sans hésiter : « le développement touristique ». « Il a participé à l’image positive de Tadoussac », reprend-il.

« André était très charismatique. Il avait la faculté de faire croire les gens à leurs rêves. Et c’était un beau bonhomme aussi », conclut Joëlle Pierre en riant.

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