La baisse du prix du fer n’inquiète pas trop
Le prix du fer qui a connu des envolées au-delà de 200$ la tonne est désormais sous la barre symbolique du 100$. Au nord, Tata Steel a annoncé un arrêt de production. Bien que les marchés influencés par la crise immobilière de la Chine et la guerre en Ukraine connaissent des changements, la Côte-Nord devrait continuer de tirer son épingle du jeu, selon des analystes.
Pour un fer de qualité tel que celui produit par Champion Iron, ArcelorMittal ou IOC, on peut obtenir aux environ de 88$ la tonne actuellement. À titre d’exemple, pour son second trimestre de 2023, Champion Iron a révélé un coût de production de 65,9$ la tonne.
«C’est quand même assez profitable, ils [les producteurs de minerai de fer] ont encore une bonne marge de manœuvre», commente Steeve Chapados, directeur général à la Caisse Desjardins de l’Énergie et des Ressources naturelles. «Rappelons-nous que lorsque Champion a reparti le lac Bloom, les prix étaient aux environs de 60$ la tonne», ajoute M. Chapados.
Le cas de Tata est différent, puisque le minerai produit par l’entreprise serait de qualité moindre.
Autre signe positif pour la région, Champion réinvestit ses profits dans des projets comme celui de sa phase II.
«Ils ont été capables de le faire sans s’endetter à outrance», souligne M. Chapados.
Cette stratégie a d’ailleurs servi à abaisser encore plus les coûts de production de la minière. Puisqu’elle commence à bénéficier des volumes de production élevés générés par son projet, son coût comptant est passé de 74$ à 65,9$ en un trimestre.
La Chine frappe fort
La Chine consomme pratiquement 50% des ressources naturelles de la planète. Présentement, elle est en train de passer d’une économie «émergente» à une économie dite «mature».
«Tu bâtis tes infrastructures, et après, tu les entretiens et la Chine est en train d’arriver à cette étape, de devenir une économie plus mature. Ils ont même trop construit», explique Serge Morin, conseiller principal en gestion de patrimoine à la Banque Nationale.
Cette situation influence grandement le prix du fer, alors que la demande pour l’acier est moindre.
L’endettement se transforme
Les taux d’intérêt ont été plutôt à la baisse au cours des dernières décennies. Ça aussi, ça influence le marché. Ça a permis à la population d’emprunter plus d’argent.
«Cet argent a été utilisé principalement pour de la construction d’infrastructures. Il y a donc eu une très forte demande pour les matériaux de construction (fer, cuivre, aluminium)», indique M. Morin.
Mais la fête est terminée.
«Dans les 15 derniers mois, ils [les taux d’intérêt] sont revenus au niveau qu’ils étaient il y a 15 ans», illustre M. Morin.
Le montant des intérêts à payer sur les dettes change donc grandement.
«Par exemple, au lieu de payer 1000$ par mois, on va passer à 3000$.»
À Sept-Îles comme ailleurs, les propriétaires de maison qui sont aux prises avec des taux d’intérêt qui grimpent et rendent leur remboursement hypothécaire pénible commencent à se manifester.
«Ça fait 30 ans que je fais ce métier, et au niveau mondial, je pense que ce sera la plus difficile récession que nous allons vivre depuis mes débuts», mentionne le conseiller en gestion de patrimoine.
Mais les acheteurs du minerai de fer nord-côtier sont fidèles.
«Pour la région, jusqu’à présent, je suis à l’aise avec le fait que nous avons des coûts de production plus bas qu’ailleurs sur la planète, que nous sommes dans un pays économiquement et politiquement stable», rassure-t-il.
«L’hiver s’en vient. On en a connu d’autres par le passé. Si tu mets ta tuque et tes bottes, ça va bien aller», conclut-il.
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