Pessamit et Tadoussac travaillent ensemble

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 22 novembre 2022
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Des Innus de Pessamit ont visité l’Hôtel Tadoussac en avril dans le cadre du projet Mamu Atussetau (travaillons ensemble). Photo : Courtoisie

La pénurie de main-d’œuvre n’est plus un secret pour personne. La Municipalité de Tadoussac et l’Aide au revenu, Emploi et Formation (AREF) de Pessamit ont allié leurs forces afin d’apporter du soutien aux entrepreneurs de Tadoussac et, par le fait même, d’octroyer un emploi à une vingtaine d’Innus de Pessamit bénéficiant de l’aide au revenu.

Le projet Mamu Atussetau (travaillons ensemble) en sera à sa troisième édition. Il est né d’une réflexion amorcée par la Table de concertation de la main-d’œuvre de Tadoussac en 2018.

« Il y avait des ateliers avec beaucoup d’intervenants et une idée est sortie pour utiliser les ressources disponibles à Pessamit et créer un beau projet ensemble », raconte Simon Godin-Bilodeau, coordonnateur du développement socio-économique, tourisme et culture à la Municipalité de Tadoussac.

En janvier 2020, les discussions entre les trois partenaires, soit Services Québec, la Municipalité de Tadoussac et l’AREF de Pessamit sont devenues plus concrètes.

La pandémie a retardé un peu le projet, qui a finalement vu le jour à l’été 2021.

« Pour la première édition, il y a eu une vingtaine de travailleurs de Pessamit qui ont participé. Ils sont venus habiter à Tadoussac tout l’été pour travailler au sein des entreprises inscrites. Ç’a été concluant. L’expérience a été appréciée tant pour les entrepreneurs que les employés », résume M. Godin-Bilodeau.

L’an dernier, une vingtaine de participants ont encore une fois pris part à l’initiative novatrice, « certains de l’année précédente, mais surtout de nouveaux visages », selon le coordonnateur.

Pour la troisième saison, à l’été 2023, les responsables espèrent attirer un bon nombre de travailleurs et d’entreprises. Une rencontre a d’ailleurs été organisée le 16 novembre à Tadoussac pour expliquer les modalités et le calendrier du projet.

Ateliers de préparation

Avant d’être lancés dans l’aventure, les participants sont bien accompagnés par les partenaires.

« On offre des ateliers de préparation à l’emploi. Les entreprises sont mobilisées pour préparer leurs offres d’emploi et les travailleurs reçoivent de l’aide pour la préparation de leur dossier de candidature », explique Simon Godin-Bilodeau.

Par la suite, des visites en entreprise à Tadoussac sont organisées pour que les futurs employés puissent bien faire leur choix de l’endroit pour lequel ils veulent œuvrer.

« On passe 30 minutes chez chacune. Ça permet aux participants de mieux connaître à quoi s’attendre et de savoir quels sont les emplois », poursuit l’employé municipal.

Du côté de l’AREF, on prépare les postulants à leur entrevue d’embauche et une aide financière peut aussi être octroyée « pour encourager les gens à participer », indique Myriam Bacon, responsable Emploi et Formation, au secteur AREF du Conseil des Innus de Pessamit.

« Nous avons reçu une subvention du Fonds québécois d’initiatives sociales pour payer le loyer et le transport des participants. Ceux qui sortent de l’aide au revenu ont le droit à une aide financière s’ils sont placés en emploi depuis deux mois. On accote cette aide-là », dévoile-t-elle.

Un atelier de sécurisation culturelle fait également partie du processus « pour mieux sensibiliser sur les dynamiques interculturelles », dit Simon Godin-Bilodeau.

« Par exemple, nous, s’il y a un malade ou un décès au sein de la famille, nous n’irons pas travailler sous aucune considération. La famille, c’est très important dans notre culture », illustre Mme Bacon.

Les jumelages sont concrétisés à la fin ou début juin et une agente de liaison de Pessamit s’assure de suivre les participants afin que tout se déroule correctement.

La période de travail prend fin en octobre, selon les emplois, qui sont surtout dans le domaine touristique (restaurant, hôtel, camping).

De bons résultats

Jusqu’à maintenant, le projet Mamu Atussetau a donné de bons résultats satisfaisants de toute part.

« Les Innus sont satisfaits. C’est surtout des jeunes de moins de 30 ans, alors ils sont heureux d’aller travailler dans le bel endroit qu’est Tadoussac. Il y a même un qui a trouvé une petite amie et qui a décidé de s’y établir », souligne Myriam Bacon qui croyait beaucoup au projet et qui espère qu’il fera des petits.

Quant à M. Godin-Bilodeau, il est confiant que l’initiative existera à long terme. « C’est un super beau travail de concertation. On s’attend à faire plusieurs saisons encore puisque le problème de main-d’œuvre est criant et il y a une réelle volonté d’insertion professionnelle de Pessamit. »

L’AREF travaille en collaboration avec d’autres organisations pour mettre en place des projets semblables. Un partenariat avec le marché IGA de Baie-Comeau a été enclenché, mais il n’a pas tenu.

« Les gens devaient voyager soir et matin à Baie-Comeau, alors c’était moins apprécié. Les familles veulent voir leurs enfants puisque culturellement, c’est important », divulgue Myriam Bacon.

Une autre initiative est en création avec la Chambre de commerce et d’industrie de Manicouagan, mais elle est sur la glace pour le moment, faute d’employés chez l’organisme.

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